dimanche 21 mars 2010

Pour Toujours, Peu Importe


Sam Suffi n'a jamais été très exigeant.

Une belle journée pour lui pouvait se composer de petites victoires comme le sourire d'un enfant, le baiser de sa femme, la gentillesse naturelle d'un voisin qui l'aurait aidé à pousser sa voiture dans la neige.

La reconnaissance au bureau ne le touchait pas vraiment. Car il n'en avait rien à cirer de son job. Il travaillait comme comptable chez Rippyûov, une branche Russe de la firme de comptable Potposh-Potpôtôvin-Potfun parce qu'il fallait bien faire quelque chose de sa vie. Mais jamais il ne s'était levé en se disant "quelle belle journée!" non bien au contraire, il étirait tous ses matins en buvant son café longuement en regardant par sa fenêtre la ville s'animer peu-à-peu. Rien n'étais plus beau à ses yeux que la ville qui gronde toujours de jour, commencer à s'animer tranquillement à la lueur d'un soleil, gêné derrière les gratte-ciel. Si il fumait ce moment aurait été sa pause cigarette. Son moment de réflexion sur la vie. Son moment de recharge et de recul.

Souvent il tournait la tête et se félicitait en regardant sa femme. Toujours belle, toujours bien mise, maquillée/pas maquillée. À cette heure du matin on la trouvait relativement agitée à se faire un lunch, à se préparer un café, à repasser son linge, a envoyer dans la sécheuse d'autres morceaux pour enlever les plis, à se refaire une touche de for-à-cils, un trait de rouge-à-lèvres. Sam la regardait amoureusement et lui lançait presque en ronronnant:

"Tu veux que je t'aide chérie?"

"Nonon" disait-elle dans un soupir tout en souhaitant qu'il n'ai jamais eu à le demander mais que s'eût été naturel de l'aider tout simplement. Sam finissait toujours par quitter l'appartement après elle, ce qui lui donnait la chance de mater son petit cul sérré dans son tailleur tout juste avant le boulot. Ça le mettait de bonne humeur en route pour un emploi somme toute ennuyeux, voire assomoir.

Mais même au boulot Sam avait trouvé des moyens de se stimuler en s'inventant des petits jeux innofensifs. Il gageait avec Bellehumeur combien de fois Marleau dirait "j'ai pour mon dire". Ils ont cherché longtemps ensemble d'ailleurs le sens de ses mots "J'ai pour mon dire" dekesséksé ksa veut dire? Il convenait, avec Bellehumeur toujours, que quand Edith Hoton-Allaire y allait de son rire superficiel ils se metteraient tous deux à claquer des doigts comme pour suivre un rythme de musique imaginaire. Le rythme artificiel. Si bien que tout le monde au bureau les croyait férus de jazz.

Non il n'y avait rien qui ne pouvait déprimer Sam Suffi. Il trouvait toujours matière à avoir du plaisir. Idéalement partagé, sinon solitaire. Sa femme ne semblait pas partager tous ses plaisirs, entre autre cette position du bateau ivre au lit qui l'étourdissait mais pas dans le bon sens du terme. Sam adorait L'émission radiophonique Des Années-Lumières avec Yannick Villedieu qu'il écoutait tous les dimanches religieusement en épluchant son journal page par page.

Quand a femme lui avait dit qu'elle était peut-être en dépréssion, Sam lui avait dit qu'ils se taperaient peut-être un voyage à Cuba ensemble bientôt si ses états d'âmes restaient trop gris. Mais il ne se laissait pas affecter par ses humeurs.

Ce serait trop facile de nourrir les experts en psychologie sur les tortures mentales que l'on s'occasionnent par le biais du travail. Non la vie était belle et il continuerait de la voir ainsi pour toujours, peu importe.

Toutefois là ce matin, il y avait une graine dans le sourire de son café. Un petit nuage dans son ciel.

Pourquoi ne s'était-elle pas rasée les jambes?

Tant qu'à offrir le spectacle de son corps suspendu au plafond de la salle de bain, elle aurait pu au moins pendre la peine de se raser ses belles longues jambes pendantes. Elle qui avait pourtnat toujours fait les choses à la perfection.

Ça l'agaçait un peu mais bon.

La vie était belle et il continuerait de la voir ainsi pour toujours, peu importe.

Ce qui l'agaçait vraiment c'était qui viendra maintenant avec lui à Cuba?

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