Dactylo Dans l'Herbe

Un artiste a, selon moi, le devoir de rendre inconfortable. Plusieurs d'entre nous, cherchent le contraire. Être réconforté par son artiste. Ça m'arrive aussi. Mais de base, un artiste doit te faire ouvrir des portes sensorielles. 

Je n'arrive pas à trouver toutefois, où je placerais le poète beat, l'artiste de la scène, l'auteur, le junkie, le rebelle, l'icône Étatsunienne William S. Burroughs. Mais aussi l'assassin, le pédophile et le fil$ de riche$.

Adolescent, celui qui deviendrait neuropsychiâtre dans mes amis, Dr.Brett, et celui qui deviendrait traducteur au gouvernement au ministère de la justice, Inspecteur Kluzak, et moi, traducteur à la con et coordonnateur au ministère du recyclage compost et déchets à la plus con encore, avions pris l'habitude pendant quelques étés de partir en voiture aux États-Unis sans buts précis sinon d'écouler la semaine ou deux qu'on avait en vacances, en commun. En 2014, on a choisi de refaire la même chose. Les trois mêmes potes. Devenus Messieurs. 43, 43, et 42 ans respectivement. Tous papa, aussi. On a roulé une première journée jusqu'à Chicago. On y a fêté fort.

Puis, le lendemain, on s'était donné le choix entre aller à Lawrence, au Kansas ou encore à rouler vers Chanhassen, là où Prince y a construit son temple, créé sa magie, là où il mourra aussi dans deux ans, mais alors, on ne le savait pas. Et bien que c'était deux heures de moins de rouler au Nord, jusqu'au Minnesota, on ne savait pas si on aurait accès à quoi que ce soit, car il ne laissait surement pas n'importe qui s'approcher de son refuge. Qu'y avait-il à Lawrence, au Kansas ? Au 1927, Learnard Avenue ?  La maison de William S.Burroughs. Qui lui se laissait approcher par n'importe qui. Ne serais-ce que pour leur dire d'aller se faire foutre. Et Burroughs était décédé depuis 1997, alors c'était probablement de pur(e)s inconnu(e)s qui devaient y habiter en 2014.

Je vous donne l'adresse maintenant, mais on ne l'avait pas en 2014. On avait que la ville. On avait alors demandé à plusieurs personnes, trop de jeunes, qui ne savaient aucunement de qui on parlait. Jusqu'à ce qu'on trouve un homme de notre âge qui nous as révélé l'adresse et la rue. On est resté devant la modeste maison masquée par des arbres de la rue. Mais un jeune homme est venu y stationné sa voiture dans le seul espace réservé à cet effet, devant une clôture grillagée fermée. Il nous as remarqués, errer. Est venu nous voir. "You guys interested by Mr.Burroughs ?" nous as-t-il sympathiquement demandé. Il avait l'air étudiant. Et habitué des curieux. 

On a répondu par l'affirmative. Il nous as dit qu'il ne nous ferait pas entrer dans la maison car il a des co-locataires qui ne demandaient pas ça, mais qu'il nous ferait voir la cour arrière qui valait la peine selon lui. 

En effet. Il s'y trouvait un coin pour le feu où il était facile de l'imaginer tenir des sessions nocturnes de lecture de son mythique Naked Lunch dans un élan de vie imitant l'art. Un espace aussi qui avait dû être un jardin par le passé. Plusieurs tombes de chats. Une vieille Datsun abandonnée. Je ne connaissais rien aux voitures, ne connais rien encore, par choix, mais je savais que c'était une Datsun, j'ai commencé à conduire sur une Datsun 210 dans ma famille. Jaune. À 15 ans. La banane roulante. La même année que j'avais ma première relation sexuelle. Avec une femme de 37 ans. Chuttttttttttttttttttttttttttt je ne suis pas une victime! Dans la Datsun il y avait au sol la tête arrachée d'une poupée, ça nous avait paru de mauvais goût. 

Mais ce qui nous avait le plus frappé était cette dactylo abandonnée dans l'herbe du terrain mal entretenu. Il y avait des fils qui en sortait car elle était électrifiée et la nuit, illuminée. L'herbe avait poussée par dessus et un de nous avait protesté qu'on ne pouvait pas laisser ça aux intempéries comme la pluie ! Bien sur qu'on pouvait absolument tout avec Burroughs, fils d'héritiers des inventeurs de la calculatrice qui étaient aussi à la source de ce que deviendrait l'univers informatique. On ne l'a pas vu allumée car c'était en début d'après-midi, mais on aurait aimé y repasser en soirée. 

Burroughs avait toujours repoussé les frontières de la création. Les frontières de la raison. Les frontières sociale et artistiques. Chimiques. Les frontières de la justice. 

Comment avait-il fait pour $'en $ortir aprè$ avoir tiré dans le vi$age de $a conjointe, dans une $oirée compo$ée de gen$ intoxiqué$, prétendant jouer à Guillaume Tell avec une pomme $ur sa tête à elle et une arme à feu ? La réponse est dans la question. Comment avait-il fait pour se rendre de multiple$ foi$ en Thaïlande y profitant du trafic $exuel $ur les mineur$ (au ma$culin) de l'endroit ? La réponse est aussi dans la question.       

 Les gen$ riche$ $ont toujour$ protégé$. Pour les bonne$ comme pour le$ mauvai$e$ rai$on$.

William S.Burroughs rendait les gens inconfortables. 

De bonnes et de mauvaises manières.

Il était artiste rock'n roll, mais au bon endroit. 

Pas là où on prend des décisions qui ont des conséquences directes sur la vie des gens.

Je di$ ça, je di$ rien.