samedi 26 janvier 2013

Périphéries

"Si vivre est un métier, alors je n'ai aucun don" -Jean-Louis Murat, Le Môme Éternel
J'ai terminé la délicieuse lecture du dernier livre d'Olivier Adam: Les Lisières.

Délicieuse n'est peut-être pas le bon mot. Je comprendrais quelqu'un qui trouverait la lecture de ce roman introspectif, cet état des lieux, ennuyeux. Mais, bien qu'à l'origine j'ai mis du temps à m'y mettre, craignant (à juste titre*) que le livre allait jouer trop près de certaines de mes réalités, j'ai dévoré les 250 dernières pages (de 454) en deux jours. La deuxième partie (de 3) visant le plus juste à mon avis.

Les Lisières raconte la désolation d'un auteur vivant une douloureuse séparation(Adam lui-même? Puisque plusieurs de ses narrateurs, d'un livre à l'autre, se prénomment Paul Steiner...) retournant dans la banlieue de sa jeunesse pour des raisons familiales, famille qu'il apprend à redécouvrir. Il redécouvre aussi avec effroi cette banlieue dans la foulée de la triste montée populaire de Marine Le Pen dans les intentions de votes lors des dernières legislatives françaises.

Certains passages traitant de notre soumission aux marchés, aux petits branleurs des agences de notation qui dictent leur loi aux politiques frappent dans le mille.
Des types qui manipulent des produits financiers à haut risque mettant des pays entiers sur la paille pour gagner des milliards et qui après demandent aux classes populaires et aux classes moyennes de faire des efforts pour résorber une crise dans laquelle elles n'ont aucune responsabilité; des banques qui ont été sauvées par l'État (au Japon encore, cette semaine), qui ont mis sur la paille ce même État avec leurs conneries et qui exigent maintenant de ce même État qu'il fasse des efforts et résorbe une dette dont elles sont la cause...

Des sujets comme ça trouvent échos partout dans le monde de 2013.

Le spleen d'Adam m'a beaucoup parlé. Ce qui m'a aussi frappé est le fossé générationnel qui en France comme ici, semble le même.

Ce qui m'amène aussi à vous jaser en parrallèle de Sue.

Suzanne Gagné, l'avocate de Martin Dumont, qui a fait dérailler la commission Charbonneau en début de semaine, testé la patience de la juge en chef, réussi à replacer ses wagons comme elle le souhaitait, contre vents et marées, et qui à réussi à se hisser à la barre des participants et à contre-interroger des témoins, a fait partie de mon entourage de 1988 à 1992.  On a fait du théâtre ensemble à l'école secondaire. Elle brillait à la mise-en-scène, jouait parfois, continuant ses aventures théâtrales au CEGEP. À partir de l'automne 1992, j'avais quitté le 418 et on se perdait de vue.

Déjà, elle avait cette tenacité, ce caractère de fonceuse, cet aplomb qu'on lui a reconnu cette semaine.  Je l'admirais pour cela à l'époque. Elle avait plus de couilles que bien des garçons. Je me souviens encore quand elle avait salué mon professionalisme lors des pratiques de théâtre. Je me rappelle de l'effet heureux que ceci avait eu sur ma personne (et sur mes performances par la suite). Adulte, je l'admirais encore plus car je la voyais travailler autour de Guy Bertrand. Je la connais trop bien pour ne pas penser qu'elle ravalait probablement un peu d'orgueil à travailler avec cette atroce bête de cirque.


Cette semaine, en faisant mon jogging chaque fois, j'ai lâché de vocaux "let's go Sue!" en la regardant tenir tête à la juge en chef qui perdait patience. Au bout du compte, elle a pratiquement obtenu tout ce qu'elle voulait encore. Malgré l'adversité de la juge Charbonneau qui finissait au bout du compte bien souvent par plier à ses doléances. Et mercredi c'était la victoire pour elle et son client.

Go girl, tu as réussis là où on échoue bien souvent avec les boomers.
Il faudra bien un jour que les enfants d'hier soient enfin traités comme les adultes qu'ils sont devenus.

Je salue à mon tour, son professionalisme. You still rock, Sue

Dans le livre d'Olivier Adam c'étiat 2011.
Avec Sue à la télé cette semaine c'était 1989.

1989 et 2011 se conjugent ensemble dans le livre d'Olivier Adam
Sue, pour sa part, m'a ramené en 1989.

Et c'était franchement cool.

*Les références culturelles, entre autre, pratiquement les mêmes que les miennes. Et ce sentiment de vivre dans la voie d'accotement.

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