jeudi 20 février 2014

Le Poids du Monde Entier sur de Si Frèles Épaules

Nous quittons pour le Mexique le 1er mars.
Jusqu'au 8.

Ça rend les choses très très compliquées pour mon employeur dans le Vieux-Port.

Théoriquement, puisque j'ai été embauché à l'entrepôt en octobre, je n'ai droit à aucune vacance.

Du 5 janvier au 13 dernier, j'étais en croisière dans la Méditerrané à cause du succès de l'amoureuse à son travail à la banque.

Du 1er au 8 mars, nous serons à Riviera Maya, cadeau de ma mère, qui était sur l'héritage de mon père quand il est décédé en 2009. Un voyage par année avec la famille d'un des enfants. L'an dernier c'était la famille de Greenjelly avec ma mère. L'autre année d'avant la famille de Janiper Juniper avec ma mère. Cette année, nous. Coïncidant avec la semaine de relâche des kids.

Mais mon employeur se moque pas mal de tout ça. Il pense rentabilité et profits. Ça ne l'a pas trop écoeuré quand j'ai quitté en janvier car, en théorie, nous étions slaqués le 5 et peut-être réembauchés par la suite. Si ils nous aimaient suffisamment. Ce qui fût mon cas. On a eu un petit papier qui nous demandait de spécifier nos dates de congés souhaités pour l'an prochain. Entre le 31 mars 2014 et le 30 mars 2015.

Moi, le baveux, je leur envoie du 1er au 8 mars, suivi de la dernière semaine de juillet et la première de août qui seraient les premières vacances sur lesquelles l'amoureuse et moi auraient déboursé de leurs poches, ce que nous avons fait de toute façon. Avion et chambre: 17 jours. Myrtle Beach.

Christ...
17+7....24 jours! 

Alors que j'ai droit à 0.

Mais comme je l'ai expliqué dans une longue lettre, il s'agissait cette année, d'une année d'exception. Que ceci représentait les derniers vestiges de "l'avant entrepôt". Quand nous avons booké/payé ses dates, je ne travaillais qu'à partir de la maison et mon emploi du temps, comme traducteur pigiste uniquement, est en général beaucoup plus facile à gérer à mon rythme.

Rythme dont mon entrepôt se contrecrisse.

J'avais remis ma feuille et ma lettre d'explication, mais n'avais pas reçu de nouvelles encore sur mes exigences que j'avais aussi appelé correctement dans ma lettre d'explications "de désagréables faits accomplis" (duquels je m'excusais et acceptais du coup de perdre mon emploi, si il fallait en payer le prix).

Plus les jours avançaient, moins j'en avais de nouvelles.

"Ils ont jusqu'au 28 février pour te répondre" me disait une collègue.
Duh! donc le 28 dans la nuit, je saurais si je peux partir moins de 24 heures plus tard?
Absurde.
Mais mes demandes l'étaient aussi.

C'est con mais même si je vivais très bien avec l'idée que je ne travaillerais peut-être plus à l'entrepôt, l'argent que j'y gagne, et y perdrait en n'y travaillant plus, m'angoissait un peu. Ce silence sur ma semaine de relâche m'était inconfortable.

Puis, l'horaire est sorti et fût affiché dans la salle des employés jusqu'au 2 mars, lundi dernier.

Je travaillais le 1er et le 2...
J'ai peu dormi dans la nuit du lundi au mardi. Je jonglais mentalement. Que se passera-t-il? Perdrais-je ce second emploi? Étais-ce une bonne idée de garder ce second emploi? de le perdre? Je ne savais plus.

De plus, un autre employé m'avait confessé qu'on lui avait refusé ses vacances et il devait annuler un voyage prévu et prendre son assurance-voyage. Assurance que je n'ai pas personnellement.

Je n'ai pas osé en parler au gars responsable des congés le jour (la nuit) même, car il prononcer les mots "calisse" et "tabarnak" un peu trop souvent. Mais la nuit suivante, du lundi au mardi, j'étais lourd le long du mur à attendre le passage de cet homme pour lui parler de ma situation.

"James...tu m'as mis à l'horaire le 1 et le 2...je suis hors du pays du 1er au 8..."
"Ah oui?...l'horaire est-il fait jusqu'au 2?"
"oui..."
"Ouin tu m'avais dit ça...mais les vacances c'est pas avant..." a-t-il commencé avant de baisser les yeux et de laisser son côté professionnel tomber à mes pieds.
"O.K. viens avec moi, je vas corriger ça tout de suite"

Ce fût un charme. J'ai eu l'impression de perdre 189 livres d'un seul coup. J'ai texté l'amoureuse, tout énervé, sans réaliser qu'il était 3h57 du matin.

Je me sentais si léger que j'ai acheté une bouteille de cidre de glace à consommer à la maison après mon shift pour fêter ça.

Puis une fois à la maison, j'ai bougé un peu rapidement, avais mis ma bouteille de cidre sur une pochette extérieure de mon sac à dos, endroit d'où la bouteille s'est expulsée pour aller exploser contre le sol de mon garage.

J'ai dû dire "Tabarnak" 189 fois.
J'ai bu 189 bières pour me venger.

Puis j'ai été voir sur le net ceci.

Et j'ai compris que je n'avais en rien tout le poids du monde sur mes épaules, comme je le croyais.
Pas comme Ellen.
Ça, ça doit être lourd. Son discours m'a beaucoup ému.
On sentait qu'elle se libérait d'un poids énorme.
Ce 8:38, où sa voix brise sans arrêt, est la somme des 27 ans de vie qu'elle aura demain.
Ellen Page vient de naître.

C'est pas rien.
Et les mots "Let's stop being so mean to one another" sont si simples et si justes.

Je ne sais sur quelle planète mentale se situent les paradeurs de France qui sont aussi "contre" l'homosexualité que l'on peut être "contre" la mort de Jimi Hendrix...

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