lundi 3 août 2020

Alan William Parker (1944-2020)

Alan est né dans un milieu modeste à Islington, dans le Nord de Londres, l'un des 57 jours où l'Angleterre a été bombardée par des raids allemands. Élevé dans une cité, ça lui donnera une attitude de classe ouvrière toute sa vie, puisque baigné dedans. 

Ses oncles l'initient très tôt à la photographie. Mais jamais il n'aspire à faire du cinéma. Dès ses 18 ans, il se déniche un emploi en publicité dans le but précis d'y rencontrer des filles. Il commencera au bas de l'échelle comme courriériste, puis y apprendra à écrire pour la télé. Il travaillera pour une importante agence de pub et y fera les importantes rencontres de David Puttnam et Alan Marshall, futurs producteurs de plusieurs de ses films. C'est Puttnam qui l'inspire et le pousse à écrire son premier film (tourné par un autre) en 1971. 

En 1968, il dirige maintenant des publicités télé. Son école de réalisation, comme bien des réalisateurs, sera la pub. Deux ans plus tard, Alan Marshall et lui joignent leurs forces pour lancer leur propre maison de pub, qui gagnera de nombreux prix.  Son premier film sera écrit et tourné en 1973. Une histoire d'amour dans le blitz des 57 nuits de bombardements de l'Angleterre. Alan Parker naissait. Sans expérience de longs métrages, il ne réussit qu'à le vendre à la télévision. Mais ça attire l'attention d'un producteur qui lui propose de tourner l'histoire de jeunes étudiants de l'école primaire, forcés d'évacuation pendant la Seconde Grande Guerre. Le film est aussi acheté pour la télé et cette fois gagne 2 prix, un BAFTA et un Emmy. 

Parker a alors 4 jeunes enfants. Afin de plaire, et à ses enfants et à leurs parents, il écrit et tourne son premier film à lui, Bugsy Malone, inspiré des films de gangsters traditionnels, mais avec exclusivement un casting d'enfants. Un excellent film. Jodie Foster, dans une année fantastique pour sa carrière, y brille. Musical et très drôle. Candide. La musique sera toujours un élément majeur de ses oeuvres. 

Il voudra toujours faire des films différents des films précédents. Voilà pourquoi il accepte de tourner le premier scénario d'Oliver Stone, Midnight Express, adapté du livre autobiographique de Billy Hayes. Celui-ci avait tenté de faire passer du hashish en Turquie, s'était fait coincer et a été torturé en prison Turque. Avant de réussir à s'en évader. Stone gagne l'Oscar du meilleur scénario et Giorgio Moroder, celui de la meilleure trame sonore. Parker et son film seront aussi nommés et ceci lui permet maintenant de vraiment pouvoir choisir ses projets à partir de maintenan. 

Fréquentant les étudiants de la New York City's High School of Performing Arts, il leur emprunte à peu près tout pour adapter ce que Christopher Gore écrira pour lui sur la vie de 8 danseurs dans Fame. Un immense succès populaire, radio avec sa chanson thème, et qui verra naître une série télé, inspirée du film. 

Son film suivant sera plus personnel et traitera de séparation de couple, ce qui le force à examiner sa propre vie personnelle tellement le sujet se rapproche de sa propre vie. Il prétend que le tournage a été difficile mais que son mariage en est sorti plus fort (bien que 10 ans plus tard, ils divorcent). 
La même année, il met en images le scénario de Roger Waters et tourne The Wall. Un formidable film musical visuel et sonore valorisant les talents de Pink Floyd, Bob Geldof, Gerald Scarfe et de Parker lui-même. J'ai ce film dans ma large besace. 

Il réussit ensuite le tour de force de mettre en images la poésie de William Wharton, qui racontait le retour de deux éclopés moraux de la Guerre du Vietnam.  Toujours sensible à l'univers sonore, Parker voit Peter Gabriel faire de petits miracles avec la bande son. La photographie de Micheal Seresin est aussi fabuleuse. C'est un grand succès critique. 

Trois ans plus tard, Mickey Rourke, Robert DeNiro et Lisa Bonet sont les vedettes de son film infernal. 

En 1988, on s'inspire d'un fait réel, l'assassinat de trois activistes noirs des libertés civiles pour les humains à la peau noire, en 1964, et le film aura pas moins de 7 nominations aux Oscars. 

Son projet de 1990 sera le traitement des americano-japonais suivant le bombardement de Pearl Harbor. 

Un an plus tard, pour un de ses meilleurs films, Parker fait confiance à des non-acteurs pour tourner une brillante comédie sur des Dublinois voulant se monter un band soul. La musique y est fameuse et le film est un grand succès. 

En 1994, on reste dans la comédie pour parler John Harvey Kellog, médecin, nutritionniste, inventeur, activiste de la santé, eugéniste, homme d'affaires et très particulier personnage. 

En 1996, il adapte la comédie musicale Evita avec Madonna dans le rôle titre et Antonio Banderas.

Il retourne en Irlande pour l'un de ses derniers grands films en adaptant le best seller de Frank McCourt. 

Son dernier film sera plus ou moins raté, traitant de la peine de mort, et tellement mal reçu par la critique, il ne tournera plus de longs métrages. Est-ce relié? Peu importe. Sa santé décline de toute manière. 

C'est un très habile réalisateur qui nous as quitté, ami de l'Irlande, amoureux des images et des sons, à l'âge de 76 ans, vendredi dernier.

Décédé d'une longue maladie, mais nous laissant derrière, de jolis bijoux visuels et sonores.   

Aucun commentaire: