dimanche 22 novembre 2009

Les otaries


Applaudir.

Voilà un geste que je comprends de moins en moins avec le temps.

Lorsque nous sommes atteris à Montréal il s'est encore trouvé quelques lutins du Père Noël pour applaudir. Qu'es-ce qui se passe vraiment dans la tête de ses gens? Ils entrent dans l'avion, se disent probablement "Voilà, nous allons mourir" et à l'atterissage se félicite d'être vivant et applaudissent leur sauveur.

Faut tu être né pour un petit pain ou quoi? Le pilote ne fait que son travail! M'applaudit-on quand j'arrête à la lumière rouge et qu'un piéton passe devant ma voiture?

Au Mexique, trois fois des serveurs ou des clients ont eu des mésaventures vaissellières et ont tout cassé en pleine heure de pointe. Les trois fois les têtes se sont tournées momentanément mais sans plus. Mais moi, dans ma petite caboche de Québécois, j'ai entendu les applaudissements, les applaudissements de chez nous quand ça arrive au Commensal ou au St-Hubert. Les applaudissements qui ne sont jamais venus au Mexique, ni ailleurs. Chez nous ces applaudissements se traduisent par "HAHA! GROS CAVE!!!".

Applaudir de nos jours ne veut presque plus rien dire. Surtout avec cette télé qui les règles au quart de tour. Ici, applaudissez, ici riez, ici soyez tous d'accord avec cette litanie (pour Tout le Monde en Parle) etc.

L'autre soir à David Letterman on a applaudi quand Letterman a commencé avec "...You know that no players from the New York Nets came to our show for the last three years..." et la foule s'est spontanément mise à applaudir. Comme un déréglement des fils des cerveaux de la foule. Letterman, le premier surpris de l'incompréhensible réaction du public a tout de suite enchainé avec un visage incertain par "...and then you wonder they don't come to our show..." ce qui a fait rire tout le monde.

Applaudir me survient personellement de manière spontanée quand quelque chose m'étonne, me ravi, me flabergaste.

Quand j'entends une bonne blague, quand une scène de film me jette à terre, quand une réaction est particulièrement agréable. J'appaludis quelques fois quand je regarde Marc Labrèche, Infoman où les frères Marxx. Quand je vois mon fils m'épater sur une glace de hockey. Tiens la dernière fois que j'ai applaudis spontanément c'est quand la bibliothèque m'a appellé pour me dire que la saison de The Wire III était arrivée à mon nom.

Voilà de bonnes raisons de s'exciter la main.

Mais parce que l'avion s'est posé sur la piste? Sorry j'ai pas ce fataliste en moi.

D'autant plus que les applaudissement deviennent de plus en plus complaisant. À l'émission VJ Recherché de Musique Plus, les candidats applaudis par le public s'applaudissent eux aussi mais comme ils ont tous un micro en main ils se frappent sur l'avant-bras.

Personellement je trouve ça indécent de complaisance.

Mais bon, je vais survivre.

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