vendredi 18 septembre 2009

Épicerie Story


Que serais nos épiceries sans le fidèle employé qui fume sa clope à l'entrée?

Aujourd'hui il y en avait trois à la table de pique-nique près de la porte.

Ma liste était pas mal longue. Préparée avec minutie par la belle selon l'ordre des allées je me suis précipité dans les fruits la tête encore mouillée de la douche qui avait suivi mon jogging de fin de journée. Je ne peux pas faire l'épicerie trop souvent ça me rend fou. Ça me donne envie de ne plus jamais manger de ma vie. Je parle à voix haute devant des objets inanimés. Comme ces ananas tranchés en dés à 7.08$. Je ne sais pas si elles m'ont comprises quand je leur ai dit en grognant "Zêtes malade christ! À ce prix là mangez vous tout seul!". Une vieille madame un peu plus loin m'a définitivement questionné du regard. Ou bien elle essayait de me séduire en me dévisageant mais la prochaine fois si j'étais elle j'essaierais de garder ma bouche fermée. Ne serais-ce que pour empêcher une coulisse de bave de se déverser jusqu'au fond du carosse.

Deux soupes à la main j'y ai croisé un gars qui s'occupe du hockey de nos jeunes dans la région. Il m'a confirmé que si mon fils acceptait de jouer à la défense il ferait assurément le CC. "C'est à lui qu'il faille demander cela chef, pas à moi" lui ai-je répondu. Je ne lui pas posé de questions sur le fait qu'il mangeait un Jos Louis pendant notre conversation.

Cette épicerie est un peu brouillonne. Les employés en tout cas sont ou bien très jeunes ou bien très âgés ce qui donne un drôle d'équilibre à l'ensemble. Les gars qui sortent de prison sont aux multiples kiosques pour faire goûter des affaires mais à cause de leur tronche patibulaire ne nous donne jamais envie de goûter leurs produits. Le pauvre gars aux fruits de mer faisait pitié car il avait une tête de Charles Manson et faisait cuire une sole. On aurait facilement pu croire qu'il faisait frire un cerveau.

"MARIE CLAUDE COMPOSE LE 34 MARIE-CLAUDE LE 34!!!!!!"

Même le son de leur haut-parleur est mal calibré ce qui fait que ce simple message est apparu aux oreilles de tous comme une bombe sur Nagasaki. Le coeur a failli me sortir de la poitrine. La vieille dame d'un peu plus tôt s'est, elle, retrouvée sur le cul. Plusieurs personnes ont dû l'aider à se relever.

Après ce tonnerre dans la plaine tranquille, la musique de la radio est revenue. Beaucoup plus basse. L'ironie a voulu que ce soit Yann Perreau qui y chante justement l'ennui des épiceries et de la musique qui y joue.

L'amoureuse aime bien que je m'inspire de sa liste. Mais si il y a un endroit ou je manque d'inspiration c'est bien dans les allées pleines de manger. Si je suis difficile partout ailleurs, dans le manger je suis grossier. Je mangerais du sac de poubelle si c'était pour me libérer de la tâche de manger. Je mange tout. Je ne déteste rien. Je n'ai aucun goût alimentaire. Aucun flair alimentaire non plus. J'ai donc choisi un sac de biscuits Oréo pour combler la vague description "desserts pour les enfants". J'ai fait semblant de ne pas voir le "S" au mot "dessert" et me suis dit que je pourrais toujours m'en sortir en prétextant qu'il y avait beaucoup de biscuits dans le sac, ce qui compterais comme plusieurs desserts.

Dans la section des vins toutefois je me suis trouvé pas mal inspiré. C'est 9 bouteilles qui me sont tombé dans le panier. De l'Espagne à l'Australie en passant par l'Argentine, La Californie et le Vénézuela.

"ATTENTION L'ÉPICERIE AIMERAIT SOULIGNER LA FÊTE DE KARYNE MATTEAU" a beuglé le haut-parleur coupant Patrick Swayze dans un souffle disons... plus vivant.

"Catherine" a spontanément grogné une caissière.
"Catherine, calisse" a dit presque même temps un commis à l'emballage.
"Catherine, Calever! qui est loser il ne connait même pas ses employés!" a dit la fille aux cigarettes.

Décidément le moral des troupes...

Le message avait été craché avec une monotonie étonnante, un timbre fort peu convaincant et un entrain totalement inexistant. Mais le message est à nouveau sorti très très fort. Une femme à poussé un cri, un bébé a pleuré et la pile des tomates en cannes s'est effondrée. En m'approchant je me suis aperçu que la vieille dame d'un peu plus tôt y était étendue au beau milieu presqu'en arrêt cardiaque.

En payant ma commande je constatai que la caissière avait un piercing dans la narine. Ça semble un critère pour les caissières. Derrière elle une autre caissière avait un anneau dans le sourcil. Derrière moi la caissière avait un...point?...au dessus de la lèvre. Je ne comprendrai jamais cette tendance mais elle est franchement mieux que les filles qui se laissent pousser la barbe comme la grosse aux bouteilles vides.

Je suis allé porter l'ensemble de ma commande dans ma petite machine et suis revenu porter mon panier vide à l'intérieur. J'ai voulu faire mon frais et tirer de loin mon panier en me donnant un élan de malade afin de voir si je pouvais l'enligner directement à l'intérieur des autres.

Non seulement je l'ai poussé avec une vigueur démesurée mais la carosse a dévié de sa trajectoire, a fait du deux roues pendant quelques secondes avant de de frapper de plein fouet...oui je vous le donne en mille la vieille dame d'un peu plus tôt!!!! Elle a été poussé à l'extérieur de l'épicerie et a atterie dans le coffre d'une familiale qui n'était pas sa voiture.

Comme je suis un garçon bien élevé j'ai tourné les talons et déguerpi.

J'étais si loin qui saurait vraiment que c'était moi.

J'ai quitté sans faire crisser mes pneus.

J'ai plus de classe que ça.
J'ai des bouteilles de fins vins à entamer.

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