lundi 24 août 2020

À La Recherche du Temps Perdu**************La Bête à Sa Mère de David Goudreault

 Chaque mois, dans les 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans les 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parle de l'une de mes trois immenses passions: La littérature.

Je vous parle d'un livre qui m'a plu par son sujet, ses choix, comme toujours, par son audace, sa créativité. par ce qui m'a ouvert les yeux et les sens. Lire c'est explorer le monde autrement. C'est alimenter sa tête. C'est naviguer dans de nouveaux horizons. C'est comprendre, affronter ou découvrir des mondes. Des univers. 

Lire, ce n'est pas complètement travailler pour moi, qui suis traducteur, puisque je lis absolument tout le temps. Et partout. Je ne me rends pas toujours compte quand je lis et j'ai même pensé longtemps que je mourrais en traversant un coin de rue, un livre entre les yeux et non sur la voiture qui s'en vient. Lire, pour moi, c'est une extension de mes poumons.

Lire, ça peut être réapprendre à respirer, et respirer, c'est aussi vivre.

LA BÊTE À SA MÈRE de DAVID GOUDREAULT

Goudreault est travailleur social, écrivain, poète, champion mondial slammeur, animateur d'ateliers d'écriture pour les gens en prison, compositeur de textes à chanson. David Goudreault est crissement bon. 

Son personnage, sans nom, puisqu'il s'agit d'un jeune abandonné de la vie, qui passe de famille d'accueil en famille d'accueil cherche à retrouver sa mère. Mais il a éduqué par les livres, qu'il a consommé de manière vague puisqu'il passe son temps à citer erronément les auteurs, les titres et les noms. L'humour est une large part de l'écriture de Goudreault, travailleur social, je le répète, qui connaît trop bien le sujet dont il traite et le présente avec autant d'humour que de cruauté. Le personnage est fier psychopathe aspirant à devenir membre de la Mafia. Pour le moment toutefois, il veut de la tendresse qui lui a manqué de la part de sa mère et la trouve dans le coin de Sherbrooke, la harcelant avec toute la maladresse possible. Il se déniche un emploi à la SPCA, ce qui ouvre la porte à de la cruauté animale traité avec légèreté. Mais qui expose clairement la pathologie du personnage. Aussi amusant (souvent à son insu) que cruel, je le répète.

Le livre est le premier d'une trilogie mettant en vedette ce pauvre personnage abandonné par la vie, qui s'en rêve une tout croche et qui l'a rend si amusante à lire. Goudreault habille son texte d'une admirable poésie, parfois même comique. Il y va d'images fort intéressantes, de liens assez lucides et d'une critique relativement claire de certaines positions sociales et décisions gouvernementales. Il se joue de gros préjugés Québécois, et ils y passent tous. Que ce soit du racisme au sexisme en pensant par les simples théories du complot. Si son personnage n'est pas toujours subtil, et parfois même assez cru, l'auteur brille dans la suggestion de certains moments qui n'ont pas besoin de dessins. Et les clins d'oeil à de multiples références culturelles, volontairement trompées par l'auteur (mais lancées avec assurance par le narrateur) sont extrêmement amusante pour ceux qui arrivent à les saisir. Et je dirais qu'elles sont toutes assez facilement saisissables. 

Les trois livres sont relativement courts. Ou se lisent très vite. Ou les deux. Ils sont formidables.

Goudreault est formidable.

Le deuxième tome se nomme La Bête et Sa Cage et le dernier La Bête à Abattre. J'ai ça chez moi en trilogie appelée La Bête Intégrale et j'ai dévoré les deux premiers. 

Drôle, lucide, poètique, cruel, brutal. 

Burlesque et coloré.

Joliment Québécois.


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