Vous voulez comprendre 2012? 2011? 2010? 2009? 2008?
Une partie de ce qui nous arrive sur la scène sociale mondiale et économique?
Revisitez un film de 2003.
Le fabuleux documentaire canadien de Jennifer Abbott, Mark Achbar et Joel Balkan The Corporation nous dresse l'évolution de la révolution industrielle en Amérique où les naissantes compagnies conçues pour répondre au bien public ont été détournées de cet objectif pour devenir une machine à profit.
Toute comme le requin est une machine à tuer, la corporation est une machine à faire de l'argent.
Quand les nouvelles lois, suivant la fin de la guerre de sécession, ont accordé dans leur 14ème ammendement le droit d'exister comme tout le monde aux noirs d'Amérique, les avocats des compagnies, avec brio, ont convaincu le sénat que les compagnies devraient aussi être considérées commes des "personnes morales". Le 14ème ammendement a alors aussi accordé ce droit et ouvert du même coup la boîte de pandore.
C'est cette personne "morale" qui nous avalent depuis. Deux petites villes de la Pennsylvannie ont réussit l'exploit surhumain de faire retirer ce droit. Mais ailleurs, a coporation is a legal person.
En devenant une personne "légale" la compagnie peut ainsi poursuivre son prochain, emprunter de l'argent et ainsi de suite. Il a aussi forcément une personalité. Les auteurs nous présentent General Électric, ce vieux et gentil monsieur plein de réconfortantes histoires, Nike est jeune, forte et pleine d'énergie, Microsoft est agressive, MacDonald est jeune, pleine d'entrain, allumée. etc. Les compagnies ont réussit à nous faire croire qu'elles sont comme nous, qu'elles ont des émotions, qu'elles sont loyales...
Loyales? Non la seule loyauté connue des compagnies est sa fidélité au profit.
Le film est un bijou qui prouve par A + B que si les compagnies sont des "personnes légales", elles ont les traits psychologiques du psychopathe.
On y dissèque la science de l'exploitation avec des extraits, des images, des documents, des témoignages et des révélations qui vous jetteront en bas de votre chaise.
Et qui metteront en lumière beaucoup de ce qui nous arrive en 2011 et nous arrivera surement aussi en 2012.
Ce film de 2003, presque 10 ans plus tard est encore plus actuel qu'il ne l'était déjà.
Un homme d'affaires, un PDG, un homme en cravate, dit à un certain moment:
"Un jour, des gens comme moi iront en prison"
That day is now.
Le film n'est pas une charge unilatérale anti-capitaliste, on fait parler des gens des deux côtés de la clotûre et on comprend bien que rien n'est ni totalement noir ni totalement blanc.
Mais c'est un peu comme si on nous faisait nous rendre compte au travers de ce film que ce gros éléphant qui est dans le salon et qui casse tout, et bien c'est tout à fait correct qu'il soit là et que c'est même nécessaire.
The Corporation est un film qui vous habite longtemps après visionnement. Je dirais même que ce film transpire partout de nos téléviseurs à l'heure des nouvelles.
Je vous parle d'un film qui est un peu la vie. Certains films comme ça frappent fort car ils seront durables. C'est un peu le but universel, qui ou quoi que l'on soit, de durer. Il y a de ses films comme ça qui sont exceptionnels et quui dureront longtemps dans la mémoire collective simplement parce qu'ils sont un parfait portrait d'un moment de leur époque. A snapshot of an era disent les chinois. Ils s'inscrivent dans l'histoire car tous dans leur démarche artistique reflète l'époque à laquelle le film a été créé.
Bob & Carol & Ted & Alice qui survole les possibilités amoureuses de l'amour libre chez les baby-boomer, Kramer vs Kramer dix ans plus tard qui explore les débuts d'une ère importante et impressionnante de divorces et de séparations, Wall Street qui plonge dans les travers de l'ambition en 1987, Singles qui présente une nouvelle génération en 1992, Up in The Air qui est encore le film le plus représentatif de nos réalités actuelles et qui raconte à la perfection tout ce que 2008-2009 a été chez nous.
C'est la beauté de l'art qui peut quelques fois avoir un parfum d'éternité.
Ce n'est pas le travail du cinéma de toujours nous traduire la réalité de son époque.
The Corporation explique toutefois admirablement pourquoi nous nous retrouvons là où nous sommes en ce moment.
Une société anonyme au service de l'argent.
L'argent des autres.
Kyoto, c'est pas parce que les objectifs ne sont pas atteignables que le Canada et les États-Unis s'en balancent. C'est parce que ça ne rapporte pas assez.
Pas autant que le sable bitumineux ou le gaz de shiste en tout cas.
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