Cela faisait une semaine que l’on me questionnait en me demandant “hey Jones tu feras parti du tournoi ? »
Il y avait un tournoi de basketball d’annoncé qui devait se dérouler dans l’entrepôt. 3 vs 3. Matchs de 21 avec ligne de trois pts.
Y a très certainement un gigon qui a lu quelque part qu’en temps de guerre, pour le moral des troupes ; quand l’entreprise suinte la défaite de toutes les pores de sa peau, on se doit de divertir l’équipage.
En Afghanistan on aurait eu quelques artistes ordinaires, un magicien cheap et le cul de Marie-Chantal Toupin. Ici c’est un tournoi de basket.
Comme je n’appartiens pas vraiment à la « famille » du boulot je n’ai pas l’habitude de participer aux activités de la compagnie. Je sens que ça pourrait laisser croire que je me plais entre ces murs. De plus qu’est-ce que je connais au basket ? On a deux anciens pros ici des ligues collégiales Américaines, deux géants. Z’ont même les noms qui viennent avec : Wendell Gavin & Reggie Hunter.
Ce sont déjà « collusionnés » pour ne pas avoir à se rencontrer avant la finale.
Ce sera l’équipe de l’un vs l’équipe de l’autre de toute façon tout est tracé d’avance.
Hunter vient me voir dans le cadre de mon travail sur un sujet fort compliqué qui déprime tout le monde avant de même de déprimer le client qui ne sait pas encore que son matériel ne sera jamais prêt à temps. Tout le monde y perdra une fortune là-dedans. Le nom de la compagnie sera sali à nouveau. On coule. Déprimant vraiment. Je demande à Hunter si son équipe est prête pour le tournoi question d’alléger l’air trop lourd.
« ‘Nous manque un joueur » me dit-il « tu joues ? » se ranime-t-il soudain dans le même souffle intéressé.
« Ben euh… J’ai eu un loop toute ma vie dans l’entrée chez mes parents… »
« Donc tu sais faire des paniers le reste viendra tout seul YOU'RE IN ! » me dit–il ragaillardi.
Pourquoi suis-je si bon ? Et si con à la fois ? Pas dans le sens de bon au basket mais bon avec les Hommes? Et con dans le sens de con?
Afin d’inconsciemment palier au désenchantement commun de la situation de travail abominablement insupportable j’ai accepté d’être de l’équipe de Hunter pour le tournoi de basket. Pfff !! Quelle connerie.
Le jour du tournoi je me présente de mes 5’10 en tant que nain officiel du trio. Un lutin chez les gratte-ciel (6’1, 6’6, 5’10).
« Où sont tes souliers de baskets ? »
« Ben…J’en ai pas mais… ce sont des espadrilles… »
Je vois le doute commencer à s’installer dans les yeux des deux géants devant moi. « On va s’adjoindre Billie Branigan juste au cas où…au cas où ca chierais tout ça… vous ferez la rotation à mi-match»
On questionne mon jugement et s’adjoint les services d’une fille de 6’2 juste au cas où mes shoeclaks me méritent des claques.
Ça se passe bien pour premier le match où on crème de sympathiques lourdauds 21-4. Mon incapacité à jouer convenablement et à comprendre les nuances et les stratégies d’un match de basket se noient dans l’action. Tirer des ballons dans mon entrée tout seul et sans opposition ne m’a pas appris grand-chose de la « finesse » du basket. Branigan n’est pas tellement meilleure que moi de toute façon sauf qu’elle elle a l’excuse misogyne « d’être une fille ».
Dans le second match mes défauts paraissent un peu plus. Le jeu est pas mal plus intense et les gars de la comptabilité que je connais pas mal tous bien commencent à le prendre personnel. Surtout quand même moi, je marque un panier. Les blagues deviennent des insultes pleines de demies-vérités. Les coups de coudes ne sont plus 100% innocents ni même suivi d’un « pardon ». Ce sera mon seul panier du tournoi. On les battra 21-13.
Le troisième match me complique l’existence. Le gagnant de ce match se rendra en finale. La plupart des clubs éliminés végètent autour pour nous regarder jouer. Il est presque midi et il y a maintenant presque 200 spectateurs pour assister à nos matchs. Même les fumeurs ont bifurqués vers l’entrepôt question d’étirer leur break. Nous jouons contre des latinos de l’entrepôt. Des gars qui ne parlent ni français ni anglais qui rugissent et qui grognent. Surtout des gars qui haïssent pour tuer les gars du bureau comme moi et mon équipe. On est l’establishment de ses cols bleus. Ceux qu’ils faillent non pas vaincre mais dominer, voire humilier pour le salut des gars de l’entrepôt. Pour que la bière goûte meilleure en fin de journée.
On réussit à les battre difficilement 21-17. Surtout aussi parce que Hunter m’a presque poussé hors du terrain pour faire entrer Branigan à la mi-match. De toute façon c’est Hunter et notre autre comparse qui font tous les points.
Il y avait un tournoi de basketball d’annoncé qui devait se dérouler dans l’entrepôt. 3 vs 3. Matchs de 21 avec ligne de trois pts.
Y a très certainement un gigon qui a lu quelque part qu’en temps de guerre, pour le moral des troupes ; quand l’entreprise suinte la défaite de toutes les pores de sa peau, on se doit de divertir l’équipage.
En Afghanistan on aurait eu quelques artistes ordinaires, un magicien cheap et le cul de Marie-Chantal Toupin. Ici c’est un tournoi de basket.
Comme je n’appartiens pas vraiment à la « famille » du boulot je n’ai pas l’habitude de participer aux activités de la compagnie. Je sens que ça pourrait laisser croire que je me plais entre ces murs. De plus qu’est-ce que je connais au basket ? On a deux anciens pros ici des ligues collégiales Américaines, deux géants. Z’ont même les noms qui viennent avec : Wendell Gavin & Reggie Hunter.
Ce sont déjà « collusionnés » pour ne pas avoir à se rencontrer avant la finale.
Ce sera l’équipe de l’un vs l’équipe de l’autre de toute façon tout est tracé d’avance.
Hunter vient me voir dans le cadre de mon travail sur un sujet fort compliqué qui déprime tout le monde avant de même de déprimer le client qui ne sait pas encore que son matériel ne sera jamais prêt à temps. Tout le monde y perdra une fortune là-dedans. Le nom de la compagnie sera sali à nouveau. On coule. Déprimant vraiment. Je demande à Hunter si son équipe est prête pour le tournoi question d’alléger l’air trop lourd.
« ‘Nous manque un joueur » me dit-il « tu joues ? » se ranime-t-il soudain dans le même souffle intéressé.
« Ben euh… J’ai eu un loop toute ma vie dans l’entrée chez mes parents… »
« Donc tu sais faire des paniers le reste viendra tout seul YOU'RE IN ! » me dit–il ragaillardi.
Pourquoi suis-je si bon ? Et si con à la fois ? Pas dans le sens de bon au basket mais bon avec les Hommes? Et con dans le sens de con?
Afin d’inconsciemment palier au désenchantement commun de la situation de travail abominablement insupportable j’ai accepté d’être de l’équipe de Hunter pour le tournoi de basket. Pfff !! Quelle connerie.
Le jour du tournoi je me présente de mes 5’10 en tant que nain officiel du trio. Un lutin chez les gratte-ciel (6’1, 6’6, 5’10).
« Où sont tes souliers de baskets ? »
« Ben…J’en ai pas mais… ce sont des espadrilles… »
Je vois le doute commencer à s’installer dans les yeux des deux géants devant moi. « On va s’adjoindre Billie Branigan juste au cas où…au cas où ca chierais tout ça… vous ferez la rotation à mi-match»
On questionne mon jugement et s’adjoint les services d’une fille de 6’2 juste au cas où mes shoeclaks me méritent des claques.
Ça se passe bien pour premier le match où on crème de sympathiques lourdauds 21-4. Mon incapacité à jouer convenablement et à comprendre les nuances et les stratégies d’un match de basket se noient dans l’action. Tirer des ballons dans mon entrée tout seul et sans opposition ne m’a pas appris grand-chose de la « finesse » du basket. Branigan n’est pas tellement meilleure que moi de toute façon sauf qu’elle elle a l’excuse misogyne « d’être une fille ».
Dans le second match mes défauts paraissent un peu plus. Le jeu est pas mal plus intense et les gars de la comptabilité que je connais pas mal tous bien commencent à le prendre personnel. Surtout quand même moi, je marque un panier. Les blagues deviennent des insultes pleines de demies-vérités. Les coups de coudes ne sont plus 100% innocents ni même suivi d’un « pardon ». Ce sera mon seul panier du tournoi. On les battra 21-13.
Le troisième match me complique l’existence. Le gagnant de ce match se rendra en finale. La plupart des clubs éliminés végètent autour pour nous regarder jouer. Il est presque midi et il y a maintenant presque 200 spectateurs pour assister à nos matchs. Même les fumeurs ont bifurqués vers l’entrepôt question d’étirer leur break. Nous jouons contre des latinos de l’entrepôt. Des gars qui ne parlent ni français ni anglais qui rugissent et qui grognent. Surtout des gars qui haïssent pour tuer les gars du bureau comme moi et mon équipe. On est l’establishment de ses cols bleus. Ceux qu’ils faillent non pas vaincre mais dominer, voire humilier pour le salut des gars de l’entrepôt. Pour que la bière goûte meilleure en fin de journée.
On réussit à les battre difficilement 21-17. Surtout aussi parce que Hunter m’a presque poussé hors du terrain pour faire entrer Branigan à la mi-match. De toute façon c’est Hunter et notre autre comparse qui font tous les points.
La ligne directrice a été respectée, l’équipe de Reggie Hunter (la mienne) affrontera celle de Wendell Gavin en finale.
Ayant déjà fait suffisamment de dommage à mon club la stratégie nouvelle sera de commencer avec Billie Branigan à ma place et de changer à mi-match .« Au besoin » prend-t-on la peine de préciser. De toute façon j’ai mal à toute sorte de muscles dont j’ignorais l’existence et je me dois de trouver la fontaine qui pisse de mon front. C’est insupportable ces rivières qui perlent de mon crâne. C’est comme jouer au basket dans le creux d’une piscine. Je prends le temps de jauger la foule massée autour. Doit bien y avoir 300 personnes maintenant. Ce sont les 3/4 de l’entreprise. Y a le président de la compagnie, le #2 et le #3 aussi. Y a tout l’entrepôt mais il y a surtout la douzaine de belles filles de la bâtisse éparpillées un peu partout –les vraies #1! De quoi aurais-je l’air à taper du ballon à deux mains ?
14-6 pour l’équipe de Gavin. Hunter ordonne que j’embarque d’une voix tonnant la rage de la vedette blessée et déchue (Hunter a 6 ans dans sa tête).
Je bondi sur le terrain incertain de la force de mon mollet. Après deux passes où je ne regardais pas au bon endroit et qui atterrissent dans le public médusé de la bévue, j’ai droit au « WAKE UP ! » hurlé et obligé de notre joueur de 6 ans. Je décide de redoubler d’ardeur dans mes efforts et y a quand même une douzaine de filles à peut-être impressionner. Ça vaut l’effort (j’ai alors moi-même 13 ans dans ma tête à ce moment)
Le ballon se dirige hors lignes Gavin se lance à sa poursuite de ses 6’7. Mes 5’10 donnent tout ce qu’ils peuvent, je lui colle au cul, j’aurai ce ballon…EN PLEINE BOUILLE !!! car Gavin le ramène en jeu et je le mange vraiment et franchement EN PLEINE POIRE !! accompagné d’un gros bruit de tonneau vide. Non seulement le ballon ressort hors lignes mais ceci provoque un froid et unanime « hoooooooooon » collectif suivi d’un silence entremêlé d’hilarité étouffée (surtout chez les gars de l’entrepôt).
Les belles ont les joues rosées ou la main sur la bouche. J’ai les yeux pleins d’eau et le nez bleu.
Ayant déjà fait suffisamment de dommage à mon club la stratégie nouvelle sera de commencer avec Billie Branigan à ma place et de changer à mi-match .« Au besoin » prend-t-on la peine de préciser. De toute façon j’ai mal à toute sorte de muscles dont j’ignorais l’existence et je me dois de trouver la fontaine qui pisse de mon front. C’est insupportable ces rivières qui perlent de mon crâne. C’est comme jouer au basket dans le creux d’une piscine. Je prends le temps de jauger la foule massée autour. Doit bien y avoir 300 personnes maintenant. Ce sont les 3/4 de l’entreprise. Y a le président de la compagnie, le #2 et le #3 aussi. Y a tout l’entrepôt mais il y a surtout la douzaine de belles filles de la bâtisse éparpillées un peu partout –les vraies #1! De quoi aurais-je l’air à taper du ballon à deux mains ?
14-6 pour l’équipe de Gavin. Hunter ordonne que j’embarque d’une voix tonnant la rage de la vedette blessée et déchue (Hunter a 6 ans dans sa tête).
Je bondi sur le terrain incertain de la force de mon mollet. Après deux passes où je ne regardais pas au bon endroit et qui atterrissent dans le public médusé de la bévue, j’ai droit au « WAKE UP ! » hurlé et obligé de notre joueur de 6 ans. Je décide de redoubler d’ardeur dans mes efforts et y a quand même une douzaine de filles à peut-être impressionner. Ça vaut l’effort (j’ai alors moi-même 13 ans dans ma tête à ce moment)
Le ballon se dirige hors lignes Gavin se lance à sa poursuite de ses 6’7. Mes 5’10 donnent tout ce qu’ils peuvent, je lui colle au cul, j’aurai ce ballon…EN PLEINE BOUILLE !!! car Gavin le ramène en jeu et je le mange vraiment et franchement EN PLEINE POIRE !! accompagné d’un gros bruit de tonneau vide. Non seulement le ballon ressort hors lignes mais ceci provoque un froid et unanime « hoooooooooon » collectif suivi d’un silence entremêlé d’hilarité étouffée (surtout chez les gars de l’entrepôt).
Les belles ont les joues rosées ou la main sur la bouche. J’ai les yeux pleins d’eau et le nez bleu.
On perd 21-10.
Prochain coup amenez-nous donc le cul de Marie-Chantal Toupin.
Prochain coup amenez-nous donc le cul de Marie-Chantal Toupin.
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