samedi 22 février 2014

Bijou Noir

Steve McQueen, pas le blanc ricain aux yeux bleus décédé en 1980, le réalisateur noir britannique bien vivant et coloré de tant de talents, n'est peut-être pas le favori pour gagner l'Oscar de la meilleure réalisation le 2 mars prochain, mais si il se mérite la statuette, il marquera à son tour l'histoire d'Hollywood.

Seulement deux autres réalisateurs noirs ont un jour été nommés dans cette catégorie: John Singleton en 1992 pour l'excellent Boyz 'n the Hood et Lee Daniels en 2009 pour Precious.

La rumeur favorise le réalisateur d'origine mexicaine Alfonso Cuaron qui a déjà été nommé pour le scénario de Y Tu Mama Tambien et pour la direction artistique d'A Little Princess,  qui a franchement brillé derrière la caméra pour Harry Potter & The Prisoner of Azkaban mais aussi pour Children of Men, serait le candidat pour lequel les astres s'enligneraient afin d'être récompensé d'une statuette pour ses efforts dans le thriller existentiel spatial Gravity. 

McQueen, si il gagne, marquerait l'histoire des Oscars de la même manière que Kathryn Bigelow l'avait fait en 2009 en devenant la première femme à rafler la précieuse statuette.

L'année 2013 a d'ailleurs été très bonne pour les artistes noirs. Particulièrement au pays du président Obama.

Outre McQueen et son fameux 12 Years a Slave, déjà récompensé de multiples fois à travers le monde, Ryan Coogler avec Fruitvale Station a raflé les grands honneurs a dernier Festival de Sundance. Le film raconte l'histoire vraie de la mort d'un jeune adolescent noir, tué par la police à Oakland.

42 raconte l'histoire de Jackie Robinson, fameux athlète qui a changé le cours de l'histoire sportive de Montréal, étendant ses exploits ensuite aux États-Unis.

The Butler de Lee Daniels a aussi été salué partout, mais il semble que l'association avec Oprah Winfrey ait peut-être créé un certain effet snob pour les Oscars.

Sans être salué par la critique, les films saisonniers The Best Man Holiday et A Madea Christmas ont fait résonner les cai$$eS aux États-Unis.

Bien qu'il soit toujours difficile de "quantifier l'évolution" il semble que depuis le début des années 90, qui ont vu éclore les talents de Mario Van Peebles (fils de Melvin), Spike Lee, Keenen Ivory Wayans, Singleton ou Will Smith, la présence des noirs au sein des postes principaux au cinéma se soit grandement améliorée.

Depuis Hattie McDaniels en 1939 à qui on avait donné un Oscar pour un rôle qu'elle connaissait trop bien (celui d'une servante/esclave dans Gone With the Wind), on avait bien nommé Ethel Waters 10 ans plus tard pour le rôle complexe d'une femme noire mixte qui se faisait passer pour blanche, mais il avait fallu attendre les années 60 avant de voir un acteur noir jouer autre chose q'un serviteur ou un esclave. Cet acteur était Sidney Poitier. Premier acteur noir récompensé par un Oscar.
Ceci, le mouvement des Black Panthers aux États-Unis, Malcolm X, Martin Luther King, OJ Simpson, James Brown, Muhammed Ali ont fait en sorte de donner naissance au phénomène de blackploitation des années 70.

Puis les années de conservatisme Reagan/Thatcher sont venues éteindre toute cette éclosion d'égo.

Denzell Washinton et Halle Berry ont raflé la statuette la même année en 2001 et Morgan Freeman et Forest Whitaker, Jamie Foxx, Mo'nique et Octavia Spencer ont aussi fait de même par la suite, mais on attend encore le producteur noir qui gagnera le premier Oscar.

Si 12 years a Slave gagne l'Oscar du meilleur film le 2 mars prochain, il n'y aura parmi les 7 producteurs gagnants pour ce film qu'un seul noir.

Steve McQueen, lui-même.

L'homme au sommet de la pyramide dans son art.

Le noir le plus lumineux derrière la caméra.

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