samedi 29 mai 2010
Échos de vestiaire
En 1960, la moyenne d'âge au Québec était de 27 ans.
27 ans
Aujourd'hui elle est de 41.
Vous vous souvenez de ce que vous faisiez à 27 ans?
Moi je faisais des bébés, j'avais fini l'université depuis 3 ans et comme le marché du travail me refoulait j'étais retournée faire 3 ans d'école spécialisée en Télé/Cinéma d'ici. Bien sûr par la suite on m'a bloqué partout. Le syndicat de Radio-Canada m'a fait perdre mon boulot là-bas. Et les emplois auquel je soumettais mes candidatures me demandaient toujours de 10 à 15 ans d'expérience. Je leur répétais inlassablement toujours que j'avais facilement 10 à 15 ans d'expérience de vie, que j'apprenais vite mais comme je n'ai jamais paru très vieux on me disait toujours d'aller faire mes classes. Je retraitais toujours poliment en me disant "à partir de quand on commence?". Puis j'ai eu des contrats comme recherchiste. Mais bien vite j'étais devenu l'ennemi numéro un des femmes baby boomers qui n'avaient commencé à travailler qu'une fois les enfants devenus autonomes. Je "volais" leur job. Un jeune qui s'y connait et qui en plus travaille plus longtemps que nous pour moins cher, il faut gardez cela à distance. Je me suis fait faire des coups en bas de la ceinture assez réussis. On m'a tenu loin de ma niche mais bien en laisse. Sur l'accotement le plus longtemps possible. Le temps que le clôt me fasse de l'effet.
Je suis passé de petit boulot à petit boulot tout en me glissant sur les plateaux, tantôt comme comédien, tantôt comme scénariste, tantôt comme recherchiste. Toujours pour une misère de salaire. Jamais je ne m'en suis plains. Jusqu'à ce que Monkee naisse et que je doive me tourner vers autre chose que la famille Arts et Spectacles. Famille dans laquelle il ne faut jamais compter trop fort sur les sous. J'en ai toutefois gardé un souci d'économie fort raisonnable.
Les années 80 ont été "pénibles" dans la bouche de plusieurs boomers. Effectivement ils frappaient la quarantaine et le party de leurs vingt ans semblait fini. Les divorces prenait de l'envergure et le premier référendum perdu donnait des airs de lendemains de brosse.
Les années 80 ont été les plus belles années de ma vie. Ce furent l'équivalent des années 60 de mes parents. On pouvait tout se permettre et on le faisait. C'était la période des blondes, des brunes, des rousses. C'était le dernier droit de la naiveté.
Le dernier droit avant le mur.
Les années 90 m'ont fait réaliser que les gens de mon âge étaient une quantité si marginale que les dirigeants en place ne souhaitait même pas miser dessus. Si marginales qu'on ne leur trouvera même pas un nom de génération. (X? Y? Je suis né 1972, à quel groupe j'appartiens?) Et ensuite, ces même gens restaient tout étonnés de voir les jeunes s'exiler pour travailler ailleurs après avoir étudié ici.
Les années 2000 ont été pires. Il me semble que c'était hier. Et pourtant elles ont forcément été plus longues (éveillées) pour moi car mes insomnies sont passées de récurrentes à régulières à continues.
J'ai travaillé les dix dernières années, en contribuant toujours à la RRQ des sommes dont nous ne verront jamais l'ombre d'une ristourne un jour. J'ai travaillé et continue de le faire en me disant que je payais encore le party de mes parents et qu'au mieux j'y participais en y travaillant au vestiaire.
Sinon voulez vous ben me dire pourquoi je paierais de l'argent supplémentaire pour notre service de santé si je paie déjà ma carte d'assurance maladie et que je verse aussi un pourcentage dans mon programme d'assurance collective(obligatoire même si je suis déjà assuré au travail de ma conjointe-hérésie!) au bureau?
C'est pas pour me soigner moi, qui me tape une visite aux 14 ans.
Et comment justifier encore ces systèmes de primes et de bonus de départ?
C'est ça la vraie indécence à voiler pas le visage d'une femme.
Le party des boomers n'est pas fini, faudrais aussi payer les marchettes, les taxis pour le retour à la maison et apporter les margaritas sur la plage.
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