jeudi 13 février 2014

Libres, Menottés

Il y à un peu moins d'un an, Jason Collins marquait l'histoire du sport professionnel en Amérique en affirmant qu'il était homosexuel.

Il portait d'ailleurs le numéro 98 par référence au terrible crime haineux perpétré contre Matthew Sheppard en 1998.

Jason Collins était un joueur de basketball de 34 ans évoluant dans la prestigieuse NBA au sein des Wizards de Washinton. Il avait commencé la saison avec les Celtics de Boston.

Il prenait le micro en avril et disait: " I'm a 34 year-old NBA Center, I am black and I am gay". En trois petites phrases, les bien pensants de la vertu faisait de cet aveu un geste de courage et de grande bravoure.

Ce qu'un tel aveu est toujours, il faut le reconnaître.

On traitait la nouvelle comme un bel exemple de tolérance et d'inclusion de la part d'un des 4 plus grands circuits professionnels de sports d'équipe d'Amérique. On rêvait que plusieurs autres fassent de même dans les autres circuits d'importance.

On négligeait toutefois de parler du terrible effet pernicieux qui menaçait de se pointer.

Collins était joueur autonome à la fin de la saison 2012-2013 de la NBA.
C'est-à-dire qu'il n'avait plus de contrat. Que toutes les équipes de la ligue étaient libres de leur offrir un poste au sein de leur club. Qu'il devenait agent libre.

Voilà! vous avez devinez ce qui s'est passé?
Le fameux geste "d'inclusion" s'est transformé en total rejet.
AUCUN club des 30 qui composent la ligue ne lui a offert de poste.

Collins, à 34 ans, était-il un joueur fini?
Peut-être, mais nous ne le saurons jamais vraiment.
Ce qu'on retiendra, car la pensée de la masse ne fait jamais dans la nuance, c'est qu'une fois son homosexualité révélée, le joueur gay a été poliment poussé vers les lignes de côtés.

Ce geste que l'on a décrit comme "...this is all about acceptance..." s'est retourné contre celui qui demandait à être aimé et personne n'en a voulu cette saison.

Acceptation...ouais...bon...

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Vous connaissez Micheal Sam?
Il s'agit d'un colosse de 225 livres, joueur de football, ailier défensif, de l'Université du Missouri aux États-Unis.

Il porte le nom de son père et a (avait) 7 frères et soeurs. Le père a quitté la famille assez tôt après l'arrivée du 8ème enfant.
L'une de ses soeurs est décédée à l'âge de 2 ans, noyée.
Un de ses frères a été abattu lors d'un vol par effraction qui était un test afin de devenir membre d'un gang de rue.
Un autre de ses frères a été porté disparu depuis 1998. On le cherche toujours.
Deux autres de ses frères sont en prison.

La douleur, il connaît. Il pourrait peut-être en être imperméable.

Il affiche des chiffres fort intéressants pour sa position. Il a participé au Senior Bowl, qui souligne le travail des étoiles du football collégial. Il menait alors l'association du Sud-Ouest au chapitre des sacs du quart  avec 11,5 et des plaqués pour des pertes (19).

Il sera éligible au repêchage de la plus-que-prestigieuse NFL en mai prochain.

Cette semaine, il révèlait qu'il était homosexuel et fier de l'être.

Après tout, Collins était en fin de carrière, et les chiffres de sa dernière saison au Basketball n'étaient pas fameux.

Micheal Sam est en début de carrière et offre de très bonnes statistiques qui promettent un bel avenir.
Si on lui en offre un.

Sera-t-il accepté comme tel dans la NFL en mai?
Le vrai test de l'acceptation se fera là.

Entre temps,  Micheal Sam, Père, a perdu l'appétit en apprenant la nouvelle par messagerie texte de son la part de son fils.

Courageux, mais triste à la fois.
Libre, avec une main menottée.

Si Sam est repêché, ça donnerait au moins un argument à Collins dans ses conférences encourageant les gays dans le placard à en sortir.

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