Je devais payer mon droit d'immatriculation. Il faisait un froid de canard. J'ai dû gratter la vitre de ma voiture de l'extérieur et de l'intérieur.
C'est les cuisses pleines de glace grattée de l'intérieur que j'ai conduis jusqu'au bureau d'assurance automobile de mon secteur. J'ai eu le temps de remarquer que la pancarte "J'achète votre maison cash" est revenue. Coin Le Corbusier/Saint-Martin. Plus petite, tout aussi jaune frappant, sans la photo affichant la tête Franco Favesque, juste un numéro de téléphone. Le mot "blanchiment" toujours soigneusement évité.
En voulant entrer au bureau d'assurance auto je suis resté surpris du nombre impressionnant de gens en ligne à 8h33 un lundi matin. Je croyais faire une bonne affaire en arrivant à l'ouverture PFFFF! en ligne my friend! pendant 15 minutes. Surtout parce que la petite dame qui nous filtrait à l'entrée ne cessait de se laisser interrompre dans son travail par tous les employés du bureau qui semblaient tous avoir quelque chose à lui demander.
"Salut Suzanne! pis tes vacances?"
"AAAAAAH merveilleux je déménagerais!"
Comptez ici 4 à 5 minutes de placotage à voix basse afin de garder l'intimité du reste de la conversation pendant que la lignée attend sagement comme des bêtes prêtes à être tondues.
On m'a donné le coupon C13 avec les mots "Transaction Simple" dessus. On servait le C2, j'avais du temps. Avoir su j'aurais apporté ce livre dont j'arrive tout juste à lire un paragraphe par trois jours et qui pourtant m'intéresse grandement.
Chaque fois que je fréquente ce lieu je remarque que même mal rasé et plus ou moins peigné, donc sale et pouilleux pour mes propres yeux, j'ai toujours l'air le plus propre dans ce bureau d'assurance automobile. On dirait qu'il s'agit d'un refuge à "pas d'allure". Bon je peux comprendre que le adolescents fassent de multiples faux pas dans leurs tenues vestimentaires ou dans leurs choix stylés mais les plus grands? Qu'es-ce qui expliquait les cuissards en laine vert limette de cette femme qui lui montait jusqu'aux hanches et ce bérêt orange vif qui jurait sur l'ensemble? Le rouge à lèvre noir, le piercing dans le sourcil et la lèvre de cette même femme d'au moins 40 ans m'a un peu découragé.
Au comptoir 14 tout près:
"Voilà madame installez-vous là"
"J'haïs ça me faire prendre en photo"
"J'vas vas vous demander de pas sourire en plus!"
(il ne s'éxécute pas et un autre employé derrière le comptoir l'interpelle)
"Hey! Sylvain comment a été ton week-end?"
"Pas pire pas pire, moins pire que je pensais"
"Pis le tournoi?"
"Eille! y ont tellement bien joué, ils se sont rendus en finale..."
"EN FINALE? le club à Arnaud?"
"Ben oui en finale! mais c'était déjà une coupe Stanley en soi de se rendre en finale tsé, y ont donné tout ce qu'ils pouvaient les petits gars mais y ont perdu..."
Je vous épargne la suite des détails du match de la finale. Ce dialogue d'au moins 10 minutes a laissé la pauvre vieille dame debout devant un écran blanc, cette même vieille dame qui "hagni prendre des photos" et qui n'avait maintenant pas de difficulté à ne pas sourire
Je remarquai un peu plus loin (j'avais le temps on servait le C5) une affiche d'une compagnie de téléphone mettant en vedette Clara Hughes. Une fille radieuse à l'atttitude tout à fait admirable, une grande athlète, un éclaircie par jour de nuage. Un regard foudroyant d'empathie bordé par des milliers de cils qui sont autant de rayons de soleil. Inutile de préciser davantage que je la trouve très belle. Rarement en photo, toujours en personne. Brillante initiative d'en faire la figure de proue d'une campagne de discussion sur la maladie mentale. Je reviendrai surement sur ce sujet d'ici peu dans ce blogue.
Ce qui m'a toutefois frappé c'est que si il y a un seul défaut physique sur le corps de cette femme, une miiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiineure imperfection, c'est sa bouche. Dentitition prédominante, lèvre pulpeuse, presque vulgaire quand soulignée par du rouge à lèvres, même un petit espace entre les deux palettes. Rien que l'on remarque trop au jour le jour mais dans cette pub...toute l'emphase est mise sur sa bouche...
Peu importe c'était mon tour: C13.
"Bonjour je viens payer mes droits d'immatriculation"
Elle prend mes papiers, une femme vient l'interrompre:
"Ginette c'tu toi qui a fait la fermeture vendredi?"
"Non, je suis parti il était 16 heures, je pense que c'est Daniel..."
"Daniele Gosselin?"
"Non Daniel le gars..."
"Daniel Beauchemin?"
"C'tu ça son nom? je pense que je l'ai jamais su..."
"Le grand blond, un peu carré?..."
"le gros?"
8 minutes facile de niaisage de même. Je me suis retenu à deux mains pour ne pas ronfler devant elles.
Elle m' a avisé en me voyant tendre ma carte VISA que le bureau ne prenait pas la carte de crédit. Désolé, une service gourvenemental, je me serais attendu à ce qu'ils soient en 2011 eux aussi. Acceptent les chèques mais pas les cartes de crédit, pas grave y a pire. J'ai sorti ma carte de débit et lui ai tendu. J'ai dû attendre un autre 4 minutes facile la main tendue car elle jasait à une autre collègue de sa recette de "hauts de cuisses de poulet qu'il va falloir qu'elle donne à Monique"
"Non c'est vous qui le faites" m'a-t-elle indiqué sentant finalement ma présence obstrusive dans sa conversation culinaire.
J'ai pris du temps à réaliser qu'il n'y avait pas d'entrée pour la carte à puce dans leur petite machine, elle a dû m'expliquer de glisser la bande magnétique avec la bande de ce côté-là nooooooon de l'autre bord. J'avais le curieux feeling d'avoir 85 ans mais aussi que ce building était équipé avec du stuff de 1983. J'aurais vu un Commodre 64 derrière le comptoir et un téléphone à cadran que je n'eusse pas été étonné.
Ce qui aurait dû prendre 18 secondes sans les obstructions a pris presque 20 minutes au comptoir.
Heureusement que j'avais une "transaction simple"
Je me suis presque excusé de les avoir dérangées.
Heureusement aussi que j'avais payé 3,05$ supplémentaire pour avoir choisi de payer "les services" au comptoir...
Je viens de me trouver un xème raison de me débarrasser de mon char.
(Pris dans la neige anyway)
1 commentaire:
Oh!!! Les services, à tous les échellons gouvernementaux, sont à peu près tous les mêmes.
Pour avoir été une employée du secteur municipale, je ne peux compter le nombre de fois où j'ai entendu (et probablement participé aussi, je ne suis pas une sainte) au genre de conversation hors sujet que vous rapportez ici... Le pire , en tant qu'employé, c'est d'en être conscient sans y participer...
Et oui, je dois être une presque sainte, parce que je me suis souvent sentie mal à l'aise pour les usagers en attente devant des collègues qui discutaient allègrement de leur jambon du dimanche ou de la dernière connerie du boss...;-P
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