mercredi 25 novembre 2009

Coin Berri/Cherrier


Trois fois en trois jours j'ai eu à marcher au coin de Berri & Cherrier.

Le coin de rue tout près du métro Sherbrooke, tout juste au haut de la côte assassine en rollerblade. J'avais l'habitude de la faire cette côte en pâtin à roues alignées sans conséquences graves. J'étais beaucoup plus éfilé à cette époque. J'aime beaucoup cette côte abrupte qui mène de Sherbrooke à Ontario car elle donne l'impression de plonger dans le coeur de la ville. Elle est de plus surplombée sur la pente Ouest du bloc à condo ironiquement appellé le 450. En plein coeur du 514. Un bloc que la plupart trouverais laid je crois mais que personellement j'habiterais sans problêmes. Quelle vue du centre-ville on doit avoir de là-haut! et y habiter on est près de tout.

La côte entre Sherbrooke et Ontario est présentement condamnée par des travaux de construction dans la rue. Ça ne m'a pas empêché de la prendre à pied pareil.

Lundi, rendu au haut de la côte coin Berri/Cherrier j'écoutais mon Ipod en me sentant léger. Je me sens toujours léger quand je marche en ville. Je respire. Je sens que je mesure 7 pieds 7.

Toutefois ce lundi un jeune homme au coin de la rue avait l'air désemparé. Il avait sous son palteau un costume de cuisinier. Visiblement c'était un étudiant de l'école de cuisine dans le building en face du carré St-Louis. Quand je suis arrivé à sa hauteur il a lancé avec très peu de conviction un simple "calisse". Comme mes parents m'ont appelé "petit tabarnak" toute ma jeunesse, je me suis presque senti interpellé. "Quoi?" ai-je demandé. "Je vas être en retard" a-t-il dit. Toujours sans conviction. C'est vrai que la lumière l'empêchait de traverser le carrefour mais il avait l'air si inerte de toute façon. Il aurait été en retard n'importe où. peut-être même dans sa tête.

Mardi, même coin de rue, un homme traverse en sens inverse de là où le cuisinier voulait se rendre la veille. J'écoute toujours mon Ipod, me sentant léger. Je me sens toujours léger quand je marche en ville. Je respire. Je sens que je mesure 7 pieds 7 quand soudainement, cet homme qui à l'air tout simple, 40/45 ans, valise et veston... perds son pantalon! Il lui tombe dans les genoux tout simplement. Je ne suis pas certain d'avoir bien vu, je ne peux m'empêcher de freiner un large sourire. Comme il vente beaucoup l'homme a une main sur sa valise et l'autre sur son couvre-chef, ce qui fait à nouveau tomber son pantalon jusqu'aux chevilles cette fois. Pas de doute je suis atteri en plein milieu d'un America Funniest Video. Coin Berri/Cherrier. J'ai pouffé d'un grand rire alors que ma propre tête devait être assez drôle à voir elle-même je n'avais plus de mêche de cheveux devant les yeux. Ceci voulait donc dire qu'il ventait en diable et que j'avais les cheveux en bataille.

Un lion hilare. Coin Berri/Cherrier.

Puis plus tôt aujourd'hui, en me rendant downtown, Ipod en l'oreille, léger, 7 pieds 7, je croise toujours au même endroit un homme dans la quarantaine. Un homme qui se voudrait femme. Il a un large chapeau rose très féminin, de grandes boucles d'oreilles roses aussi et remarquables à bonne distance et les pieds dans des talons hauts. Tout le reste très très masculin, même une barbe de deux/trois jours. Comme si il n'avait pas pleinement assumé son travestisme. Ou au contraire comme si il voulait nous dire à tous "regardez! je suis un Homme mais je m'habille en Femme!". Ce mal d'amour dans ma région natale serait le "talk of the town" pour six mois. Coin Berri & Cherrier ça fait parti du décor. Travesti botché, coin Berri/Cherrier.

Les trois jours, en poursuivant ma marche passé les drôles d'oiseaux, j'ai longé ma rue préférée: St-André.

J'ai pris une décision. Sur mon testament je ferai écrire qu'à ma mort je voudrais être incinéré puis saupoudré sur cette rue.

Pour pouvoir continuer à épier les plus belles femmes du monde une fois que je serai devenu poussière sur une branche effeuillée de la rue St-André.

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