Ces temps-ci il y a deux pubs télés en ondes qui ont la meme amorce.
Une pub de voiture et une pub et une pub de la SAAQ.
Une pub de voiture et une pub et une pub de la SAAQ.
Un homme circule en voiture sur la route. Il est plongé dans ses pensées, donc pas nécessairement concentré sur sa trajectoire. Dans les deux pubs les conducteurs semblent tres zen. L'une des deux pubs nous montre l'homme sortant de ses pensées tout en restant tres confortable au volant. La seconde nous montre le conducteur tuant un piéton. Deux fois la meme amorce, deux conclusions différentes.
Sortir d'un film de David Lynch c'est pas mal ca. Certains seront tres zen, d'autre seront morts d'ennui. Je suis de la premiere catégorie. De la catégorie de ceux qui en reste marqué a jamais. Chaque nouveau film de David Lynch est une nouvelle expérience en soi. C'est comme naviguer suspendu dans le reve d'un autre l'espace d'un film. Il ne faut pas chercher a rationaliser ce qui se déroule sous nos yeux ni chercher a établir des liens trop clair entre chaque scenes, voire chaque personnage, chaque réplique. Il faut s'attendre a une chorégraphie inexplicable en plein milieu de film; il faut s'attendre a des comédiens qui jouent mal parce que choisit de toute facon pour ce que leur visage évoque et non pour ce qu'ils peuvent jouer. Il faut s'attendre aussi a toute une série de personnages qui n'auront pas de nom ou qui ne nous seront jamais présenté.
Il y a tout ca dans Inland Empire.
Tout comme il y a la ponctuelle dualité blonde/brunette, les récurentes teintes de rouge et de noir, les constants parralleles Hollywood/putain qui peuplent perpétuellement l'oeuvre du brillant cinéaste Américain. C'est merveilleux d'avoir un cinéaste capable de nous amener toujours en territoire étranger. Ou sommes-nous quand nous regardons un homme et deux femmes avec des tetes de lapins qui répondent au téléphone, entendent une voix terrorisée aussitot suivie de rires d'un public de sitcom?
Plus d'une fois le spectateur moyen aura l'impression d'etre atterri dans un nouveau film. Plus d'une fois le meme personnage semblera emprunter des personalités multiples. Multiples directions toujours plus désorientées pour le spectateur habitué a la narration linéaire.
La trame sonore passe des années 50 au trash des années 2000 mais glisse surtout du langoureux et dangereusement atmosphérique au terriffiant et angoissant.
L'Empire Intérieur n'est jamais rassurant.
On se surprend a avoir peur pour des personnages que l'on connait a peine. Une réplique glauque du genre "She had a sister with just one leg, she had a kind of carstick for the other leg, she killed three kids from 1st grade..." font tout a fait parti du décor. Décor, noir, sale et glauque justement. Rien d'étonnant alors dans une scene ou une conversation banale se tient entre sans abris pendant qu'une femme meurt en se vidant de son sang entre les deux.
Lynch film des scenes qui nous hantent habité par des personnages de femmes-enfants, de brutes scandinaves, de mafiosis, de vieilles fripouilles et de jeunes biches aux seins refaits. C'est l'entourage de Fellini réinventé. Un Fellini Américain.
C'est de l'art a l'état brut. Donc ouvert a de multiples interprétations.
C'est le cinéma que j'adore. Le cinéma de l'anti-confort. Celui auquel je m'attends, celui qui me fera basculer et me parachutera dans un ailleurs inexploré. Celui qui me fera vraiment voyager.
C'est le cinéma que j'adore. Le cinéma de l'anti-confort. Celui auquel je m'attends, celui qui me fera basculer et me parachutera dans un ailleurs inexploré. Celui qui me fera vraiment voyager.
Je hais tant le confort ca doit assurement etre la source de ma haine de ma banlieue et de ma piscine. Ca reste toutefois tout un luxe que de savourer des oeuvres aussi déstabilisantes dans un monde qui nous déstabilise quotidiennement de ses grossieretés.
Je n'ai aucune misere a comprendre que personne aux États-Unis n'ai envie de financer les films désarticulés de David Lynch. Encore moins de les distribuer. Ces oeuvres ne sont pas pour tout les publics. Tout comme le jazz peut etre agréable pour certains et un calever pour d'autres.
Mais Lynch nous assure d'un voyage en territoire inexploré chaque fois qu'il signe un film .
Un voyage pas comme en Grece ou a Paris mais comme au Tadjikistan ou au Togo.
Ces voyages la peuvent aussi etre mémorables.
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