jeudi 1 mai 2008

L'Enfant Sacré du Tibet




Dans mon travail d'acheteur, trois jours par mois je suis assailli/écrasé/étouffé par les commandes quii atterrissent sur mon bureau dans le désordre et l'anarchie la plus complète. Quand on rencontre les représentants duquel arrive ses commandes on comprend que le fouillis de leur regard est représentatif de leur manque de rigueur et d'organisation généralisé.
Comme je suis tout le contraire, c'est-à-dire organisé, discipliné et rigoureux les vents contraires provoquent bien souvent des tonnerres qui me place dans un état de perpétuelle colère.
Incapable de jouer au préfet de discipline et conscient que notre business plante aussi rapidement que Nathalie Simard se pousse, j'accepte des commandes en retard, passé les heures de tombées. Par bienveillance mais surtout par souci de voir la compagnie remonter la pente meme si déjà il est assuré que nous ne ferons pas de profit dans mon département avant 2011. En acceptant les commandes en retard j'ai ouvert une dangereuse porte et en quelque sorte ai nourri le monstre. Souvent ça a marché et nos usines ont accepté de produire notre matériel dans des délais raisonnables. Donc du point de vue du représentant il est légitme de "s'essayer" à chaque fois. Mais plus souvent qu'autrement les usines ont dit non mais surtout plus souvent qu'autrement nos représentants ont pris la vilaine habitude de venir directement me voir à mon bureau puisque je suis le lien direct avec les usines.
"The real deal" comme ils se plaisent à me flatter dans le sens du poil.
Toutefois dans la charte organisationelle le processus devrait être le suivant: Représentant a une vente va vers notre agent de service à la clientèle qui rentre la commande dans le système. Acheteur (moi) imprime un lourd rapport de plus 800 pages le lundi suivant le deadline et achète ce que le rapport lui indique d'acheter(ce que le service à la clientèle a entré dans le système la semaine précédente). Trois jours de folie totale compliqués par le passage quotidien de représentants perdus, confus, incertains de leur commande ou simplement pleins de promesses de commande à être livrée...en retard... Comme ils sont mal organisés et perpétuellement inquiets souvent ils placent leur commande dans les mains de l'agent du service à la cientèle et pour être certain qu'on l'achète vraiment, viennent AUSSI me voir pour me demander d'acheter tel style. A ce moment je suis généralement au coeur de la tempête et n'ai pas le temps de repérer au travers de mes 800 pages ou se trouve le style en question...je finis par acheter ce qu'on me dit d'acheter, le service a la clientèle fait malheuresuement de même puisque notre (minable) système permet en certaines occasions au service à la clientèle de faire passer les commandes directement aux usines. Pour faire une longue histoire courte arrive ici la gérante de produit qui réalise qu'on a acheté des produits en double et qu'on ne pourra pas vendre tout ça. Mais à ce moment il est trop tard pour annuler nos commandes auprès des usines et on reste pris avec le surplus de matériel...et tout le monde pête les plombs. Moi le premier, retombant dans cet état de perpétuelle colère duquel souvent je sors souvent tout juste à peine.
Alors voilà qu'il a été décidé depuis peu qu'il est "interdit d'aller voir Jones". Réalisant la surcharge de travail sous laquelle je croule quelqu'un a même suggéré que je travaille dans une bulle (pas fou-avec frigo pour la bière s'il-vous-plait).
Je suis donc devenu l'enfant sacré du Tibet. On me salut de loin, sourire en coin. On m'a même physiquement placé dans un endroit plus difficile d'accès. On s'excuse de venir me parler, On commence même souvent des phrases à mon endroit qui se transforment ainsi:
"Hey Jones do you think we could...er...forget it...I'm not suppose to talk to you..."

Ce qu'il faut savoir aussi c'est que les employés fuient le navire qui prend l'eau et qu'avec mes trois "titanesque" années d'expérience(et de folie) je fais figure de vétéran dans ce Vietnam.

Alors voilà que dans cette entreprise de 400 têtes, je suis devenu "celui à qui il ne faut pas parler".

Ridicule. Je me sens isolé comme l'arbre sur la photo plus haut. Et a la fois comme cette idole que l'on surprotege sur l'autre photo. Étrange feeling.

Deux représentants avec qui je joue au hockey le matin ne me font même plus de passes devant le filet..

Si j'étais payé au nombre de soupirs et au nombre de sacres lachés au boulot je serais multimilionnaire.

Tenez il y a un rep un peu tache ici qui signe toujours ses courriels par des phrases imbuvables comme:

"it's not the top of the mountain but the journey to get there"
ou
"Your'e reponsible for what you do but mainly for what you don't do"

et maintenant:
"Our lives are not determined by what happens to us but by how we react to what happens, not by what life brings to us, but by the attitude we bring to life. A positive attitude causes a chain reaction of positive thoughts, events, and outcomes. It is a catalyst, a spark that creates extraordinary results".

(...)

K
Liss

J'ai envie de lui envoyer un courriel signé:

" A man takes a decanter, brings hit to the fountain, breaks it on a rep's head, drowns the man and never forgets he was always late with his orders and utterly annoying in every way. A rainbow was then born."
Mais je ne le ferai pas car je ne suis pas supposé leur parler a eux...
Ca parais tu que je suis frais sorti de mes trois jours de folie totale du mois ?




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