samedi 22 août 2020

Vieux Tigres Blessés

Je dois de plus en plus porter mes lunettes. Je vieillis. 

Mon beau-père, encore plus. De mon côté de la famille, il ne me reste que ma mère. Je ne la vois pas tellement souvent. Pas autant que mon beau-père, qui est aussi notre ressource quand vient le temps de se débrouiller manuellement autour d'une maison. Et comme notre maison a tout juste 1 an et 2 mois d'habitation (dans 4 jours), il y a toujours plein de petites tabarnak de patentagosses à faire. De l'électricité ici, de l'étanchéité là, du coulis, de la marde

Il voulait être chirurgien. Mais son père à lui l'a, plus jeune, redirigé vers la comptabilité. Il a toujours regretté ce choix de vie. Il aurait été un sapré chirugien. Faut le voir opérer avec minutie toutes les horloges (une passion pour lui) qui peuplent son chez soi. Il est d'une minutie et d'une habileté/finesse remarquable. 

Mon beau-père est le plus vieux des aînés impliqués dans nos familles communes à l'amoureuse et moi. Il a 77 ans. Je ne lui parlerai pas de la condition physique de Mick Jagger au même âge, il pourrait être insulté. Il a toujours été dur d'oreille. Sa conjointe a aussi des problèmes, plus sérieux encore, d'audition. Au point de devoir se retirer par moments dans les soirées animées parce que les sons deviennent trop confus, pour elle. Mais dans nos dernières visites, ça devenait frappant de voir à quel point ils perdent tous les deux facilement le fil des conversations. Ça donne des scènes assez absurdes ou des conversations sur beaucoup de rien peuvent vraiment s'étirer longtemps. 

"Oh je n'avais pas remarqué que vous aviez changé les rideaux dans le salon?"

"Oui? le savon?"

"Non le SALON, j'aime ça"

"Moi aussi, mon savon préféré sent la lavande"

Si on ouvre la télévision, on comprend vite qu'on est chez 2 sourds, le son nous éclate les oreilles. Si vous étiez à moitié endormi, vous êtes maintenant éveillé. 


Pour mes enfants, le clivage technologique est important entre parents et grands-parents. Et souvent, source d'humour pour eux. Si nous on comprend bien, avec leur aide parfois, leurs grands parents sont toujours relativement confus avec les réseaux sociaux, les applications et les textos. Le beau-père, plus que les deux grands-mères. 

^P

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Je pt

Sont trois choses que grand papa nous as envoyé à certains moments. Je pt récoltant les plus grands rires puisque mes enfants avaient décidé qu'il voulait nous partager qu'il pétait. Mon fils a même dû être retenu pour ne pas lui demander si il digérait son souper par texto.

Il a voulu s'organiser tout seul une fois, et simplement changer sa photo sur Facebook. Mais il a complètement changé de compte. Et la nouvelle photo, qu'il avait bravement géré lui-même, était brouillée, pas tellement bonne et le montrait de côté. C'est à dire souriant, oui mais désorientée. Elle l'est toujours. Ça a confus bien des gens qui pensaient qu'on l'avait piraté et qu'on essayait d'appâter avec cette maladresse. Les enfants ont trouvé très drôle, mais pas le principal intéressé. Il en voulait à Facebook et dieu que c'était donc con les réseaux sociaux. 

"Bon! puisque tu m'as flushé, je vais me déconnecter" a-t-il maugréé cybernétiquement cette semaine par erreur, à ma fille et à ma conjointe (sa fille) par texto.

Ça a fait rire ma fille, mais moins ma blonde. On peut flairer de grandes impatiences et de l'abandon dans les écoutes quand on va le voir, lui et sa conjointe. C'est inconfortable. Et le ton du texto confirmait encore une certaine impatience envers sa conjointe. Il s'est rendu compte de son erreur et a vite dit "Oh Erreur, c'était pour Ursule!" confirmant aussi une animosité entre les deux. Animosité animée d'impatience de plus en plus palpable quand on les visite.

Cringe est le mot anglais qui décrit comment on se sent quand on surprend de tels inconforts intimes autour de ceux qu'on aime.

Mais j'ai aussi vécu un inconfort tout à fait du même genre cette semaine, de la part d'un autre vieux tigre blessé, que je n'aime pas du tout celui-là. Pas besoin de vous préciser tout de suite qui, fidèles lecteurs vous savez déjà de qui je parle. 

Barack Obama a fait un discours durant la convention de la présidentielle démocrate qui a eu lieue depuis lundi. Chaque fois que Barack a fait un discours dans les trois dernières années, tout le monde a tendu l'oreille. Ça faisait du bien d'entendre un ancien président parler comme un actuel président. Le président en place n'ayant pas souvent paru si présidentiel en trois-quatre ans. C'était comme si un adulte revenait mettre les pendules à l'heure, à chacune des intervention d'Obama. Et ça nous rappelait avec nostalgie, à quoi ressemble un vrai leader quand vient le temps de se présenter aux caméras. 

Donald Trump ne se présente aux caméras que si il peut en tirer avantage. Sa manière de communiquer privilégiée reste toujours le fil de communication Twitter. Avant, pendant et après les allocutions démocrates de cette semaine, Trump a tweeté ses commentaires. 

Il les as en fait aboyé. PARCE QUE TOUT CE QU'IL ÉCRIVAIT ÉTAIT EN MAJUSCULES.

JE NE L'AI PAS LU PARCE QUE LES GENS QUI CRIENT, ÇA AGRESSE. JE N'ÉCOUTERAIS PAS QUELQU'UN QUI CRIE. JE NE LE LIRAIS DONC PAS NON PLUS.MAIS JE SAIS QU'IL CRACHAIT DU VENIN SUR LES INTERLOCUTEURS DÉMOCRATES QUI LE DÉCRIAIENT EN ONDES À LA TÉLÉ. LE PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS EST CHANCEUX, IL A TOUJOURS LE TEMPS D'ÉCOUTER LA TÉLÉ. 

 IL N'Y A QUAND CRIANT JUSTE QU'ON ARRIVE À ENTERRER CEUX QUI CHANTENT FAUX, MAIS QUAND ON CRIE FAUX...

En avez vous assez que j'écrives en majuscules?

Sans comparer mon beau-père, nettement plus intelligent que DJT, au président des États-Unis, j'ai reconnu le même type de faiblesse manuelle face aux technologies nouvelles. 

Nouvelles par rapport à ce qu'ils ont connu facilement 65 ans durant, avant.

Le premier ministre Legault s'est aussi couvert du même genre de ridicule cette semaine en commentant longuement pour la 3ème fois des tweets (des tweets christ!) d'un journaliste scientifique de la Gazette. Fausse balle, François. C'est comme un athlète sportif se battant avec un spectateur en plein match. Plutôt pathétique. 

Les États-Unis éliront un président de 74 ans ou un président de l'âge de mon beau-père le 3 novembre prochain.

Biden aura même 78 ans, 17 jours après le 3 novembre. 

Un homme de 78 ans plongé dans le chaos laissé derrière par un autre de 74, ou un homme de 74, chaotique et confus...

Le leadership Étatsunien vieillis aussi. 



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