J'ai toujours eu le curieux feeling que ma petite famille logeait en plein coeur de la Costa Nostra.
L'excès dans les designs de maisons avoisinantes, les nombreux voisins oeuvrant dans le milieu paysagers, dans la construction et qui semblent ne jamais travailler ailleurs qu'assis dans leur camion.
Amateur de marche, j'ai souvent croisé un voisin assis au volant de sa camionnette, moteur fermé, qui avait deux passagers à ses côtés, jamais les mêmes. On dirait dit des ti-culs qui s'échangeaient des cartes de hockey. J'avais l'habitude de saluer ce voisin dont le fils connait le mien. Toutefois j'ai compris aux regards qui semblaient me dire "Koss t'as vu twé?" qu'il vallait mieux marcher regardant droit devant et les oreilles bien étouffées par le son d'un Ipod.
J'ai compris aussi à l'accueil magistral réservé à Marco Calliari au Spectacle de la Saint-Jean Baptiste, accueil extrèmement riche en applaudissements et en cris de toutes sortes comparé à ceux réservé à Mes Aïeux, Robert Charlesbois au même programme ce soir-là, que nous venions de déménager il y a 8 ans en plein coeur des Italiens.
"Qui?" avions nous alors craché spontanément la belle et moi devant ce roux italien que nous ne connaissions ni d'Eve ni d'Adam (NI D'EVA & NI D'ADAMO me souffle Rocco) mais qui aujourd'hui a une place parmi ma discographie personnelle (Excellent album by the way).
Tout près, il y eu un temps où une large affiche publicitaire, vous savez le type qu'on voit habituellement le long des autoroutes, annonçait "J'achète vos maisons cash!" avec le nom d'un italien tout juste à çoté et sa face de macro. Manquait que le mot "blanchiment" qu'on lisait tous pareil. On la voyait bien du Boulevard et de l'autoroute. Un beau spot. Avec une tête de champion à qui on demanderait un kilo de Salami pas une maison.
Il y a tant de femmes à la maison, de desesperate housewives, dans mon secteur, que moi, travaillant de la maison, je suis une véritable attraction pour celles-ci. Le jeudi quand je sors les vidanges je surprend immanquablement quelques femmes prenant leur tisane sur la galerie. Je leur fais plaisir je sors mes vidanges toujours à la même heure et l'été, quelque fois torse nu. Je vois dans leurs yeux qu'elle aiment bien.
Allez, tout le monde ensemble: AGACE!
Mais je pourrais être pire, je pourrais faire comme les hommes de mon coin font le week-end et gosser sur mon char sans fin.
Récemment il y avait une affiche dans le quartier qui signalait la disparition d'un homme dont le prénom était Sandro et dont le nom de famille se terminait par une voyelle. C'était à peu près en même temps que le père Rizzutto se faisait buter. Ça m'avait frappé de voir que le "manquant" en question n'était ni un enfant, ni un ainé. Les premiers ont la rébellion de la fugue ou le privilège de vivre "une expérience" pour justifier leur disparition souvent momentanée. Les seconds peuvent être atteints d'Alzheimer. Tous peuvent être plus ou moins vif d'intelligence mais non, la face sur la photo m'apparaissait comme celle d'un dur, ou de quelqu'un qui voulait paraitre l'être, et il avait facilement la force de l'âge: 30-35 peut-être 40 ans. Tout de suite je m'étais dit: "Ha! coulé dans le béton, le pauvre!".
Ben le jour même de l'incendie du salon funéraire appartenant aux Rizzuttos sont apparus d'autres affiches d'une autre tête de champion. Sur les arbres du Boulevard. Pas très loin du centre de police mais qui n'y sont plus à mesure que l'on se rapproche du centre de police.
Comme si ceux qui avaient mis les affiches avaient pensé "on ne peut pas aller à la police mais restons pas loin".
Encore un homme dans la trentaine au nom italien. Sa face sur les arbres tout près de...tout près de...
Ben oui! exactement là où mon père et moi avions dompé les traces de notre crime en 2008...
Près de la rail de train, une vraie dompe à cadavre...
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