dimanche 27 septembre 2009
Pierre Falardeau (1946-2009)
J'ai eu un rapport amour-haine avec Falardeau.
Amour pour sa soif de liberté. Pour son Party. Pour quelques moments d'Elvis Gratton mais vraiment pas tout. Pour Octobre et ses interprêtes. Pour le délicieux Temps des Bouffons. Amour de sa ligne «Au Ghana, les pauvres mangent du chien. Ici, ce sont les chiens qui mangent du pauvre. Et ils prennent un air surpris quand on en met un dans une valise de char!» dans ce film. Amour de sa phrase "Ah ben là j'suis bouché" à Christiane Charrette qui lui avait amené un contre-argument et de son "Je peux pas te répondre, t'as raison j'suis vraiment bouché". Amour de son côté plus vrai que faux.
Haine pour ses "Tabarnak" qui nous campait dans ce qu'il haissait le plus comme peuple: la république de bananes. Haine des mots "à la solde de Power Corporation" qu'il utilisait à tort et à travers. Haine de son comportement de chiure entretenue soigenusement mais haine surtout des mouches qui volaient autour. Les barbes, les crânes rasés, les raseurs, les jeunes casseurs en mal de victimisation. Les mêmes bénéouiouis qu'ils décriaient chez les prolétaires en quelque sorte. Haine de son portrait d'éternelle victime alors qu'il se disait combattant.
Combattant qui a gagné son pari contre Téléfilm Canada à qui a fait le plus beau "fuck you" en réalisant avec 3 millions glanés à gauche et à droite 15 Février 1839 sans aucun support de leur part.
Combattant violent qui utilise sa voix rauque, amère et unique hors-champ dans un texte qu'il a écrit lui-même et dans lequel il pourfend les élites francophones québécoises en des termes d'une violence sans égal, avant ou depuis pour Le Temps des Bouffons (son chef d'oeuvre fielleux).
Combattant qui aura souvent nui au mouvement souverainiste. Mais qui aura très peu nui au cinéma. Son meilleur moteur pour passer ses messages.
Combattant qui aura toutefois perdu son dernier combat contre le cancer dans la nuit de vendredi à samedi.
Mais qui nous laisse en héritage toute une oeuvre à découvrir ou redécouvrir.
Le coffret «Falardeau – Poulin : À force de courage, anthologie 1971 – 1995» regorge de productions dont Gilles Groulx, la grande idole du cinéaste disparu, n’aurait pas à rougir.
Continuons le combat (1971)
À mort (1972)
Les Canadiens sont là (1973)
Le Magra (1975)
À Force de courage (1977)
Pea Soup (1978)
Speak White (1980)
Elvis Gratton (1981)
Les Vacances d'Elvis Gratton (1983)
Pas encore Elvis Gratton ! (1985)
Elvis Gratton : Le king des kings (1985)
Le Party (1989)
Le Steak (1992)
Le Temps des bouffons (1993)
Octobre (1994)
Elvis Gratton, président du comité des intellectuels pour le non (1995)
Une minute pour l'indépendance (1995)
Fumes-en une pour nous là haut tabarnak.
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