(ceux qui n'ont pas vu Close Encounters of The Third Kind et qui ne veulent pas voir leur plaisir gâché par des éléments du scénarios éventés, redirigez-vous tout de suite)
Ne l'ayant jamais vu du début à la fin, à chaque fois ayant été intéressé par ce que j'avais vu et convaincu que les premiers films des auteurs sont souvent très révélateurs de tout ce qu'il feront par la suite, j'avais acheté le dvd à un prix ridicule il y a longtemps dans une pharmacie.
Un DVD triple avec la version originale présentée en salle en 1977, un disque avec le montage du réalisateur rajoutant 15 minutes au film original et un disque qui offre des surprises aux fans.
Moins de 3$ du disque.
Je l'ai écouté et étrangement je me suis surpris à en faire une analyse (probablement) complètement différente de la moyenne des ours. J'ai même cherché sur le net et n'ai pas trouvé écho à ma théorie. J'ai trouvé un mémoire qui stipulait que le film était une propagande fascite (oui, oui et ne pas afficher les prix incluant les taxes dans les commerces aussi...) mais rien sur ce qui m'a paru évident.
Selon moi, Close Encounters of the Third Kind, le troisième long-métrage de Steven Spielberg qui allait avoir une impressionnante carrière par la suite, est un hommage à ses premiers amours: le cinéma.
Tout d'abord l'idée du film est née dans la tête de Spielberg quand il était adolescent. Il avait écrit les grandes lignes se rémémorant ce moment, lorsqu'enfant, ses parents avaient amené toute la famille de force et dans l'urgence dans la voiture afin de se rendre au New Jersey pour assister à une pluie de météorites qui tombaient du ciel. Ce phénomène avait (légitimement)fait une grande impression sur l'enfant Steven. Tout comme la science-fiction naissante à la télévision des années 50. Tout comme le film The Thing From Another World de 1951 qui avait comme dernière ligne "watch the skies", le titre original de Close Encounters of the Third Kind. La nostalgie était donc forcément en sous-texte dans ce qui allait être écrit.
Et ce qui allait être écrit allait l'être par Paul Schrader, jeune scénariste qui venait de faire fortune en scénarisant Taxi Driver du meilleur ami de Spielberg, Marty Scorcese. Spielberg venait aussi de faire son nom avec Jaws. Entre jeunes prodiges on s'est réuni. Toutefois, Spielberg a tant réécrit l'histoire de Schrader que ce dernier a choisit de retirer son nom du générique. C'est entre autre parce que Spielberg en faisait un projet tellement personnel que l'autre ne s'y reconnaissait plus.
Et c'était quoi ce niveau personnel? Un couple en péril? peut-être, on ne le saura jamais complètement. Qui connait sinon un proche, la vie intime de Spielberg en 1976? Ce que l'on sait toutefois c'est que depuis son enfance il est profondémment attiré par le monde du cinéma et compte en faire partie. Richard Dreyfuss, comme bien d'autres dans le film, a des visions et devient obssédé par une image: la Devil's Tower, une montagne du Wyoming.
Entrons dans la métaphore.
Ces extra-terrestres sont le cinéma. Dreyfuss/Spielberg est obssédé par le cinéma. Enfant c'est le cinéma qui l'a carrément fait lever de terre. Tout comme l'enfant kidnappé très tôt dans le film. Adulte, il a vécu avec des idées qui l'obsédaient pendant des mois avant qu'il ne les couche sur pellicule. Comme Dreyfuss est obsédé par la montage du Wyoming. Une fois cette montagne découverte, qu'est-ce qu'on y trouve? une large piste d'attrissage qui a tout les critères du plateau de tournage. Caméras, éclairages, micros, une voix qui dit "gentlemen take your positions", on a même une série d'hommes en complet (les producteurs) qui viennent voir le produit fini à la toute fin quand le vaisseau est déployé et que leurs occupants nous visitent. À l'origine Spielberg faisait terminer son film sur la chanson When you Wish Upon a Star tiré d'un film de Walt Disney. Le pont du refrain est encore audible dans la piste sonore de John Williams. Autant dans le monde du cinéma que dans le monde supposé des extra-terrestres il y a magie, rêve, curiosité, fascination.
Quand le vaisseau ouvre sa porte, surgit un large rectangle blanc devant une foule médusée. Un large rectangle rappelant un écran de cinéma.
De plus, on sait que Scorcese, Spielberg et Copolla étaient trois amigos à cette époque. Le personnage de Bob Balaban dans ce film est un parfait sosie de Françis Ford Coppola en 1976. Son personnage est traducteur, un guide, comme le multi oscarisé Coppola pouvait peut-être l'être pour le jeune Steevie de cette période. Et vous avez remarqué le nombre de réalisateurs placés dans ce film? particulièrement dans la scène finale quand les étoiles ("stars") viennent se mêler au peuple? La plupart étaient aussi des ex-professeurs de cinéma de Spielberg. Un clône de Martin Scorcese ou de George Lucas avec sa barbe fine en 1976 est aussi visible derrière deux réalisateurs/professeurs de Spielberg dans les séquences finales. Et il y a Truffaut qui nous donne les indices comme "They belong here more than us" les extra-terrestres/les acteurs et surtout le "I envy you" quand Dreyfuss fait le choix de passer chez les extra-terrestres/d'entrer par la grande porte du monde magique, des rêves, de l'imagination, du cinéma. Truffaut l'envie d'être à l'orée d'une carrière là où lui, tire sur sa fin.
Ils seront d'ailleurs 12, 10 hommes, 2 femmes à "passer de l'autre côté". Une représentation honnête du rapport hommes/femmes chez les réalisateurs/réalisatrices du cinéma des États-Unis en 1976.
L'enfant revient, car Spielberg ne négligera jamais plus l'enfant en lui pour le restant de sa carrière. Et ses obssessions se transformeront en or.
Il est possible que son film soit codé à ce point. Après tout Spielberg est de la génération des premiers étudiants du cinéma, de ceux qui avaient étudié les codes et qui pouvaient s'en amuser au dépens des spectateurs.
Comme il l'aurait peut-être fait avec un petit tas de merde dont le nom est la première et la dernière lettre du mot "ExcremenT", qui "comes from uranus" et qui ne reprend vie qu'en sortant d'un long tube (digestif?) à la toute fin...
Aucun commentaire:
Publier un commentaire