lundi 23 mars 2009
La valeur des mots, le poids des gestes
Je lisais deux pages d’entrevue sur Yoko Ono dans la Presse samedi dernier.
Toujours aussi détestable cette gosse de riche. Elle a réussi à berner le journaliste et à se dépeindre comme une victime.
En allant porter les films des enfants au club vidéo et en m’en prenant trois autres pour moi dans le processus on m’a donné un Journal de Montréal gratuitement. Convergence oblige. A la une : Yoko Ono et tout juste à côté le mot « exclusif ».
Ce mot a-t-il encore une valeur ? « Exclusif » ? Je venais de lire une entrevue avec la riche veuve de New York. En quoi l’entrevue du J de M est elle exclusive alors ? Bon je comprends que l’angle sera probablement différent puisque ce sont différentes taupes qui rencontré la bête mais comment j’explique le sens du mot « exclusif » à mon fils qui me demande c’est quoi la différence ? Alors qu’ils ont utilisé pratiquement la même photo en plus ? (les entrevues ont été réalisées le même jour puisqu’elle est habillée de la même façon).
Il y a de ses mots qui ont étés complètement vidés de leur sens. Il y a 15 ans je n’avais pas compris que le mot « assistant(e) » avait remplacé le mot « secrétaire ». Quand j’ai eu un emploi d’été où l’on me demandait d’organiser des cocktails et de faire des cafés pour les invités (chose que je ne savais même pas faire car le café n’existe pas dans ma vie) j‘ai vite débandé. Ça a duré 30 jours.
En politique l’utilisation du mot « enfant » a –t-il un impact sur quiconque? Personnellement je crois que ce mot devrait être banni des campagnes politiques car il fait toujours pencher les discours dans le grossier et pathétique.
Prix « spécial » collé sur un produit ça vous fais acheter ?
Des mots sans valeur.
Parlant de pathétique. Outre le poids des mots, il y a aussi le poids des gestes. Vendredi dernier Britney Spears effectuait un arrêt au Spectrum. Le lendemain matin, on nous montrait à la télévision des images de son cirque sur scène. Madame encagée en dresseuse de lion. Pleine de volupté, les cuisses bottées, la hanche lousse, le fouet agile. Après quelques pas de danse assez ordinaires, une courbette de serveuse vidant son cabaret et le fouet qu’elle se lisse dans l’entre-jambe. Quelques miaulements et tout plein d’allusions phalliques assez évidentes. Des évocations qui donnent envie de tasser les enfants et de s’attaquer à la belle brune du salon.
Mais voilà, il est là le problème : les enfants. Alors qu’une collègue du bureau me confirmait que nombre d’enfants étaient accompagnés de leur parents dans la foule au spectacle. Qu’y voyaient-ils ? Qu’es-ce qu’ils y comprenaient ?
D’autant plus que ce sont les Pussycats Dolls, ses danseuses en manque de poteau, qui avaient assuré la première partie.
« maman ? pourquoi le fouet ? »
« pour…pour dompter les mauvais esprits… »
« oui mais elle se frotte sur lui ? »
« …ben…ben…il étais en cage tantôt…c’est un méchant lion… »
« Mais elle aussi était en cage tantôt, avec le lion, sur le dos les jambes en split…»
« oui ben elle dansait avec le méchant… »
« … »
« … »
« Si papa était si méchant comme tu le dis souvent pourquoi ne le mettais tu pas en cage maman? »
« Écoute la musique chérie...»
"la musique?"
Ne nous leurrons pas, c’est très très agréable pour le lubrique spectateur que je suis. Pour l’adulte que je suis qui comprend le jeu. Mais pour le kid ? Mon fils me tire le bras pour que je lui achète de billets pour Simple Plan. Si mon grand de 9 ans étais ma fille, peut-être me demanderait-elle de l’accompagner pour Britney et ses jambons. Qu’es-ce que je ferais ? J’irais en faire une danseuse érotique? "Oh ça lui pique entre les jambes, ma puce..."
Au fond, peut-être ne suis-je que jaloux de ces pré-ados qui accepteront d’être encagées et traitées comme du bétail tout en matant leur matou car ce sera ce qu’elles auront admiré à l’âge ingrat.
Peut-être que c'est juste ça.
Peut-être aussi que ce sont les récents épisodes "d'absences mentale" qui me chicotent aussi.
Peut-être que je ne suis qu'une vieille fripouille passéiste aussi.
Fripouille.
C'est quoi la valeur de ce mot-là déjà?
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