mardi 24 mars 2009
Des bas bleus et rouges
Quand les Co-Locs ont envahi les ondes radio avec Julie il y a belle lurette j’ai volontairement tourné le dos au band.
D’abord parce que le public qu’attirais ce groupe festif m’agressait. Beaucoup de gens sur le bien-être et souvent fier de l’être. Dédé Fortin leur rendait régulièrement hommage d’ailleurs. Beaucoup de souverainistes aveugles et naïfs aussi. Du genre anti-anglophones alors que le guitariste qu’ils avaient sous les yeux, dans le groupe qu’ils chérissaient tant, était lui-même anglophone.
J’étais assez souverainiste moi aussi à l’époque. Beaucoup plus que je le suis aujourd’hui. Mais de voir des gens hystériques prêcher pour la souveraineté non inclusive me donnait le goût de ne plus être souverainiste du tout. Dédé étais l’exemple de tout le contraire avec ses choristes du Sénégal, son guitariste de la Saskatchewan, son bassiste de la Belgique et son harmoniciste de la France. Et Dédé avait le cœur plus que souverainiste. Il était inclusif à tous les niveaux. Social et culturel. Mais avant le dernier et fatal album le groupe m’agaçait plus qu’autre chose. L’intensité du leader me rappelait la mienne et la musique francophone en général ne venait pas beaucoup me chercher à l’époque.
Par contre quand Dehors Novembre est sorti le groupe m’a beaucoup intéressé. Les parfums de musique Klezmer et tziganes, les trouvailles reggae, les textes douloureux et sentis.
Si douloureusement sentis qu’on connait la suite…
La folie contagieuse et rhytmée du premier album à cédé le pas à la folie malsaine du troisième (le deuxième album étant un album en spectacle avec quelques nouveautés dont « bon yeu ») et Dédé est allé se faire voir ailleurs.
En ce qui me concerne ça a terni l’oeuvre des Co-Locs à jamais. Bien que je reconnaisse des qualités indéniables et franchement géniales à la musique du groupe sur leurs trois albums, les textes de Fortin sont autant d’indices d’un mal de vivre qui, quand on en connait la résolution, me semble une écoute indécente d’une lettre de suicide qui n’en finirait plus.
On dirait que le Québécois que je suis n’a pas voulu se reconnaitre dans le Québécois mentalement fragile et trop intense que fût Dédé Fortin. J’ai assurément tenu à m’en éloigner en tout cas car je remarquais l’autre jour que malgré mon admiration pour des morceaux musical tel Belzébuth, La Rue Principale ou Tout Seul, sur les plus de 10 000 chansons dormant sur mon Ipod il y en aucune des Co-Locs.
Il y a La Patère Rose par exemple, Alfa Rococo, Émilie Proulx, Dumas, Vallières, Cœur de Pirate, Pierre Lapointe, Phillipe B., Les Cowboys Fringants, Daniel Lanois, Leonard Cohen, Handsome Furs, Dobacaracol, Godyouspeedblackemperor, un délicieux hommage à Gaston Miron.
Bien que Michael Ignatieff me face de l’œil grandement présentement.
Je suis encore bleu par en dedans.
Avec des bas rouges dans les mains.
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