jeudi 10 juillet 2008

Parfums de Virilité


Dans la construction du Jones il y a 36 ans, quand est venu le temps d’assembler les morceaux la virilité étais en rupture de stock.

Je fus élevé avec deux filles dans une rue principalement composée de filles et avec principalement des cousines aussi.

Ceci m’a fait rêver d’avoir un frère toute ma vie et m’a fait rechercher les amis masculins durant mon adolescence puisqu’ils se faisaient si rares dans mon entourage direct.

Reste que le côté viril de ma personne ne s’est jamais vraiment déployé. A un point tel que même mon corps est très peu poilu. Je me suis fait la barbe pour la première fois à 18 ans et la plupart des gens croient que je me rase les bras et les jambes.

Je m’amuse donc beaucoup des manifestations de virilité puisqu’en général je les connais peu. N’ayant jamais eu à me frotter à un frère pour défendre un territoire ou simplement me faire honneur je reste en général très indifférent aux pointes d’orgueil masculines. Il y a plusieurs années un ami à moi avec qui j’avais terminé de travailler en soirée m’avait invité du pied de son accélérateur à courser contre lui à la lumière quand nous étions côte à côte en voiture. Défi que je n’avais pas relevé bien entendu et que je ne relèverai jamais de par son crétinisme absolu. Le lendemain je l’avais traité de jeune nul et avait plus tard compris l’origine de ce type de comportement douteux : son frère ; plus jeune mais beaucoup plus grand que lui et bâtit comme un ours. Toute sa vie il avait probablement eu à installer les piquets de sa virilité à même son foyer familial ne serais-ce que pour prouver que son droit d’ainesse n’avait rien d’un signe de faiblesse . Ça ne justifiait en rien son comportement immature au volant mais ça l’expliquait un peu du moins.

On retrouve généralement des exagérations de manifestations viriles chez les hommes de petite taille. Comme pour contrebalancer quelque chose qui les rendrait moins masculin. J’ai aussi travaillé avec des hommes qui ont senti le besoin d’exposer beaucoup de virilité tout juste avant d’avouer…être gai. Comme un dernier élan de masculinisme avant de sortir du placard. Si jamais ils finissaient par en sortir. Regarder de quoi avait l’air George Micheal avant d’ avouer qu’il jouait pour l’autre équipe.

Le romancier américain Norman Mailer (homme physiquement très petit) m’a toujours amusé de par son total investissement dans l’exposition de son côté viril. Il en était si pathétique que j’ai longtemps cru qu’il était gai. Il me semblait que tous les ingrédients y étaient. Il était un inconditionnel de la boxe, habitait Cape Cod et a même écrit un livre au titre excessivement risible mais qui se prenait très au sérieux Tough Guys Don’t Dance. Il y croyait tant à ce livre qu’il en a aussi assuré l’adaptation et la réalisation cinématographique mettant en vedette Ryan O’Neal.

Grand admirateur de Jean-Luc Godard il a aussi tenté de faire du cinéma expérimental et un ami m’a envoyé hier un merveilleux clip le mettant en vedette en 1968. Dans ce clip Rip Torn qui devait se battre avec lui dans une scène a pris son rôle un peu trop au sérieux en lui assénant un coup de marteau sur la tête et en le rossant tout simplement pour vrai.
http://www.youtube.com/watch?v=1ZO4B4cLf3U

Ce splendide extrait visuel et sonore mélange fiction et réalité à la perfection alors que Rip Torn reste dans la peau de son personnage pratiquement toute la scène alors que Mailer ne joue absolument pas et ne fait que se défendre. Ce qu’il expose surtout c’est sa totale soumission à l’expression de sa virilité. Quand sa femme paniquée lui indique qu’il est blessé non seulement il beugle qu’il ne l’est pas comme un enfant qu’on aurait surpris en plein mensonge mais en plus il en rajoute avec l’une des phrases les plus enfantines jamais entendues « He’s hurt more than me ! ».
Depuis la ligne « I loved her first » dans le film Manhattan de Woody Allen j’avais rarement entendu quelque chose de plus juvénile venant de la bouche d’un adulte. Dans Manhattan toutefois il s’agissait de fiction. On peut voir dans ce clip qui dégénère Mailer qui entoure de ses deux bras ses enfants et on peut l’entendre répéter deux fois « in front of my kids ». Manger une volée devant ses enfants ça pique l’orgueil. On l’entends aussi clamer avec véhémence « I’m perfectly all right » repoussant l’idée d’une ambulance peu de temps avant de hurler « get off of me ! » menaçant Torn du poing tout en bedaine. Il lui assure même qu’il se vengera ce qui prouve qu’au-delà du fait qu’un acteur visiblement intoxiqué ai besoin d’encadrement, venger son humiliation reste capital.

Je reste toujours fasciné par le cocktail orgueil/virilité.
Si le premier ingrédient me colle à la peau, le second est pratiquement absent de ma vie.

La meilleure façon de l’exprimer pour moi j’imagine reste la nuit sous les draps.
Et c’est justement aujourd’hui il y a 9 ans qu’a abouti le résultat du plus élégant geste de virilité jamais inventé entre un homme et une femme.

Bonne fête beau ti-cul.
Tu as changé ma vie et fais de moi un homme meilleur.
Papa t’aime.
XXX

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