Hier soir ma fille jouait au soccer.
Elle a 5 ans.
A cet âge il y a presqu' autant de mamans sur le terrain qui tiennent la main de leur fille et qui finissent inévitablement par jouer du pied eux-même qu'il y a de joueuses. Tout le monde cours dans la même direction et si on y pense on botte la ballon dans le but. Peu importe à qui appartient le but (il n'y a pas de gardien). La plupart du temps il faut qu'un parent rattrape les jeunes qui ont passé tout droit et s'éloignent du terrain loin derrière le filet.
Je suis chanceux ma fille se fout complètement de moi et fonce tête première dans le lot de jeunes filles, sourire béat suspendu au visage. Elle a même assomée une des siennes hier d'une sévère mise en échec involontaire. Aucune assistance nécessaire (sinon à sa victime)je peux donc m'allonger pénard dans ma chaise et faire quelque chose qui m'est presqu'étranger: relaxer.
Hier j'ai défié les regards des 'soccer moms' qui m'auraient jugés de ne pas être à l'écoute de ma fille (elle se fout de ma présence je vous dit!!!) et j'ai glissé mes écouteurs de Ipod dans mes oreilles. Puisque ma fille m'amusait déjà beaucoup j'ai voulu écouté un spectacle de stand-up de Jerry Seinfeld. Par erreur j'ai cliqué sur "Jimmy Reed"
C'est là que le ciel c'est ouvert.
Vous savez quand le temps s'arrête, quand tous les astres s'enlignent, quand la chimie moléculaire est en parfaite conjonction avec tout ce qui vous entoure. Le coup de foudre quoi.
Ça m'étais arrivé pour Charlotte Gainsbourg et sa chanson The Operation qui avait commencé au moment même où j'entrais dans ma voiture après une très dure journée.
Ça m'étais arrivé aussi quand au premier jour de nos vacances en quittant avec la famille en Westfalia En arrivant aux lignes Américaines la première chanson entendue à la radio fût la dynamique et fort à propos Take Me Out de Franz Ferdinand. Ironiquement cette chanson avait aussi cloturé par pur hasard mes vacances au moment où je revenais au boulot (devais-je y comprendre un message alors?). Ça m'est arrivé aussi récemment avec un groupe nommé Bright Eyes, avec Interpol, avec la chanson Where I End and You Begin de Radiohead; Bref des moments de parfaite disposition auditive pour de parfaites atmosphères musicales.
Jimmy Reed c'est du blues très très vieille école. Du blues noir du fin fond de l'iilinois avec un passage au sud du Mississippi dans la misère américaine assurée par une grosse et ponctuelle bouteille de Jack Daniels. Du blues gratté sur une Stratocaster Vintage Fender dans une chaise berçante au coin d'une galerie de maison en bois défraichit. Très très années 50. Oeuvre créé à cette époque d'ailleurs On sent tout l'exutoire que devait représenter pour un afro-américain de tâter du manche de guitare face à l'opression raciale de l'époque. Encore plus dans les coups d'harmonica. Grands frissons auditifs.
Dans la même soirée j'ai vu un autre moment qui m'a beaucoup touché. Le "love pound" entre Barrack Obama et sa femme le soir de sa victoire démocrate.
Je me rapelle de Al Gore qui avait choisit d'embrasser sa femme en pleine bouche en direct à la fin d'un discours afin de répondre à ceux qui l'accusait d'être trop froid et distant. Mais voilà, c'était justement si calculé, si peu naturel, si stratégique qu'il est aujourd'hui impossible de trouver des clips de ce fameux baiser.
Alors qu'hier, ce moment de parfaite complicité, entre deux splendides créatures, dans un petit geste tout simple étais 100 fois plus large que le 2 secondes d'exécution. Ce signe, fait généralement entre grands copains, en disait long sur ce qui unit Michelle et Barrack. Regardez les yeux de Michelle sur cette séquence il y a une tonne d'amour qui y passe. Ce ne sont pas que des amoureux mais aussi des "best buddies" Vous sentez cela chez les Clinton vous?
Ce geste que l'on associe au travail bien fait m'a semblé plus grand que nature alors que l'on sait que cette campagne a été fort probablement exténuante pour tout le monde mais surtout pour le couple (parlez en à Bill!).
Alors que ce candidat à la présidence nous promet du changement, déjà au premier jour de sa candidature, dans sa première minute de candidat officiel, le mec trouve le moyen d'innover.
Je ne suis pas noir et j'en ai été très ému alors j'imagine que ce geste, fort commun dans la communauté noire, a dû faire l'effet d'un tremblement de terre chez ceux qui ont vécu les affres du racisme et l'horreur de la ségrégation.
être noir c'est probablement là que mes premières larmes auraient coulées.
Grands grands frissons de salon.
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