jeudi 15 mai 2008

Trois Garçons Imaginaires


In an instant I remembered everything.

65DaysOfStatics de Sheffield, Angleterre nous avait préparé le terrain avec un rock instrumental à la limite de la musique progressive, forte en crescendo. Croisement brut entre Sigur Ros et My Bloddy Valentine cette musique aurait pu être la trame sonore d'un film. D'un film de guerre avec ses muiltplies pétarades à la batterie(lourde) mais un film pareil.

Puis la grandiose ouverture de Plainsong des Cures. 1989 all over again. Rond Robert Smith, chauve Porl Thompson, énergique Simon Gallup qui se bougera avec une énergie qui fera oublier qu'ils sont tous maintenant à l'aube de la cinquantaine. Le trio à l'avant-plan ce sont trois des membres originaux de The Cure, trois ti-culs du Sud de l'Angeleterre qui en 1979 cachaient leur timidité au travers d'épaissses touffes de cheveux en nous rappellant à la fois que "les garçons ne pleurent pas" (mais peuvent se maquiller!). Cette timidité Robert Smith la trainera pendant plus de 2h30 communicant peu avec le public et lui tournant le dos entre chaque morceaux presqu'enchainés sans pause tel un album concept (35 titres!). Smith est toujours rond et reste envahi par une large touffe de cheveux. Rouge à lèvres posé tout croche tel un clown triste, c'est d'abord la voix qui frappe, voix qui n'a pas changé d'un iota. Dès les premières pièces il la met à dure épreuve et jamais elle ne flanchera restant haute et forte dans les cris de Never Enough comme dans le refrain de Hot Hot Hot. Lullaby rendra la foule hystérique avec son éclairage rappelant de longues pattes d'araignées assaillant le public. Moment extrèmement fort du spectacle. Autre moment qui a mis le feu à l'endroit l"enchainement consécutif de Lovesong, In Between Days et Just Like Heaven qui a fait spontanément lever les trentenaires (majoritaires) pour mieux danser dispersés dans les rangées. Impossible de ne pas plonger ses yeux sur la belle qui tape du pied à ses côtés sans fredonner I promise you, I promise that I"ll run away with you

C'étais d'ailleurs là autour de moi que le charme opérait le plus. Voir ses anciens adolescents devenus jeunes parents, jeunes professionnels, ronds d'un accouchement récent ou d'un régime moins équilibré. Ces trentenaires au front fuyant, au visage creusé par le stress de la vie d'adulte mais avec dans l'oeil l'étincelle de la fébrilité et dans l'oreille la trame sonore de leur 15 ans. Les voir se déhancher, malhabiles mais si heureux de communier à l'autel de l'éternelle jeunesse, celle d'un passé pas si lointain il me semble. L'aérosol en moins.

Sur le parterre de splendides silhouettes en ombres chinoises se dandinant sur Jumping Someone Else's Train ou A Forest. Ce soir on est redevenus ti-culs. Ce soir tout le monde à 15 ans. Ce soir tout ceux qui remplissent le Centre Bell (à moitié) sont mes amis.

Trois généreux rappels peut-être un quatrième mais y a fallu quitter sur Killing an Arab, titre de Camus qui rapelle malheureusement bien d'autres réalités en 2008. Il a fallu quitter car la gardienne jusqu'à minuit ça commence à être injuste pour elle. (Not 10:15 on a Saturday Night anymore mais plutôt midnight on a wednesday night, Let's go To Bed...)

Ce qui est juste pour nous toutefois c'est le rappel que nous avons un jour été jeunes, pleins de promesses et qu'au jour où nous remplissons (vraiment?) ces promesses il est encore possible d'aller mouiller nos lèvres et embrasser la fontaine d'inspiration qui a bercé nos 15 ans.
(I kiss you in the water and make you dry lips sing).

Merci Robert
Merci Simon
Merci Porl
Boys do cry
Visiting time is over, and so we walk away

Aucun commentaire: