samedi 29 janvier 2011

On Peut Être Le Plus Grand Des Artistes Et Le Plus Parfait Des Salauds

J'aime Michael Vick.

Ce quart arrière de la NFL des Eagles de Philadelphie sur un terrain est tout ce qu'il y a de plus excitant. Il peut absolument tout faire. Il lance de la gauche, il est bâti comme un mastodonte, il court, il frappe, à la limite il botterais le bâton en plein match que cela ne me surprendrait pas. Il réinvente sa profession.

Il est très excitant à regarder aller.

Il était une superstar avec les Falcons d'Atlanta il y a quelques années puis sa vraie nature, hors terrain, est devenue publique.

Il a commis des horreurs. Il organisait des combats de chiens, combats dont les issues sont toujours scellées par la mort d'un des deux chiens, déchiquetté par l'autre.

Vick a été suspendu et il a fait de la prison. Il revenait peu à peu l'an dernier, il est complètement revenu cette année.

Il est extraordinaire sur un terrain de football.

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Woody Allen est tombé amoureux de Mia Farrow au tournant des années 80.

Du coup, il devenait aussi le beau-père occasionnel des deux enfants que Farrow avait adopté d'un précédent mariage, son mariage avec André Prévin. Woody n'a jamais habité chez Farrow et vice-versa, chacun avait son appartement de part et d'autres de Central Park mais par la force des choses, Allen cotôyait Soon-Yi Prévin, enfant.

Au fil des ans, Allen a développé une attirance plutôt malsaine avec la jeune Soon-Yi Prévin. Comme ses oeuvres réflètent très souvent une partie de la réalité que vit Woody Allen, on pourrait même avoir vu venir le coup.
Dans l'un de ses recueils de nouvelles écrits entre 1971 et 1980, avant Farrow donc, dans Getting Even, Without Feathers ou Side Effects, je ne me rappele plus, Allen traite très clairement d'un BBQ tenu dans le Connecticut où le personnage principal (une nouvelle écrite au "je") est en présence d'une femme avec laquelle il a déjà eu une relation. Une femme dont il décrit les traits délicats et l'impact de sa présence dans un groupe d'individus.
Le narrateur parle ensuite, toujours avec beaucoup de lyrisme et de nostalgie, de sa relation, amoureuse et consommée, avec la fille de cette même femme. Qu'il décrit avec la même fantaisie amoureuse, qu'il ose même comparer.

La nouvelle se termine sur une scène où les deux femmes le regardent de loin en prenant un verre. Le narrateur est plus loin sur la galerie et baigne dans une photographie fantasmique. Ça s'appele Remisnescence.

Toujours avant Farrow, en 1978, Woody Allen tournait Manhattan, l'un de ses plus grands films. Le film mettait en scène Woody lui-même dans le rôle d'un professeur en relation avec une élève de 17 ans jouée par Mariel Hemmingway.

Dans au moins trois des ses films (Stardust Mémories, (1980) Hannah & Her Sisters (1986) et en ouverture de Deconstructing Harry (1997)...dans une autre scène de BBQ au Connecticut...) et peut-être plus je ne me suis pas penché sur la question outre mesure, Allen fait souligner à ses personnages des relations entre un homme et la soeur de celle avec lequel ce même personnage a généralement des relations intimes.

Prudence Farrow, soeur de Mia Farrow, qui avait fait craquer John Lennon, a toujours été dans l'entourage de Woody Allen. Elle a toujours beaucoup attiré les monsieurs. Et a souvent répondu.

Bon...ceci ne sont que spéculations et facile à construire après coup, mais enfin...quand la nouvelle de la relation entre Soon-Yi Prévin et Woody Allen a été éventée, il y avait eu traces sur le sentier.

Bien que rien d'illégal n'eût été commis, je crois qu'il est normal de pêter sa coche face à cette situation. Il y a quelque chose de profondément inconfortable à toute cette chose. Certains diront que c'est franchement dégueulasse. Que Allen est le parfait salaud.

Mais Love & Death, Annie Hall, Manhattan, The Purple Rose of Cairo, Crimes & Misdemeanors...

Pour moi, il est encore magistral.

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Louis-Ferdinand Céline est probablement le plus grand écrivain du vingtième siècle.

Avec lui sont arrivé les dialogues tel que discutés par les gens de la rue mariés adroitement avec le style littéraire contemporain. La cohérence stylistique et l'intelligence du roman jugé par plusieurs comme "le plus grand roman de tous les temps", Voyage au Bout de La Nuit a inspiré des milliers d'auteurs.

Henry Miller (qui l'avait lu en Français avant tout en monde en Amérique),William S. Burroughs, Allen Ginsberg, Samuel Beckett, Jean-Paul Sartre, Raymond Quenneau, Jean Genet, Jean-Marie Gustave Le Clézio, Alain Robbe-Grillet, Rolland Barthes, Charles Bukowski, Jack Kerouac, Joseph Heller, Kurt Vonnegut, Ken Kesey, Irvine Welsh, Günter Grass et combien d'autres se sont tous réclamés de Céline.

Il a eu, et continue d'avoir, un impact titanesque sur la littérature mondiale. L'influence de ce roman original, anarchique et corrosif est inestimable.

Toutefois l'auteur était aussi un sérieux antisémite. Il a même écrit une trilogie sur le sujet où il rêve d'un massacre juif. Il a été forcé de vivre en exil après la guerre, a été condamné (in absentia) à la prison puis pardonné en 1951. Il est mort d'un anévrisme dix ans plus tard.

En France, on va souligner cette année le 50ème anniversaire de la mort du maître.

Il y a eu un gros tapage cette semaine sur le fait qu'on ait retiré les notices de Céline dans un recueil de célébrations nationales de 300 pages parce que l'homme était antisémite.

Il se pourrait même qu'au Canada, on retire tous ses livres des librairies et des biblothèques car il aurait peut-être utilisé le mot "faggott"...(kiddiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiing!)

Voilà trois cas mais on pourrait en trouver des tonnes d'autres.

On peut être le plus grand des artistes et le plus parfait des salauds.
L'un et l'autre permettent de faire avancer l'Homme en le faisant réfléchir de toute façon.

Ça n'absout par l'artiste de morale.
Mais ça ne le soustrait pas de talent et de génie non plus.

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