Je crois, en tant que naïf puriste de l'art, que je suis mécaniquement incapable d'associer, "talent et vente".
Plus jeune j'avais trafiqué les paroles du Temps des Cathédrales de Bruno Pelletier en chantant sur le même air le refrain suivant:
"Bienvenue aux Galeries des Cathédraaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaales*,
Royaume des bas priiiiiiiiiiix,
Vous y trouverez tout pas cher,
Les boomers, les riches, les pédaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaales,
Venez par iciiiiiiiiiiiiiiiiiiii
faites de nous des millionaires
FAITES DE NOUS DES MILLIONNAIRES!!!!!!!!!!!"
Bon...
Bien entendu je ne chantais ceci qu'exclusivement dans ma douche. Trop politically incorrect.
(Maintenant sur le web et le CRTC qui me tombera dessus)
C'était aussi plein de mauvaise foi. Quiconque clamerait "faites de moi un millionnaire" serait désagréable. C'est pourtant ce qui est implicite dans une émission comme Du Talent à Revendre ou les intérêtes de gens derrière les trois juges sont beaucoup plus important que le dit "talent" comme tel. Le mot "Talent" n'est pas aussi important que le mot "revendre".
Je sais, je sais, je sais, je sais, je sais, TOUT talent est à revendre. Un individu en entrevue est un talent qui essaie de se vendre, un gars ou une fille dans un premier rendez-vous amoureux est aussi un talent à revendre, un conseil d'un ami à un autre est une vente, on est tous toujours en train de vendre quelque chose. Anderson Cooper qui fait son possible avec un enfant imprégné de sang en Haiti nous vend l'action et l'idée d'héroïsme, ma coupe de cheveux et le linge que je choisis de porter vend une partie de ma personalité, les artistes doivent forcément vendre leur produit si ils veulent survivre dans la jungle.
Vendre le talent est nécéssaire.
Mais est-ce que le souligner dans le titre de l'émission ne rend pas la chose un peu vulgaire?
N'est-ce pas comme appeller une émission discutant des choses du sexe "Du sexe pour des grosses côtes d'écoute"?
Du
talent
à
revendre
De
la
moulée
pour
de
la
saucisse
en
vracOn sait où ça finit tout ça: aux chiottes. Une émission du même acabit que j'aime beaucoup toutefois se trouve à être cette émission de danse dont ma plus jeune raffole et qui met en scène de très beaux et sensuels talents. Bon, quand le numéro de danse est terminé on coupe le son pour ne pas entendre les juges mais le spectacle est uniforme (tout le monde danse on n'y mélange pas jongleries, chant, magie et bagatelles) et le talent certain. Et les gens qui dansent pour vivre me fascine. Ils sont souvent très peu riche et le resteront. Il vivront de passion et d'eau fraiche. Les danseurs sont probablement la frange la plus pauvre du domaine des arts. À moins d'avoir Britney, Madonna, Lady Gaga ou Janet Jackson comme amie, on ne roule pas sur l'or. (Ils ne sont pas minces pour rien :)
Je constate que plusieurs de mes artistes préférés trouvent leur charme dans le fait qu'ils ne sont pas de gros vendeurs. Je remarquais la semaine dernière en écrivant sur U2 que dès qu'ils sont devenus trop bigs, ils avaient cessé de m'intéresser autant qu'avant.
Bright Eyes, Interpol, Tom Waits, Todd Solondz, Nick Cave, Woody Allen, Wes Anderson, Sam Rockwell, Crispin Glover, des écrivains, des gens qui s'assurent une certaine indépendance en ne devenant pas trop "big" et qui se trouveraient forcé de jouer la pute davantage que le métier d'artiste ne le commande déjà m'intéressent beaucoup.
OUH! le naif puriste vous entends-je hurler devant vos claviers.
Oui j'assume ce côté John Lennon de ma personne.
Mais Du Talent à Revendre, il me semble qu'il n'y a que ça qui sévissent un peu partout. C'est le prolongement du Gong Show des années 70. (Show qui a été le sommet du mauvais goût mais qui a donné droit à un excellent film de George Clooney des années plus tard).
Voir des plongeurs sous-marin chercher des trésors à la même heure serait tout aussi efficace. Et beaucoup plus relax.
On y verrait des requins quand même.
On garderait l'esprit de Du Talent à Revendre.
*un centre commercial de Montréal
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