Françis Scott Fitzgerald était un poivrot.
Un écrivain remarquable mais un ivrogne.
Ça l'a d'ailleurs tué à l'âge de 44 ans.
Irish punk.
Bien qu'il ait toujours soutenu avoir écrit son oeuvre à jeun, il faut noter que plusieurs passages dans ses écrits sont inspirés de ses cuites et sont rendues relativement bien. Il y a un parfum d'alcool dans les pages de plusieurs de ses romans. Si bien que cet été est sorti un livre sur la relation entre Fitzgerald et la bouteille intitulé On Booze.
J'aimerais offrir un toast à ce grand maitre du crayon et prince de la coupe à vin au travers de ses écrits les plus parfumés d'alcool.
Tender is The Night est un livre inégal qui romance les années, toutes aussi inégales, de vie de FSF avec son instable femme Zelda, femme qui pouvait facilement l'acoter à la bouteille. Le livre raconte l'ascencion et la chute (thème fétiche chez Fitz) du psychologue Dick Diver qui marie une de ses patientes obtenant du coup, d'intenses résultats autodestructeurs. Ce livre est le dernier livre complété du grand Fitzgerald.
Chaque page de ce livre est impreigné de lyrisme qui met en lumière le meilleur et le pire de Fitzgerald. Les personnages sont beaux et chics, les décors sont empreints d'élégance et d'opulence, on y trouve du romantisme, de l'idéalisme, de la fatalité et de la tendresse nocturne bien entendu.
Fitz visait l'ultime roman du dandy romantique mais tout comme le héros qui l'avait propulsé dans la gloire, Jay Gatsby, il ne réalisait pas que l'éclat de son aura était déjà derrière lui.
Et qu'il glissait vers l'ombre.
Il y a quand même dans ce livre de grands moments. Un duel sur un terrain de golf français qui se transforme en scène comique mais aussi une crise en Italie qui est le théâtre d'une troublante et réaliste scène de beuverie. Il y a, selon moi, plus de véritable lyrisme dans ses passages alccolisés que dans tous ses passages romantiques. En voici un exemple:
Clay erra dans l'espace. Dick termina sa bouteille et dansa avec la fille anglaise à nouveau, celle-ci à la conquête d'un corps peu disposé à se soumettre à d'audacieuses inclinaisons révolutionnaires sur le parterre. La chose la plus remarquable arriva soudainement. Il dansait avec cette fille, la musique s'arrêtta et elle disparut tout à coup.
"L'as tu vu?"
"Vu qui?"
"La fille avec laquelle je dansais...tout à coup disparue...elle doit être dans le building..."
"Non! Non! ça c'est la toilettes des femmes!"
En quelques lignes on sent excesssivement bien la désorientation mentale et physique et le débalancement que l'effet d'un excès d'alcool peut avoir sur le cerveau humain. Dans sa nouvelle May Day, Dean harcèle un serveur:
"Apportez-nous...apportez-nous" il parcouru le menu avec intensité "Apportez-nous 250 ml de champagne et euh...euh...prob...probablement un sandwich au jambon...je crois..."
Ne manque que le rot à la fin.
Dans Babylon Revisited, le protagoniste parle de ses amis continuellement comme de ses "chums de brosse".
Nick Carraway vit une expérience qui le transforme dans The Great Gatsby pendant le cocktail sur le gazon chez Gatsby:
"Je...Je n'ai pris que deux léchées de champagne dans ces petits bols et toute la scène devant moi s'est alors transformée sous mes yeux en quelque chose de significatif, d'élémentaire et de profond"
Comme Kafka avait créé la logique du rêve, Françis Scott Fitzgerald, à l'instar aussi de son ami et rival Ernest Hemmingway, était sujet à la logique du poivrot. Les distortions sensorielles, les comportements et propos qui dévient de la cohérence habituelle du personnage, les incroyables coincidences qui, étudiées à jeun semblent inévitables, prennent vie avec une grande clarté dans sa prose.
Si F.Scott Fitzgerald se mérite un prix Chinaski, il en a toutefois payé de sa vie.
L'alcool nous l'enlevant en 1940, trop jeune, trop usé, trop vite.
Auto-détruit par nul autre que lui.
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