"Sacrer vous-le donc dans le cul vot'ostie d'show" ont été les mots de Paul Buissonneau il y a quarante ans vis-a vis un trio de jeunes arrogants qui tournait en dérision le spectacle qu'il leur proposait de monter.
Le plus frisé des trois jeunes indisciplinés dira:
"kin on l'a le nom de notre show"
1968. La Tchécoslovaquie vit son printemps libérateur en introduisant un socialisme au visage humain. La France vit une révolte étudiante sociale, culturelle et politique suite a une greve générale qui paralyse tout le pays. Martin Luther King est assassiné le 4 avril et Robert Kennedy mourra deux mois plus tard. C'est une année de grands bouleversements a travers le monde.
Le Québec vit lui aussi sa propre révolution culturelle au même moment. "Les Belles Soeurs" font un malheur au Théatre de Quat'sous qui devient bientot trop petit avec ses 159 places. On choisit donc de déménager la production de Michel Tremblay du Quat'Sous là où on peut contenir plus. Un trou de deux mois dans la production du théatre doit donc etre comblé rapidement.
Yvon Deschamps co-propriétaire du Quat'Sous avec Paul Buissonneau est mandaté par ce dernier de monter un spectacle pour meubler le vide. "ramasse ta gang" lui dit Buissonneau qui lui suggère une comédie musicale du style "Les Parapluies De Cherbourg" film qui a connu un énorme succès 4 ans auparavant. Ca s'appellerait "Les Parapluies de Sherbrooke". Deschamps, qui a recruté Robert Charlebois et Louise Forestier n'est pas terriblement enchanté par cette idée et Charlebois et Forestier sont en pleine exploration musicale d'ou naitra lr giga-succès "Lindbergh". Charlebois qui avait commencé une carriere de chansonnier tout à fait classique dans la lignée des Felix Leclerc est en pleine ébulition artistique et se prépare a donner un grand coup de barre dans son style jusqu'alors plutôt traditionel. Deschamps, toujours un peu brouillon au niveau organisationnel, ne veut pas d'un show conventionnel non plus et Forestier est prête a tout car elle débute dans le métier. Les grands esprits se rencontrent.
L'Ostie d'Show nait donc dans l'improvisation la plus totale et un moment charnière se créé .
Il s'agira d'un spectacle semi-musical ou les monologues de Deschamps, les sketchs et les tours de chant de Louise Forestier et Robert Charlebois se cotoieront dans le joual qui prend d'assaut le Québec suite aux "Belles-Soeurs" de Tremblay.
Pour la premiere fois au Québec il y a rupture au plan esthétique, au plan langagier et au plan scénique. Avant l'Ostie d'Show la référence était Francaise, Européenne. Apres l'Ostie d'Show le Québec assume pleinement son coté Nord Américain non seulement au niveau de la langue mais au niveau de son identité aussi. Pour la premiere fois au Québec se mélangent jeunes bourgeois, jeunes chômeurs, jeunes contestataires dans le même public. On réussit a créer l'évenenement et ce malgré le scandale que le spectacle provoque en région. Car si le spectacle fait fureur a Montréal, en région (où les curés ont encore la main forte et parlent du "spectacle" sans jamais mentionner son nom diffamatoire) ce ne sont qu'une poignée de spectateurs qui assistent a l'Ostie d'Show. 4 spectateurs un soir en Abitibi!!!
Ce qui est remarquable c'est que ce spectacle marque un temps fort dans la révolution tranquille en réinventant le concept des "fridolinades" de Gratien Gélinas qui avait tant parlé a la génération précédente.
Les boomers se sont trouvé une identité à peu près là en 68.
Entre "Miss Pepsi", "Monsieur Plum" et "Fu Man Chu".
Ça c'est passé aujourd'hui il y a 40 ans alors que je n'étais qu'une pensée cochonne dans la tête de mon père.
Et c'est tout joliment raconté dans le détail dans un livre de Bruno Roy lancé aujourd'hui aux éditions XYZ sous le titre "l'Ostie d'Show ou le Désordre Libérateur" a l'heure exacte jour pour jour de la premiere du spectacle.
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