mardi 11 octobre 2016

Trois Très Mauvais Calculs

Le premier se passe en Suède.
le second en Colombie, mais en lien aussi avec la Suède.
Le dernier, chez nous. Aucun rapport avec la Suède.
Sinon qu'IKEA retournera à Québec bientôt.

Décembre 2015, Suède.

La formation suédoise Ace of Base a connu de très haut sommets internationaux dans la musique pop des années 90. Le groupe était alors composé de trois membres (sur 4) d'une même famille: Le grand frère Jonas, la brune Jenny et la blonde Malin Berggren.

Au début des années 2000, Malin (Lynn) sur laquelle sont plus souvent posés les projecteurs, se lasse de la célébrité et choisit de se faire plus discrète dans les clips, sur scène, avant de carrément quitter le band en 2007. On demande alors à Jenny de prendre le micro et le devant de la scène, mais l'effet n'est plus le même. Deux ans plus tard, on lui suggère de se tasser et deux nouvelles poulettes remplaceront Lynn et Jenny le temps de deux albums qui n'auront que très peu de succès.

Jenny choisit de raconter sa vie dans un livre qui se vendra beaucoup et très bien.
Un album solo a aussi été lancé avec assez peu d'impact. Un single passe inaperçu en 2011 et un autre en 2015 ne sera lancé qu'en Suède et ne fera jamais mieux qu'une 47ème position dans les palmarès locaux.

Mais sur la foi des anciens succès d'Ace of Base, on réserve Jenny pour un spectacle en décembre afin de lever des fonds pour la Cancer Charity Team Rynkeby.

Pour s'assurer que le public suivra, on annonce pas seulement Jenny Berggren sur scène, mais la bien-aimée famille royale suédoise aussi.

Les organisateurs de la soirée avaient annoncé qu'ils n'avaient besoin de vendre que 450 billets afin de faire leurs frais. On publicise la chose, assurément mal, et on lance même un album-compilation des meilleurs succès d'Ace of Base entre 1991 et 2005, à une époque où elle brille au sein du groupe.

On ne vendra que 12 billets.

12
billets.

On annule bien entendu.
Et on boit un pichet d'humilité avec le roi Suédois.

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Septembre 2016, Colombie

La Suède a offert au Président colombien Juan Manuel Santos, le Prix Nobel de la Paix, la semaine dernière. Il est à l'origine du rapprochement entre les FARC et les autorités colombiennes, et de l'accord de paix historique que l'on s'apprêtait à entériner. Pas avant d'avoir consulté la population.
Par référendum.

Mais voilà, en Colombie, voter, ce n'est pas un grand devoir urbain. C'est une affaire rurale. Seulement 38% voteront. Ils voteront sur l'accord et décideront par oui ou par non si ils veulent qu'il se ratifie. Ce sera non. Par une maigre marge. À la fois parce que les gens ont eu l'impression que les meurtriers de la FARC s'en tiraient trop facilement, à la fois parce que la grande majorité des voteurs étaient des régions rurales, principalement FARCistes, où les idées y sont toujours nées et où la base y a élu territoire.

On a donc récompensé un Nobel de la Paix pour un accord qui ne se fera pas.
En tout cas, pas tout de suite.

C'est joli la démocratie, mais fallait-il vraiment faire un référendum sur la question? Tout le monde voulait de cet accord. Même Ban Ki-moon à l'ONU.

Pas en Colombie semble-t-il.

Faudra présenter ça autrement.

Manuel Santos a au moins promis de verser le million et quelques 100 milles, reçus avec le prix, à des oeuvres caritatives.

😶😶😶😶😶😶😶😶😶

Paradis terrestre, un humoriste sur scène à un public plus ou moins attentif et blasé:
"Hey sir! how did you die?"

"Like you, on stage"

C'est Albert Brooks qui a écrit cette ligne et qui la livre sur scène dans la comédie qu'il a tourné en 1991, Defending Your Life.

Dans le film, ça se passe dans un paradis forcément fictif où on se doit de se mériter sa place. Le personnage de Brooks s'essaie comme humoriste. En vain.

C'est arrivé pour vrai, dans la vraie vie, un peu partout. Monter sur scène, convaincu qu'on fera rire, et ne pas faire rire. 

En juin dernier, la troupe de La Soirée est (Encore) Jeune, une émission de radio commentant régulièrement l'actualité de manière grinçante et volontairement comique sur les ondes de Radio-Canada, s'est produite sur scène dans la région de Québec.

Un court moment qui aura paru une éternité.

Jean-Phillipe Waultier, Jean-Sebastien Girard, Olivier Niquet et Fred Savard prennent plus que régulièrement comme cible la ville de Québec et ses habitants pour en faire une risée. Bien souvent à raison, mais aussi à tort. On verse parfois dans la facilité avec des préjugés gros comme un 18 roues. (les références à Ashton ne sont plus drôles, les gars)

Mais il faut le dire, bien souvent la ville de Québec, avec son petit maire comique et son étonnante radio au ras de pâquerettes, se ridiculise toute seule. On se contente à l'émission de Waultier et compagnie de présenter dans l'émission des extraits de réels moments de radio qui se sont déroulés dans la dernière semaine sur les ondes du 418 et on les diffuse simplement, rendant la scène extrêmement peu édifiante pour le royaume Labeaume. Avec Stéphane Gendron maintenant en ondes à Québec, on a droit à des bijoux d'imbécilité.

Mais les plus imbéciles ce printemps auront ont été Waultier, Girard, Niquet & Savard.

On ne sait trop si ce fût leur décision, ou encore celle de Radio-Canada qui leur aurait passé une commande*, mais les 4 troubadours de l'humour se sont improvisé humoristes sur scène et se sont fait conspuer de manière brutale.

L'idée était sotte.

L'humour des gars de La Soirée est (Encore) Jeune, et son succès à la radio, passe par la chimie du moment, avec invités, et la spontanéité des propos tenus en ondes entre les divers comparses. On écoute des propos cyniques, satiriques, parodiques, frisant l'arrogance et la confusion par moments et on rigole de la dynamique entre coéquipiers. Oui, on se moque beaucoup de la ville de Québec et de ses habitants. Pourquoi alors non seulement avoir choisi de les faire monter sur scène à Québec, et surtout pourquoi avoir choisi de persister et de concocter une série de blagues dans le but de ridiculiser ceux qui avaient payé leur billet dans la salle?

C'était condamné d'avance.

On aurait dû le comprendre, pas seulement dès le départ quand cette foule a ouvert le spectacle en faisant un standing ovation à Mike Ward, qui animait la soirée (La Soirée est (Encore) Jeune en était invité) mais bien avant.

Les gars se sont plantés de manières cicatrisantes.
Quand René Homier-Roy a évoqué cette soirée à Waultier la semaine dernière, il en était encore secoué.

Très mal calculé tout ça.

*Radio-Canada a peut-être forcé le quatuor à faire un numéro dans un contexte publicitaire si ils étaient producteurs du spectacle et le filmait dans le but de le présenter plus tard sur leurs ondes télé. Ce qui ne se fera assurément jamais avec les vagues créées...

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