La vie est injuste. Le rat, Henry Kissinger, aura survécu à Christopher Hitchens décédé du cancer dans la nuit de jeudi dernier.
Ça m'a déprimé.
Je devais aller relaxer.
C'était un cadeau de noël dont la date allait être échue.
Je me devais donc de l'honorer deux jours avant son expiration. Il s'agissait d'un Spa que j'avais déjà fréquenté. J'y allais donc, à la fois pour honorer le certificat cadeau, à la fois pour relaxer, à la fois pour avancer ce livre que j'aime bien.
J'y allais de jour. Un jour de semaine. C'est plus tranquille que les jeudis, vendredis, samedis ou dimanches. Je me laissais fondre dans la buée bouillante d'une des piscines. Aaaaaaaaah! c'est fou ce que juste ça, la tête au froid et le corps dans la chaleur, peut vous rendre parfaitement détendu. J'ai beaucoup maigri en 2011. J'ai aussi pris du muscle. Avec une barbe poivre et sel de quelques jours je voyais que je faisais bonne impression dans le regard de plusieurs femmes sur place. Pour leur part, elles me faisaient toutes (ou presque) bonne impression aussi. C'est con ce qu'un peu de chair exposé peut bêtement exciter. De 17 à 47, honnêtement, il n'y avait pas beaucoup de femmes inintéressantes pour l'oeil. Je me demandais pourquoi un bikini rend un homme si vulnérable quand deux grosses oranges firent irruption hors de la brume en ma direction.
"Hunter?"
"...?..."
"Hunter Jones? Nadine Nadon..."
Nadine Nadon, drôle d'adon, c'était mon ancien patron dans une usine de jambon. Une femme qui avait couché avec tous ses boss pour à son tour devenir boss elle-même. Elle n'en était même pas gênée. On était quelques-uns, les plus éduqués, à se demander si, une fois patronne, c'était maintenant elle qui gardait un endroit chaud près de son oreiller. Personne n'était volontaire pour offrir son corps. Pas qu'elle était laide. Juste...boss...
Elle essayait beaucoup de montrer une assurance qu'elle n'avait pas du tout au fond d'elle-même. Pour le masquer, elle se montrait intrangiseante sur à peu près tout. Si vous mangiez à votre bureau en même temps qu'un autre collègue, elle en développait une paranoia et soupçonnait que l'on complotait dans son dos afin de monter un syndicat ou une mutinerie contre elle. Gagner sa confiance était difficile car elle ne se faisait pas beaucoup confiance à elle-même. Elle était de nature calme, mais en plein processus décisionnel, perdait souvent les pédales et devenait toute énervée. Elle était franchement désagréable. Elle avait peu d'amis car elle était trop imprévisible et irrégulière dans ses décisions. Être convoqué à son cubicule n'était jamais agréable et quitter son territoire était toujours une délivrance. Elle était à demie-nue, dans un bikini orange devant moi, dans le bassin qui lui dessinait à elle, un beau bassin. J'étais confus.
"Nadine? que..qu'-est-ce que tu fais ici?" Question idiote si il en est une...
"La même chose que toi, je relaxe..."
On s'est fait la bise. Ses seins ont frotté sur ma poitrine, j'ai soudainement eu un gonflement dans l'entrejambe. Jamais je n'aurais pensé la trouver belle ou désirable de par sa stature officielle de "boss" dans ma compagnie de jambon mais là...comme ça...les cheveux laqués vers l'arrière, c'est vrai que nu (ou à moitié nu) nous sommes tous égaux. Et, je le remarquais pour la première fois, elle avait de beaux seins. Vraiment. Je me posais la question si c'est seins que je venais de sentir si fermement sur ma poitrine étaient vrais ou non quand elle me dit:
"Qu'es-ce que tu deviens depuis que t'es parti de chez Fesses de Porc et Oreilles de Chriss (FPOC)?"
"Je...moi?...je suis devenu traducteur...je le faisais déjà beaucoup chez FPOC"
"Oui c'est vrai c'est toujours toi qu'on demandait pour traduire nos affaires..."
"Ouais ben c'est moi qu'on demandait pour toutes, c't'un peu pour ça que je suis parti aussi...Je vais chercher mon papier qui fera de moi un traducteur dans l'ordre le soir et de jour, je traduis à gauche et à droite..."
"Ah oui? Wow!...T'as ben l'air en forme, t'as...?...T'as maigri non? ça se peut-tu?"
J'ai souri, gêné. Incertain de ce que je me devais de répondre. De quoi j'avais l'air la dernière fois que je l'avais vue? Je ne me pèse pas mais je vois bien que je flotte dans ma garde-robe et que j'ai dû faire un trou supplémentaire sur ma ceinture. Donc oui, j'ai bien du maigrir. Ma longue réflexion gênée lui a donné le temps de continuer.
"À moins que tu ai toujours été bien taillé comme ça et que je ne l'ai jamais vraiment remarqué, on était tellement tout le temps occupé là-bas..." Je pensais la même chose de son corps mais ce sont de choses que les filles disent aux gars mais pas l'inverse.
"Tu y est toujours chez FPOC?" lui ai-je demandé.
"NON! non...tu ne savais pas? On m'a mis dehors vers...décembre? oui c'était bien décembre 2009...toi t'es parti quand?"
"Fin août, début septembre 2009"
"Pendant la grande saignée?"
"Non j'étais des trois survivants du département..." Tu te souviens pas connasse? je me suis plains à toi que j'étouffais sous tout ce que vous donniez, que j'allais quitter si on ne m'augmentait pas!
Comme si tout ça lui revenait tout à coup elle dit:
"AH OUI! ben oui...rendu là on croulait tellement sous la pression on en devenait presque sourd, aveugle et muet.
Ce jet dans mon dos était délicieusement relaxant, cette belle femme devant moi, furieusement agréable, cette brume rendait la scène d'une sensualité espagnole. Même ma voix me paru plus ténébreuse tout à coup.
"Tu fais quoi alors maintenant?"
"Je travaille pour Pickmekriss, une compagnie de placement d'artistes, notre travail consiste à faciliter les bookings d'artistes comme Guy Nantel, Les Septs Doigts de la Main, Joanie Rochette..."
"Joanie Rochette n'est pas une artiste..."
"Non...ben oui... pour nous autres, elle a un agent et on fait des bookings..."
"Des bookings de quoi?, elle fait des conférences?"
"Elle vient de sortir un DVD de mise en forme, elle fait de la promotion ces temps-ci..."
C'est vrai que Joanie Rochette est en forme, mais en ce moment, devant moi c'était de la splendide forme qui se tenait et j'avais peine à ne pas baisser les yeux. Je me sentis obligé de bouger pour déjouer mon malaise. Je me savais bandé et ça me gênait beaucoup, je me devais de quitter.
"Ben content de t'avoir vu Nad, je dois y aller j'ai une grosse traduction à finir avant la fin de la semaine..."
Je lui ai refait la bise et à nouveau ma poitrine à frotté sur ses seins, ce devait être des faux, zétaient franchement trops durs, comme mon bambou...cette fois, elle a poussé l'impudeur jusqu'à placer ses deux mains sur ma poitrine à moi. Oh maaaaaaaan!...
En sortant de l'eau je l'ai entendu poussé un petit cri.
Je vous l'ai dit, je flotte dans mon linge. Mon maillot a dû se faire emporter par le puissant jet du bain bouillant et mon dard pointait très fort au vent. Je comptais sur la brume pour masquer tout ça quand je m'apperçu de ma nudité totale. J'ai essayé de me sauver d'un pas rapide mais j'ai glissé et suis tombé à plat ventre. Comme pour au moins épargner la vue de mon appareil au gens, j'ai essayé de faire le reste du trajet à plat ventre mais c'était pire. J'étais lent comme un escargot et nu fesse. J'avais l'air d'un gars qui cherchait à vivre des sensations nouvelles sur le ciment.
C'est pour ça que deux loubards m'ont expulsé. Me donnant au moins une robe de chambre pour le trajet jusqu'à ma voiture.
J'ai attrapé un rhume.
Nadine Nadon me demandait d'être son amie Facebook le soir même.
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