J'ai tout de suite aimé PJ Harvey.
Ce devait être 1993 ou 1994, l'ami d'une amie me faisait découvrir l'album Dry (qui reste encore aujourd'hui mon préféré) et je tombais en amour avec cette agressive enfant d'Angleterre.
Une enfant de 3 ans mon ainée et duquel je tomberais progressivement amoureux.
Cette bouche, qui pouvait avaler une tête au grand complet, ces yeux, foncés comme le venin, cette énergie brute de tigresse qui tranchait des petites dames fragiles* de la musique pop du début des années 90. She was one of the boys. Et de plus c'était la petite soeur de Mick Harvey, le claviériste/pianiste de Nick Cave que je vénérais. Tout pour que je l'aime.
Et ce son qui me rentrait dans la peau.
L'album suivant allait être trop raide et inutilement agressif pour mon oreille, mais celle-ci était tout à fait prête pour ce qui allait suivre.
L'intense jeune fille de Dorsett, UK frappait fort avec To Bring You My Love. Si l'album était excellent, la qualité de la production de ses trois premiers disques était épouvantable. Enregistré beaucoup trop faiblement.
Ceci a rendu Polly Jean plus attentive à la qualité du son par la suite et elle s'est entourée d'un maitre, John Parrish. À partir de 1996, la mestria de Parrish allait apparaître régulièrement dans le son et sur les albums de PJ Harvey.
Dès 2000, elle passait dans les ligues majeures avec un album enregistré à/sur New York et à/sur Dorsett. Un album extraordinairement bon à mes oreilles dont j'écoute encore régulièrement les morceaux. Si Dry est mon choix affectif, Stories From The City, Stories From The Sea est un meilleur album dans son ensemble. Même Thom Yorke y a mis sa griffe. À deux reprises. Polly Jean passait du petit motel au condo de luxe.
Tout ce qu'elle a fait par la suite m'a plu. La violence étouffée de Uh Huh Her, la collection de ballades hantées sur White Chalk, l'empreinte de Parrish sur A Woman and A Man Walked By.
Cette année, elle est revenue à la charge avec un album de guerre. Un album ayant pour thème la guerre et ses effets dévastateurs sur l'Homme. Il existe une littérature sur la guerre, des films de guerre mais des albums de musique qui traitent entièrement de la guerre? Peu.
PJ nous fait la chronique de sa relation avec l'Angleterre et de ses blessures de guerre. Surtout de la Première Grande Guerre. Elle avait été inspirée par les villes mais la voilà maintenant inspirée par le pays. Ses complices habituels, Parrish, Flood à la production et son grand frère Mick Harvey s'y trouvent encore. Ensemble, ils ont même visité le site de la bataille de Gallipoli qui a fauchée la vie de plus de 30 000 âmes du Royaume-Uni pour s'inspirer.
Tout au long de l'album elle fait cohabiter l'horreur (dans le texte) et l'amusant (dans le son) en incluant des bribes de morceaux musical du passé. La chanson-titre emprunte au xylophone des mesures d'une chanson joviale des Four Lads. Sur The Words That Maketh Murder utilise aussi des références sonores d'Eddie Cochran. Written in the Forehead fait un clin d 'oeil à Niney. Les arrangements éclectiques qui mélangent chants militaires (forcément, Première Guerre Mondiale) et harpe électrique sont très très très intéressants. Certaines chansons, de par leur brièveté et leur côté fort simple, rappellent d'ailleurs les morceaux de Dry, son premier effort en 1992.
La texture de cet album le rend indispensable au fan de PJ Harvey de la première heure.
Pour les autres, je vous souhaite de la découvrir et de vibrer autant que moi.
PS: PJ,
je t'aime encore.
*Fabulous song par exemple
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