samedi 10 décembre 2011

J.Edgar Hoover

...ou le parfait salaud d'Amérique.

Quand J.Edgar Hoover est devenu le directeur du FBI en 1924 à l'âge de 29 ans, il avait la sérieuse ambition de faire de son département de 650 employés et de 441 agents spéciaux un meilleur service que ceux rendus par la CIA. Toute sa vie il caressera cette ambition. Toute sa vie il carburera à la jalousie.

Jugé capricieux et impatient, fréquemment il pouvait limoger ceux qui avaient l'air stupide ou qui lui faisait penser à des chauffeurs de camion. Il les appelait les "pinheads".  Il ne se gênait pas pour réaffecter ceux qui l'irritait le moindrement à des postes qui allait détruire le parcours professionnel d'autrui.
Melvin Puris en est un bon exemple. Quand Puris, as détective qui avait été le génie derrière la capture de Baby Face Nelson et de Pretty Boy Floyd, a tué le redoutable et recherché John Dillinger à la sortie d'un cinéma, il est devenu un héros public. Hoover pour sa part avait auparavant eu l'air ridicule en orchestrant une descente ailleurs dans le même but, mais tuant au moins un civil et un agent du FBI et ne capturant personne dans le processus.
Totalement jaloux de l'attention et du mérite accordé à Purvis et considérant qu'il lui faisait beaucoup d'ombre, Hoover le cantonnera dans un rôle beaucoup plus éteignoir qui forcera Purvis à quitter le FBI dès l'année suivante.

En 1934, la prohibition fait rage aux États-Unis. Un monde parrallèle controlé en majeur partie par la Mafia, une organisation dont un curieux Hoover nie l'existence même. C'est que Frank Costello, rusé, sachant que Hoover est un invétéré gambler aux courses hippiques, lui fournit des tuyaux (et le premier 100$ de gagures) sur les chevaux favoris pour gagner. Peut-être qu'en échange, Hoover accepte alors de regarder ailleurs quand la Mafia sévit. De plus,  Meyer Lansky prétend savoir des choses sur la vie sexuelle de Hoover et le fai chanter à ce niveau. Hoover ne sera jamais dans les jambes de la Mafia. Les aidant du coup à proliférer aux États-Unis.
Hoover apprend beaucoup de ce type de pouvoir: le chantage. Il se fait donc une spécialité de propager des rumeurs, fausses pour la plupart, afin d'obtenir ce qu'il veut ou d'assoeir un certain pouvoir. Surtout en politique. Charlie Chaplin est forcé de s'exiler pour toujours quand Hoover suggère qu'il fasse de la propagande communiste. John Dos Passos ou Ernest Hemmingay sont aussi sous haute surveillance.
À cette période et pendant la Seconde Grande Guerre, Hoover chassait des dizaines de milliers d'Étatsuniens jugés "subversifs". La ligne de la tolérance est très mince chez les républicains, la peur n'est jamais loin derrière. Hoover est un homme qui a trrrrrrrrès peur. De sa propre sexualité entre autre.
Il  fait suivre, enregistre à leur insu, monte des dossiers sur les gens dits "louches". Il est juge et parti.
En 1946 ce sont les fiches de 12 000 Étatsuniens qu'il remet au président Truman. Conscient de l'extrême zèle du très républicain et conservateur Hoover, Truman ne fera rien de ce dossier.
Il montera un dossier et lancera la rumeur qu'Elenaor Roosevelt est lesbienne quand celle-ci rencontre une amie à l'hôtel.
Obssédé par les communistes qu'il voyait partout et ouvertement raciste, à partir de 1956 Hoover forme une unité spéciale qu'il va appeller COINTELPRO. Ne cachant aucunement sa haine des noirs, il s'assurera que les noirs ne sont pas engagés dans les rangs du FBI. COINTELPRO prend principalement comme cible Martin Luther King Jr que Hoover fait suivre et dont il découvre rapidement les infidélités conjugales. Il s'attaque aussi à Jean Seberg, sympathisante des Black Panthers, qu'il accuse faussement d'être enceinte d'un noir. Alors mariée à l'auteur Romain Gary, elle perd son bébé et se suicidera plus tard. Gary dira que Hoover l'avait tuée. Hoover découvre aussi les infidélités conjugales des frères Kennedy. Il s'en régale. Il fait venir Robert dans son bureau, lui fait comprendre qu'il sait tout, que les Kennedy face à lui doivent filer doux, il lui glisse aussi que Martin Lunther King Jr prévoit faire une party sexuel lors d'un passage prochain à Washinton. À la fois pour discréditer la réputation de King Jr et peut-être aussi pour mettre l'eau à la bouche des Kennedy qui ont le même point faible. Les Kennedy le méprisent car il les tient comme des marionnettes, mais ne peuvent pas le limoger car le coût politique serait trop grand. Truman avait aussi voulu s'en débarrasser mais ne l'avait pas fait.
Lorsque les trois leaders des droits civils sont assassinés à Mound Bayou, tel que raconté dans le film Mississippi Burning, le FBI de Hoover enquête très mollement sur le dossier. À l'enterrement de JFK, Hoover chuchote à la veuve, Jackie Kenendy, que Martin Luther King Jr aurait fait de la médisance contre son défunt mari en pleine célébration.
En 1964, la commission Warren enquêtant sur la mort de JFK donne le mandat à...J.Edgar Hoover...

Bien entendu la Mafia ne sera jamais inquiétée. Bien entendu, la théorie des tueurs multiples ne sera jamais étudiée, bien entendu ceux qui devaient être protégés le resteront. JFK était démocrate après tout et Hoover est républicain jusqu'aux bout des ongles. La vérité ne transpirera jamais de cet assassinat.       

Quand Lyndon B.Johnson repousse l'âge de la retraite à 70 ans, ceci permet à Hoover de rester directeur du FBI pour les restant de ses jours. Il sera 48 ans à la tête du FBI. Après son règne, on vote un maximum de 10 ans à la tête de la direction.

On le disait travesti mais il semble que ce ne soit qu'une revanche de ceux qui se sentaient ciblés par Hoover et qui voulaient lui réserver le même traitement. Il était toutefois probablement homosexuel. Ayant, croit-on, une liaison avec son assistant Clyde Tolson avec lequel il partageait tout, les repas, les week-ends, les vacances. Il lui a aussi laissé sa maison et des terrains sur son testament à sa mort. Tolson a aussi reçu le drapeau des États-Unis qui abrillait le tombeau de Hoover. Tolson est enterré à quelques pieds de l'ancien patron du FBI.

J.Edgar Hoover, toujours en poste, meurt d'une crise cardiaque en 1972.

Un film de Clint Eastwood mettant en vedette Leonardo DiCaprio dans les souliers du controversé Hoover est à l'affiche depuis le 11 novembre dernier.

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