dimanche 9 août 2020

Cinema Paradiso******High Noon de Fred Zinneman

Chaque mois, dans les 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans les 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parle de l'une des mes trois grandes passions: Le cinéma. 

Je vous parle d'un film qui m'a charmé par sa réalisation, son inventivité, son audace, sa cinématographie, sa distribution, ses thèmes, son époque, sa musique, souvent tout ça à la fois. 

Bref, je vous parle d'un film dont j'ai aimé tous les choix. 

J'y ai étudié et y ai travaillé et si je suis sorti du cinéma, le cinéma ne sortira jamais de moi.

Un film restant encore le voyage le moins coûteux à faire dans une vie. 

HIGH NOON de FRED ZINNEMAN

Le style western a toujours été prisé depuis la naissance du cinéma. L'idée de l'homme qui se fait tout seul, épris de justice, nomade, se débrouillant avec peu a été tourné et repris maintes et maintes fois depuis les années 20 jusqu'à nos jours. Mais les fans de ce genre sont souvent réunis sous le même esprit conservateur. 

En 1952, les États-Unis sont terrorisés par le communisme et en pleine Guerre de Corée. Pendant la production du film, le scénariste Carl Foreman a été appelé à témoigner devant la commission des activités non-Étatsunienne (whatever that means, une activité Étatsunienne c'est quoi? tuer un noir?) accusé de propagande communiste aux États-Unis ayant été pendant un temps, membre du parti communiste. Mais il refuse de dénoncer quiconque. Il est alors étiquetté "témoin non coopératif", ce qui le vulnérabilise et le rend éligible à la liste noire qui naîtra bientôt. Stanley Kramer, producteur du film, n'aime pas. Il a peur d'être associé à ça erronément et demande à Foreman de se dissocier du projet. Foreman menace de le dénoncer (faussement) comme propagandiste communiste. Une entente survient, il reste avec la production, vend ses parts à Kramer vers la fin du tournage et part vivre en Angleterre, conscient qu'il ne travaillera plus aux États-Unis. 

Le film raconte, en temps réel, l'histoire d'un shérif, dont le sens du devoir est testé quand il doit choisir entre faire face à un clan de filous, seul, ou quitter le tranquille village qu'il habite avec sa nouvelle jeune épouse. Gary Cooper avait 50 ans, Grace Kelly, 21...duh! passons...

On avait offert le rôle du shérif à John Wayne, mais il avait refusé, comprenant l'évidente métaphore contre la liste noire de Foreman. Quand Cooper reçoit l'Oscar du meilleur acteur, il demande à son ami Wayne d'aller chercher le trophée car Cooper est en tournage, en Angleterre. Wayne sera bon joueur. Mais détestera le film.

Tex Ritter, père de l'acteur John Ritter, aura un gros succès avec une chanson du film. Si grand qu'à partir de maintenant, ce qu'on ne faisait pas vraiment avant, on tricotera des chansons spécifiquement pour les films, dans le but précis de mousser et le film et le marché de la musique. 

Ce qui est fameux du film est que, contrairement à la tendance d'alors, il ne s'agit pas d'un western impliquant des scènes d'action, des batailles, et des poursuites, mais plutôt une film de dialogues, d'émotion et de débats moraux jusqu'à la scène finale. On a même droit à une scène complètement anti-cliché western avec l'héroïne sauvant le héros. 

Conscient qu'il ne tournerait pas des images grandioses de paysages et de poursuites spectaculaires, Zinneman a mis beaucoup de temps sur les innovations du montage. Elmo Williams et Harry W. Gerstad seront aussi récompensés aux Oscars pour leur montage fort original. C'est le père de David Crosby, Floyd, qui est auteur de la superbe cinématographie, récompensée d'un Golden Globe. Helen Ramirez devient la première actrice d'origine mexicaine à gagne un Golden Globe pour son rôle dans le film. Il s'agit du tout premier film de l'acteur Lee Van Cleef, qui brillera principalement dans les westerns toute sa carrière. Grace Kelly y est d'une beauté, comme toujours, surnaturelle. 

Les présidents Dwight Eiseinhower et Ronald Reagan ont tous deux dit que ce film était leur préféré. Bill Clinton l'a tant aimé qu'ils a organisé 17 visionnements de ce film à la Maison Blanche. 

Pas étonnant que ça plaise tant aux présidents, souvent forcés d'aller contre le vote populaire eux aussi, ne trouvant pas le support nécessaire, se sentant si seul contre tous. 

John Wayne trouvera le film si anti-Étatsunien (qu'est-ce qu'un Étatsunien, John? un étroit d'esprit?) qu'il fera Rio Bravo avec Howard Hawks en réponse à High Noon qu'il avait (jalousement) détesté. Par regret de ne pas avoir choisi d'y jouer, bien entendu. L'Union Soviétique critiquera aussi le film le qualifiant de glorification de l'individualisme.

Bien entendu, nous sommes tous pareils entre humains selon ces gens. Et Wayne a raison, les crises de consciences, les Étatsuniens dont il parle ne souhaitent jamais les affronter.  

Fameux film qui sera salué de 7 nominations aux Oscars, dont les trois plus importantes (qu'il ne gagnera pas) meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario. 

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