lundi 28 septembre 2009
Jour de poubelle
Le vendredi est notre jour de poubelle.
Bon je l'avoue je traite ma poubelle avec une certaine négligence.
Mais merde n'est-ce pas qu'une poubelle? Quand je change la litière du chat j'y déverse bien souvent une partie de son contenu directement dans la poubelle de plastique. Ce manque d'hygiène ferait pomper Popa dans La Petite Vie et dégoûte un peu l'amoureuse.
Elle dérange aussi les gars des vidanges de mon secteur. Quand ils sont dégoûtés de ma poubelle, une fois vidée dans leur camion, ils la remettent tête à l'envers afin de provoquer un petit monticule de cochonnerie dans mon entrée. C'est une manière de se révolter de leur part et je ne leur en veux pas.
Toutefois l'autre tantôt j'ai un peu dépassé les bornes. En refaisant le toit du cabanon pendant la semaine j'ai jeté aux vidanges le vieux toit décrépi...avec ses grands clous qui pendaient. C'était un crime.
Un vendredi matin de bonne heure j'ai entendu un des gars sacrer en se piquant sur un clou. J'ai eu honte d'avoir oublié ce détail. Je sentais la poursuite au criminel se rédiger pendant le reste de la semaine alors le vendredi suivant j'ai choisi de me présenter en personne afin de m'excuser. Ce que j'ai fait alors que les deux gars me regardaient en silence et assurément avec un léger mépris. Ils ne m'ont pas répondu. Ils ne doivent pas avoir beaucoup de vocabulaire et de sociabilité. Je suis retourné chez moi avec la promesse de ne plus faire mon vulgaire des vidanges. De prendre ma retraite de trashbum.
Le vendredi suivant j'ai eu pitié d'eux encore. Faire un travail aussi ingrat dans des conditions météos pas toujours faciles et avec des motés comme mwé qui cochonnent leurs vidanges.
Pas cool.
Un job qu'ils ne veulent surement pas d'ailleurs.
Ce vendredi-là donc je suis sorti et leur avait préparé un café chacun comme une bonne maman des années 80 préparait son chocolat chaud pour les enfants qui jouaient dehors tout l'hiver. Aussi pour remettre l'emphase sur mes plates excuses de la semaine précédente.
Ils étaient probablement déçus que je ne sois pas une belle d'Ivory à la poitrine généreuse mais ils ont apprécié le geste et on s'est jasé cela un peu quand même.
"Pas cool tout le temps ce job-là hein?"
"Ben...on commence à 5 heures pis on finit à midi. On a pas mal toutes nos journées" a dit l'un
"Pis on a pas besoin de se raser, se peigner ou de s'habiller chic pour travailler" a dit l'autre.
"Ouais mais vous avez surement pas choisi de faire ça, si vous aviez la chance vous feriez autrs chose right?" ai-je demandé.
Ils ont croisés leurs regards un peu amusés.
"J'ai un bac en Littérature. Les après-midi me donnent la chance de rédiger mon deuxième roman." m'a dit l'un.
"Ton...?...Ton DEUXIÈME roman?..." ai-je dit
"Oui le premier a été publié il y a un an. Prix Lumina de Saint-Antoine-de-la-Lucarne. Éditions Fidès. Les Molécules Affolées, Gus Gilbert. Pas vendu tant que ça malgré l'honneur, mais c'était cool quand même."
"Moi j'ai une maitrise en sociologie des langues. Pas beaucoup de débouchées et peu de salaire quand tu te trouve de quoi. Ici à 28$ de l'heure, 7 heures par jour/5 jours semaine. Ça me convient " m'a dit l'autre.
"Toi?...tu travailles à partir de chez vous? en soirée? qu'es-ce tu fais chez vous à 10h00 le matin?" m'a demandé le premier, avec presque un intérêt gai (dont j'avais ouvert la porte avec mon café attentionné).
"Moi?...je...je travaille pas...je suis en stand by...je pige...je suis pigiste occassionel. Mais surtout en stand by par le temps qui courent (whatever that means ai-je pensé)"
"Anyway on a de la job à faire nous autres pis je tombe en vacances cet après-midi on s'en va en Martinique ma blonde pis moi, merci pour le café, bonne journée!" a dit l'autre et ils ont quittés.
J'ai oublié dans mes poches le petit change que j'avais pour les typer. Je suis rentré chez moi et ai fureté sur Jobboom.
Pauvres eux autres.
Un job aussi sale et sans reconnaissance.
Pas dans leur domaine en plus.
Doivent trouver la vie moche.
Vendredi prochain je leur fais un sandwich.
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