dimanche 23 mai 2010

Rage de Dents


"Tu veux tu une rince mon hostie?"

Pat Hibulaire est un être légèrement hostile.

La veille quand il avait été au club vidéo et qu'il avait demandé si le club tenait une copie de Jules & Jim, le commis lui avait répondu "Non, mais je viens de reçevoir Transformers II!". Ce n'était pas juste la suggestion du commis, mais l'étincelle d'excitation dans son oeil qu'il croyait partager avec celui qui venait de lui demander un film complètement différent qui l'avait irrité. Pat Hibulaire lui en avait voulu mentalement de ne pas connaitre son cinéma mais c'était presqu'aussitôt dit que ce n'était qu'un employé à temps partiel, un étudiant, pas un proffessionnel, qu'il ne fallait pas s'en faire.

Il y avait pire.

Mais là, assis sur sa chaise, la gueule grande ouverte avec le dentiste Adjutor Boyau devant lui qui le regardait des ses yeux huileux, Pat Hibulaire commençais à vraiment se faire chier.

"Vous aurez peut-être besoin d'une couronne" avait dit le vieillissant dentiste un peu ivrogne.

"Han têt ou han han tût?" avait répondu Pat dont la mâchoire était soutenue par des petits morceaux de bois le forçant à garder la bouche ouverte.

"Peut-être ou pas pantoute?" avait répondu Pat Hibulaire.

Le vieux dentiste le regardait un peu hésitant comme si il attendait une validation de sa part. Après une hésitation il dit à son client:

"...Peut-être aussi devrait-on parler d'un traitement de canal..."

"Devrait-on?" dit Pat Hibulaire un peu exaspéré. "C'est vous l'expert assumez vos décisions, ai-je besoin d'une couronnne et d'un traitement de canal, oui ou non?"

"Probablement..." dit le vieil alcoolique.

"Docteur Boyau, êtes vous capable d'affirmer une seule chose avec assurance?"

"surement..."

"TRÈVE D'ADVERBE! DITES-MOI UNE SEULE CHOSE AVEC ASSURANCE BORDEL!!!"

"est-ce que...est-ce que je vous ai donné vos tranquilisants monsieur Hibulaire? Laissez-moi revenir dans deux minutes, détendez-vous je reviens" dit-il avant de se sauver. Peut-être pour aller faire le plein de courage.

En soufflant par les narines comme un taureau devant le toréador, Pat Hibulaire calculait les sous qui aller s'évaporer de son compte en banque, encore une fois, pour payer les rénovations du chalet du dentiste et ses nerfs tournaient en boule. Il regardait les diplômes du dentiste sur le mur et même ceux-ci semblaient hésiter. La plupart des titres étaient à moitié effacés. Ses diplômes avaient de l'âge et dataient des années 50.

Pat Hibulaire avait toujours été un souffre-douleur à la petite école et dans sa vie d'adulte il s'était bâti une carapace de dur afin de ne jamais se laisser marcher sur les pieds. Ça lui avait donné une personalité hostile. Cette fois il sentait qu'on mettait la main dans son portefeuille une fois de trop.

Quand le vieux Docteur Boyau est revenu de sa marche de santé, Pat Hibulaire l'a accueilli avec les seuls mots qui lui sont venus à l'esprit à ce moment.

Des mots qu'il n'avait jamais prononcé et dont il ne saisissait pas complètement le sens mais avec un ton agressif ils pouvaient faire trembler les genoux d'un ennemi. En voyant le Docteur Boyau, Pat a a vu un ennemi.

"Tu veux tu une rince mon hostie?"

a-t-il dit avant que le vieil homme ne tombe d'une crise cardiaque devant lui, terrassé par la trouille.

La tempéremment de Pat Hibulaire l'a rendu plus riche.

Avec des dents d'âne mais plus riche.

Aucun commentaire: