"Demissioni! Demissioni"
C'est ce que scandaient les femmes italiennes à leur premier ministre Silvio Berlusconi dans toute l'Italie afin de tenter de redonner à leur pays une certaine diginité nationale.
À 74 ans, Berlusconi en a beaucoup plus derrière lui que devant lui. L'homme qui avait corrompu les juges, les avocats, qui avait été acquitté partout (car c'était lui le chef) dans des procès qui ont tous avortés, a infligé un niveau de saturation et de dégoût hors du commun à son peuple avec cette histoire de Rubygate.
Malgré les scandales des 15 dernières années, Berlusconi avait réussi à garder un taux de popularité de plus de 50% , malgré les évidentes preuves de corruption, de pots-de-vin, d'incitation à faux témoignage, malgré les lois modifiées par lui afin de simplement protéger ses vices.
On l'a finalement coincé par la bite.
Dans un pays aussi machiste et indulgent pour les faiblesses humaines, c'est le pénis du septagénaire qui sera la pétard déclencheur de sa chute.
Quand Berlusconi a participé à l'anniversaire des 18 ans de Noémie Letizia (qui l'appelait Papounet ou Papi), quand il a invité cette dernière à son propre anniversaire, quand les tristes parents de cette dernière l'ont poussée dans le lit de Berlusconi soulignant que ce ne pourrait qu'être bon pour sa carrière, sa femme l'a aussitôt quitté prétextant que Berlusconi était "un homme malade". Berlusconi avait à peine perdu 8% de son appui populaire.
Puis en 2009, Patrizia D'Addario, poule de luxe, avait confié un peu partout ses secrets de lit avec Berlusconi. Encore cette fois, ce ne fût pas fatal pour Berlusconi, pourtant premier ministre du pays berceau du catholiscisme. On se faisait des clins d'oeil et on passait l'éponge.
Mais le peuple italien n'est pas bête à ce point. Quand Berlusconi a été soupçonné d'avoir couché avec une mineure, le décrochage a été total. Sa popularité a atteint celle de Jean Charest, soit dans les 30%.
Les preuves sont accablantes. Les mensonges du vieux Silvio trop nombreux. Sur les conversations téléphoniques enregistrées (67), sur l'intimidation contre témoin, sur ses rapports avec la mineure qui est passée de jeune fille qui dormait sur un banc de parc à top modèle, drapée exclusivement de robes griffées roulant en Ferrari rouge; cette fois les procureurs affirment qu'ils ont un dossier en béton.
"Basta Berlusconi!" chantaient les femmes de toutes les classes sociales.
"Il faut cesser ce culte du corps, cette idée d'avancement carriériste par la couchette et cette vision rétrograde de la femme qui fait la honte de ce pays parce qu'il est devenu la norme" a proclamé une religieuse de 72 ans à la Piazza Del Popolo la semaine dernière. Sa voix a trouvé écho dans la population.
À voir les publicités et les unes de magazines dans ce pays que j'ai visité l'an dernier, je comprends très bien ce à quoi elle fait allusion.
On ne fait pas toujours mieux chez nous.
Étonamment, et tristement aussi, il s'en trouve pour défendre le vieux cochon en prétextant que c'est le retour du puritanisme. Des poids lourds de la classe médiatique de droite italiens ont renversé les rôles et accusé les manifestants d'être des réactionnaires, des saintes-nitouches, contre la liberté des femmes, qui empêcheraient les femmes de faire ce qu'elles veulent, y compris exploiter leur beauté pour leur avancement social.
C'est d'une ironie incroyable quand on sait que Berlusconi a défendu des valeurs familiales au pouvoir, brandi les crucifix dans les écoles, ne cesse de dénoncer le communisme alors qu'il est le meilleur copain de Vladimir Putin, bref l'homme lance une image totalement fausse de sa personne mais les gens ne mordent plus.
Les femmes italiennes se rebellent face à cette image qu'entretient leur leader et celle envoyée à travers le monde de la femme italienne qui serait une femme facile toujours prête à se soumettre au sexe pour avancer dans la vie. La femme italienne n'est pas inférieure même si le pays affiche le pire taux d'employabilité chez les femmes et offre les pires salaires chez les pays industrialisés pour le peu de femmes qui travaillent.
La femme italienne n'a pas besoin de vendre son corps même si Lady Gaga et Madonna n'ont pas besoin de la musique autant que de la mise-en-scène.
Dans ce pays ultra machiste, on pardonnait à Berlusconi jusqu'à tout récemment. On était même de son côté quand Berlusconi dénonçait les juges ultra politisés là-bas (car ils ont tous, étrangement, une allégeance politique très claire et très publique).
Les arguments du vieux pervers fondent comme une paire de bobettes mangeable.
Toutefois l'opposition ne semble pas prête à prendre la relève d'un parti décadent aux moeurs discutables.
Mais une chose est certaine, en avril prochain, Berlusconi passe en cours pour des accusations d'avoir eu recours aux services d'une prostituée et d'avoir eu des relations avec une mineure.
Passible actuellement d'une tape sur les fesses en Italie, sous son règne.
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