vendredi 4 janvier 2013

Apesanteur Montagneuse

(Amorce de film d'horreur)

Cillian, journaliste, avait été envoyé afin de couvrir un festival de film mineur au Mexique.

Il savait que peu importe l'article qu'il rédigerait sur peu importe le film n'aurait certes pas fait la une du journal qui l'envoyait. Mais cette fois, alors qu'il se trouvait au Mexique, s'écrasait au même moment un avion dans la mer tout près du Mexique. Tout près de là où il était.

C'était sa chance. Même si il roulait dans une vieille bagnole qui menaçait à tout moment de tomber en panne, il était sur les lieux d'un potentiel gros drame international. C'était un vol en provenance des États-Unis, le nombre de morts et de disparus environnaient 200 ou 300, c'était potentiellement de la très grosse nouvelle. Il était sur les lieux, il sortait d'un visionnement de film soporifique, il avait eu le ok de ses patrons, il filait donc à vive allure dans les montagnes afin de pouvoir avoir un meilleur aperçu de la mer.

Tout en circulant, il imaginait les cadavres flottant dans le Pacifique. Il voyait la Une internationale. Il avait son appareil photo, si il réussissait à prendre de bonnes et saisisantes photos que son journal accepterait, il gagnerait alors double salaire, celui pour l'article et celui pour les photos. Juste ça, ça l'excitait assez pour peser très fort sur l'accélérateur. Mais le moteur de sa voiture menaçait toujours de le laisser tomber. Et Cillian levait alors le pied, ne serais-ce que pour ne pas tomber en panne. Cette idée sotte qu'il avait eu d'avoir choisi d'acheter une voiture usagée au lieu de louer. Mais la différence de prix était majeure. Un mois au Mexique, il n'allait tout de même pas faire du pouce.

On l'avait dirigé vers les montagnes pour avoir une meilleure perspective de la mer mais personne ne lui avait confirmé qu'un avion s'était écrasé dans les environs. Il avait tout juste entendu une seule fois aux nouvelles de la radio que la rumeur d'un écrasement d'avion dans les environs courait en ce moment. Cillian avait beau synthoniser une station qui lui parlerait de cet avion perdu en mer et de ses possibles nombreux morts, mais plus il montait dans les montagnes, plus il perdait le signal des ondes. Son téléphone intelligent faisait de même. Il choisissait de ne plus lui donner quoi que ce soit.

Après une heure de route en montagne, Cillian s'arrêta pour mieux prendre la mesure des lieux. Un paysan, probablement extrèmement pauvre de par les haillons qui l'habillaient, s'approcha du journaliste. Cillian ne parlait pas bien la langue locale mais ils semblèrent se comprendre. Cillian lui fit des signes d'avion, d'avion qui plante vers le sol et le vieil homme (ou étais-ce une femme?) avait complété par une simulation d'explosion et avait pointé dans la direction où il (elle?) semblait convaincu qu'un écrasement avait eu lieu.

Cillian embarqua dans sa voiture et fila là où la vieille chose avait pointé. Et si il se trompait cette vieille... merde? peu importe, si il/elle ne se trompait pas, Cillian allait avoir un scoop. Il ferait fortune. Et au pire, il reviendrait bredouille.

Roulant sur des routes primitives qu'on aurait de la misère à imaginer circulables, Cillian se rendit jusqu'à un village, maintenant bloqué par une horde d'individus, hommes, femmes et enfants, d'une laideur à la limite du répugnant. Soudainement Cillian se demandit si il n'aurait pas dû trainer une arme avec lui. Ces gens étaient laids et sales. On aurait dit un village qui n'avait jamais vu d'hommes ou de voiture...Se ferait-il manger?
Connerie.

Bouh! Qu'ils étaient laids, il tentit de leur demander des infos sur l'avion mais la barrière de la langue semblait encore plus grande. Cillian faisait les signes qu'auparavant et avec quelques simagrées, ils pointèrent presque tous spontanéement dans la même direction que le vieil homme auparavant l'avait fait.
Deux sources. Il n'en fallait pas plus pour que que Cilian fonce comme un bombe dans sa petite voiture. Rendu là où on lui avait dit, il sortit, appareil en main, mais s'aperçut aussitôt qu'on n'y voyait pas la mer du tout. IL AVAIT ÉTÉ LEURRÉ? Qu'est-ce que ça voulait dire tout ça? Un homme aux yeux atrrrrrrrrroces s'approcha de Cilian qui lui répéta le manège des signes d'avion qui s'écrase, cette fois il était exaspéré. L'homme pointa aussitôt vers le bas d'une montagne. NON! pensa Cillian puis...soudain...en regardant plus précisément, en pointant même avec son viseur, il aperçut une carcasse d'avion là où l'homme indiquait. Il y avait bien le squelette d'un avion démembré mais aucun déploiement de cadavres. La carlingue d'un avion, mais il était là depuis longtemps. Il n'avait rien de l'avion écrasé depuis peu. Et surtout pas de cadavres. Et vlan! pour la nouvelle internationale...Oui il y avait eu écrasement d'avion mais peut-être il y a 20 ans, 30 ans? 50 ans?

Déçu, Cilian paya l'homme car celui-ci semblait attendre quelque chose puis reprit la route qui l'avait fait rouler deux heures dans le beurre. Deux heures dans le leurre. Au village, la nuit allait maintenant tomber. Qui étaient ses gens si laids? On aurait dit des morts...

...puis cette même horde qui lui bloquait le passage...et sa voiture qui tombait tranquilement en panne...

...des morts?...cet avion dans les montagnes...

...les passagers?... 

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