lundi 26 septembre 2022

À La Recherche Du Temps Perdu*************************Le Labyrinthe de la Solitude d'Octavio Paz

Chaque mois, dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parle de l'une de mes trois immenses passions: La littérature.

Lire c'est accepter de naviguer dans la tête de quelqu'un d'autre. C'est choisir de s'ouvrir les sens, de sortir de ses silos de pensées, de s'ouvrir des horizons, de se confronter à des réalités nouvelles, d'y plonger, c'est danser sur des beats d'ailleurs, se nourrir d'idées nouvelles, c'est apprendre à respirer sur le souffle d'un(e) autre. 

Et respirer, c'est vivre. 

LE LABYRINTHE DE LA SOLTIDUDE D'OCTAVIO PAZ.

1950. Octavio Paz est déjà un grand poète mexicain de 36 ans. Dans 27 ans, il gagnera le Jerusalem Prize, 4 ans plus tard, le Miguel de Cervantes Prize, un an plus tard, le Neustadt International Prize for Littérature et finalement, en 1990, à 76 ans, il rafle le Prix Nobel de Littérature, en Suède. 

Son essai de 1950, divisé en 9 parties, est à la fois poétique et l'une des plus fameuses oeuvres qui séduira autant qu'elle dérangera. Les Mexicains ne sont pas tous reconnaissants du portrait qui y est fait d'eux dans l'essai. On y critique, entre autre, le machisme espagnole du Mexique. Les rôles genrés dans les foyers familiaux, ce qui est très en avance sur son époque, nous sommes tout de même en 1950 et les traditions genrées sont bien ancrées partout dans le monde. 

Le Pachuco et Autres Extrêmes, Masques Mexicains, Le Jour des Morts, Le Fils de la Malinche, La Conquête et la Colonisation, De l'Indépendance à la Révolution, L'Intelligence Mexicaine, De Nos Jours et La Dialectique de la Solitude sont les 9 sous divisions thématiques du livre. Qui sont autant de chapitres de l'Histoire, avec un grand H, du Mexique et de son peuple. Après 1975, quelques éditions contiendront aussi l'essai Post Data, qui parle du massacre des étudiants de 1968, en rajout de ce qu'il avait écrit, 18 ans avant. Ce qui avait suscité une telle controverse, car il pointait le gouvernement dans ce drame, qu'il avait été forcé d'abandonner son rôle d'ambassadeur en Inde, suite à la vague négative qui avait circulé, à l'intérieur du gouvernement, duquel il faisait maintenant partie. 

Paz y parle nécessairement identité, tricote un labyrinthe existentiel, dans un profond élan de solitude auquel il revient continuellement. Son argument est que nous sommes tous seuls, continuellement. Et que c'est une condition humaine profonde et saine. Nous sommes la seule espèce vivante qui peut prendre conscience de sa solitude et qui cherchera à la vaincre, une partie de sa vie, en s'accrochant à d'autres.  Mais pour quoi au juste ? Pour parfois vouloir tuer l'autre et presque tout le temps se place en confrontation avec la nature. L'Homme, avec une grand H, se réalise dans la communion. Et quand il prend conscience de lui-même, et de son envie de l'autre, ne peut ainsi que mesurer le poids de sa propre solitude. 

Pax analyse l'histoire du développement social du Mexique dès la période précolombienne. Une culture particulièrement riche dans la révolte de 1910. Il dresse le portrait d'humaniste qui formeront les premiers intellectuels mexicains. La solitude mexicaine serait responsable de leur vision de la mort, des fiestas, de leur identité. La mort est aussi célébrée que pleurée en raison de l'incertitude autour de ce qui suit la mort. Les fiestas expriment le sens de la communauté, crucial dans le dévoilement du vrai Mexicain, qui trop souvent, porte le masque du déni de lui-même. L'identité a été fragmentée en deux cultures distinctes, la culture espagnole et la culture indigène. 

La vision de l'intellectuel de Paz est celle du poète ou de l'artiste de la pensée qui se tiendrait loin de la politique, car il ne peut pas être influencé, motivé, inspiré des la ligne d'un parti pour se définir et définir son peuple. Il ne peut pas se conformer, le Mexicain doit être, et non suivre. Ceci causait aussi controverse. 

La dureté mexicaine est aussi critiquée, appel à la tendresse qui n'avait pas été nécessairement bien reçu car il suggérait, selon certains, tout le contraire, un côté efféminé de l'homme mexicain, ce qui était une très mauvaise lecture de ce qu'il avait produit. Il s'inspirait davantage des oeuvres de T.S.Eliot dans les rôles sociétaires de son pays, qu'il adorait. Pays, qui avec le temps l'adorera tout autant. 

Cette analyse du Mexique "moderne" de 1950, de la personnalité qu'elle se gagnait, est instinctive de sa part et ce sont le nihilistes qu'il dénonce dans son essai.   

Puisque le machisme y règne encore, que l'identité mexicaine se redéfinit encore beaucoup, ce livre reste pertinent, ne serais-ce que pour la poésie sud américaine d'une des plus belles plumes d'Amérique. 

Le Mexique vit des temps durs avec plus de 200 000 morts de manière violente dans les seules 3 dernières années. 

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