Il avait fait toutes les écoles les plus sophitiquées d'un pays qui n'avait rien d'élégant mais qui avait la foi.
Après tout Bébé Doc était le fils du Président d'Haïti. Quand son dictateur de père est mort, Bébé Doc est devenu, à 19 ans, le plus jeune Président du pays. Les gens ont eu peur qu'il poursuive le régime du paternel.
Refusant d'abord ce rôle qu'il souhaitait voir passer à sa soeur ainée Marie-Denise et laissant sa mère s'occuper de toutes les affaires administratives tout en léguant les tâches légales à l'ancien entourage de son père, Jean-Claude Duvalier (dit Bébé Doc) acceptera finalement une vie de cocktails et de playboy.
Bien qu'il n'y eût aucun changements substantiels dans le régime à l'origine, Bébé Doc a tout de même donné un peu d'espoir à son peuple. Il a d'abord fait libérer plusieurs prisoniers politiques puis a allégé la censure imposée par son père précédemment. Mais la pomme ne tombant jamais très loin de l'arbre, toute forme d'opposition au régime était intolérable. Faisant fortune avec l'industrie du tabac dont les profits tombaient directement dans ses poches (sans reçus ni factures, bien entendu), Duvalier s'est glissé dans le luxe, négligeant ses tâches comme président et laissant la garde rapprochée des anciens proches de son père, mener les affaires du pays.
Les escrocs se flairent entre eux. Ainsi, l'administration Nixon a réintroduit l'aide internationale à Haiti dès l'arrivée au pouvoir de Bébé Doc en 1971. Aide qui a aidé Duvalier a augmenter sa richesse personnelle car jamais ne lui est venu à l'esprit d'investir les sommes des États-Unis ailleurs que pour ses besoins personnels. Il avait été élevé ainsi.
Les tortures, les disparitions mystérieuses des dissidents au régime, la dictature tranquille faisait toujours rage. Mais dans un gant de velours. Les relations avec Amnisitie Internationale étaient bonnes et quand elles commencèrent (rapidement) a dégénérer, la censure dans la presse et l'information au pays est revenue. En 1978, face à la crise de la fièvre porcine, le gouvernement de Duvalier a pris la décision d'éradiquer tous les porcs au pays. Bien entendu causant un tort énorme aux fermiers qui en faisaient l'élevage. Se débarassant des résistants dans le processus, bien sûr.
Le Sida, la famille et la malnutrition du début des années 80 ont miné le moral du peuple sous le règne de leur roi obèse.
Duvalier marie une mulâtre, divorcée à la réputation peu fiable. Le mariage est exhubérant et coûte 3 millions de dollars. Le peuple crève de faim mais Bébé Doc vit dans le giga-luxe. La corruption prend de l'ampleur. Duvalier fait beaucoup d'argent en vendant des cadavres Haitiens à des écoles médicales étrangères (en "créant" des cadavres selon les besoins) et en controllant le marché de la drogue.
Le monde entier reconnait que la présence de Duvalier au pouvoir est une abomination et est extrèmement malsain en Haiti. Toutefois comme le pays a la protection des États-Unis, Duvalier est intouchable.
Quand le pape Jean-Paul II visite la pays en 1983 et déclare que les choses doivent changer, le peuple a le germe de la révolte.
Comme Duvalier est plus préoccupé par son style de vie personnel que par la politique, le foyers de violence poussent partout. Chacun fait sa propre loi. Pas de chef, pas de leadership, pas de présence au sein de la "plèbe" du peuple, celui-ci, le peuple, choisit donc de se débrouiller comme bon lui semble et sans ligne directrice, ça se passe bien souvent brutalement. Une dictature ne réagit jamais bien aux élans du peuple. La répréssion est intense.
La visite du pape génère un socialisme activiste, foyer de concentration qui échappe aux sbires de Duvalier père. Le peuple veut mettre fin à la tradition familiale et débute quelques révoltes dans les Gonaïves en 1985. Puis, les rues se remplissent et le peuple se mobilise dans 6 autres villes dont Cap Haitien.
Fin Janvier 1986, tout le sud d'Haiti est debout et contre le régime de Bébé Doc.
Duvalier tente de réprimer les manifestations en se prenant 10% des rations alimentaires fournies au pays par l'étranger. Les manifestations deviennent plu violentes encore. Le peuple se tient debout avec courage. Des milliers ne surviveront pas.
Conseillé par ses proches Bébé Doc et sa famille quitte Haiti en Février 1986, aidé secrètement par Ronald Reagan qui lui refuse l'asile politique (par souci de réputation politique internationale) mais qui lui offre la CIA et le FBI pour sa fuite...en France. Un pays qui lui refusera toujours le statut de réfugié politique.
Il vit toujours dans le luxe à Paris jusqu'à ce que sa femme le divorce et le ruine. La France tentera de l'expulser, de l'amener en cour mais Duvalier joue au chat et à la souris avec eux.
Et reste sous protection d'importants joueurs internationaux (ai-je parlé des États-Unis?).
C'est cette limace qui revient fouler le sol meurtri de ses excès et de son immoralité.
Il prétend avoir appris.
Vous croyez qu'il n'y a pas des intérêts d'Amérique derrière tout ça?
Il a été "officiellement" arrêté hier matin, mais bon...il y peut-être encore pas mal de maquillage pour la télé internationale.
Pour l'instant il y a apparence de justice.
Attendons voir si ça tiendra la route.
Les routes en Haïti...
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