Inspiré par cet album d'Arcade Fire qui selon moi, fait déjà légion et dont je ne me lasse pas encore, je vous propose à partir de maintenant, et ce une fois par mois, un très très TRÈS personnel musée sonore d'incontournables albums qui ont su charmer mes oreilles au travers des années et qui le font toujours malgré le passage des années.
Habitués de ce blogue, vous savez que je suis très très intéressé par la zizik, forme de voyage facilement accessible et à peu de frais.
J'ai baptisé mon musée des albums incontournables de quatre mots tirés d'albums dont je ne causerai pas, conscient d'en avoir déjà assez causé ici.
Ils sont tous les quatres mémorables pour moi en ce sens qu'ils ont tous changé ma vie à leur façon. Ces quatre disques m'habitent complètement. J'en connais chaque son et ils me transportent encore de manière inexplicable dans des endroits toujours nouveaux même si les sons restent les mêmes. Ils atterissent juste à des endroits différents selon la météo mentale et physique.
"Blonde" pour Blonde on Blonde de Bob Dylan
"Idiote" pour The Idiot d'Iggy Pop
"Bassesse" pour Low de David Bowie
"Inoubliable" pour The Unforgettable Fire de U2
Par ordre de parution.
J'aurais pu rajouter The Suburbs d'Arcade Fire mais je m'accorde le droit de recul. Peut-être que dans 10 ans le voyage me paraîtra banal.
(tiens je viens de vous faire un top 5 vite fait sans m'en rendre compte!)
Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable, ç'est B.I.B.I., c'est-à-dire, moi.
C'est aussi la terminaison finale du mot "habibi" qui, en Irak, veut dire "mon amour".
Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable, c'est également parce que ça pourrait évoquer une maitresse, une erreur commandée par une appendice précise du corps.
Ce que la musique est très souvent.
Quand elle reste inoubliable pour les bonnes raisons.
(CAR ALBUM) PETER GABRIEL I
Juillet 1976. La tournée The Lamb Lies Down on Broadway, honorant l'album double du même nom de Genesis, band dont Peter Gabriel a été l'un des leaders depuis 10 ans vient de se terminer. Il était entendu que Gabriel terminerait la tournée et lancerait sa carrière solo. Il refusera presque toujours de nommer ses albums, trouvant qu'aucun titre ne peut réellement rendre justice à un ensemble d'états d'âmes disparates. Il fera toujours le strict mininum à ce niveau. Ne nommant pas du tout ses quatres premiers albums solos, connus selon les photos sur les pochettes ou par les chiffres I, II, III et IV et nommant les suivants de mots très courts (So, Passion, Us, Ovo, Up).
The Lamb Lies Down on Broadway fût un album excessivement théâtral. La tournée aussi.
Le premier morceau du premier album solo de Gabriel emprunte beaucoup à l'opéra rock justement. On me dirait que c'est une chanson abandonnée qui devait être de son dernier album avec Genesis que j'y croirais. Il multiplie les variations de tempo, les modulations de la voix (théatral) et fait référence à la chorée de sydenham, une maladie infectieuse du système nerveux central. Chanson d'ouverture qui fait un parfait pont pour un personnage qui quitte une scène pour en fouler une nouvelle.
Après avoir assisté à un concert de Bruce Springsteen, Gabriel anticipe sa carrière solo avec anxiété. Il écrit ce fabuleux morceau en 7/4 , devenu un incontournable de son oeuvre. Ce morceau acoustique ne ressemble en rien à ce que Gabriel écrit habituellement. Chaque couplet amène un nouvel instrument. Cette chanson n'a pas pris une ride depuis 1977, premier extrait de son premier album solo.
Troisième chanson, deuxième extrait lancé sur les ondes. Si Solsbury Hill a un succès modéré(mais imperrissable) lors de son lancement sur les ondes radios, Modern Love est un four. Les références phalliques, tel que les allusions à "son Vénus" , "son parapluie telescopique" et son "tuyau" sont précurseurs aux chansons tout aussi phalliques que seront Sledgehammer et Steam des années plus tard.
Excuse Me est tordante. Cette (rare)chanson co-écrite avec Martin Hall est à la fois inspirée des "Barbershop", du jazz, des chansons de cabarets allemands et du big band. Merveille vocale et musicale. Mon fils adore.
Humdrum est un croisement entre une ballade au piano, un arrangement au hautbois et un rythme latin. Elle raconte une évasion vers l'inconnu. L'aventure de Gabriel en solo en quelque sorte. Chanson extrèmement créative pour le Pete.
Slowburn est un morceau qui ressemble beaucoup à du Alice Cooper. Pas surprenant, Bob Ezrin, qui a produit, Berlin de Lou Reed, qui produira The Wall pour Pink Floyd, qui a produit Alice Cooper, produit aussi cet album pour Gabriel. La plupart des musiciens de l'album sont d'ailleurs des musiciens d'Alice Cooper.
La chanson suivante est un merveilleux blues dans la tradition de Randy Newman. Il avait d'ailleurs rencontré Newman en 1969 et a avoué s'en être profondément inspiré pour ce morceau. Fidèle à ses habitudes le tempo change, ou menace de changer pendant 7 minutes.
Down the Dolce Vita met en vedette le London Symphony Orchestra (qui était aussi en vedette sur le morceau d'ouverture). Cette chanson introduit les personnages de Aeron et Gorham pélerins de la mer. Ses deux personnages rencontrent Mozo, un personnage qui change les vies des gens qu'ils rencontrent. Mozo reviendra périodiquement dans les chansons On the Air, Exposure, Red Rain et That Voice Again.
Here Comes The Flood met aussi en vedette Mozo qui a l'habileté de lire dans les pensées. Cette chanson Ballardienne était un numéro très intime avec simplement Gabriel au piano. Bob Ezrin l'a habillé avec le London Symphonic Orchestra et Robert Fripp à la guitare. Toutefois, outre sur cet album, Gabriel jouera le morceau toute sa vie en spectacle comme il l'avait composé, piano et voix seulement.
Musique pour tapis brun dans son sous-sol, colline verte à Solsbury et lumière blanche sur maquillage à la cire.
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