dimanche 16 octobre 2016

Les Temps Changent

Hmm...

Bob Dylan remporte le Nobel de Littérature...

J'ai beau être le plus grand des fans de Dylan, je ne peux m'empêcher d'y voir une insulte aux écrivains du monde entier. Oui, Dylan est un écrivain. Il a écrit des livres. De bons. Ses chansons sont autant de poèmes mis en musique. Il est poète, c'est certain. Et l'attribution d'un prix, quel qu'il soit. ça se discute toujours.

Reste cette impression de nostalgie mal calibrée de la part de hippies mal dégrossi à la prostate rance.

Le Nobel de chimie ira-t-il un jour à Keith Richards? Gordon Ramsay? Le Nobel de la paix à Taylor Swift et Kathy Perry?

Les Nobels n'en sont pas à un remous près.

L'auteur argentin Jorge Luis Borges a supporté les dictatures de droite argentine et chilienne et on raconte que c'est ce qui lui aurait coûté le prix. En revanche Jean-Paul Sartre et Pablo Nureda l'ont tous deux remporté, tout en supportant ouvertement au préalable une dictature de gauche, soit celle de Staline.

La fatwa lancée contre l'auteur indiano-britannique Salman Rushdie en 1989 créé toujours des remous. Rushdie semble un candidat honorable pour le prix, et reste dans les rumeurs années après année. mais des membres de l'Académie, sans avoir le droit de préciser davantage sur le sujet, ont démissionné de leur poste en soulignant que Rushdie était au coeur de leur décision.

André Malraux est considéré dans les jeunes années 50 pour gagner le prix. Et il le mérite amplement. Il écrit alors maintenant, contrairement à ses fictions des années 20-30 et 40, presqu'exclusivement des livres sur l'art. Une information filtre que les décideurs ne voudront lui remettre le prix qu'uniquement si il revient à la fiction...comme si sa fiction passée ne comptait plus!

En 1997, le Nobel de littérature va à Dario Fo, un auteur de théâtre, oui, mais principalement un acteur et un metteur en scène italien censuré par l'Église catholique. On explique par la suite que l'avoir donné à Rushdie ou à Arthur Miller était "trop attendu et aurait été un choix trop populaire".
Idiotie. Un prix se gagne au mérite, pas au "quand-dira-t-on?".

En 2004, le prix est attribué à l'auteure autrichienne Elfriede Jelinek, femme solitaire, âpre, dont l'oeuvre se caractérise par un fond de haine permanente et un égocentrisme sombre. Elle se trouve une raison de santé pour ne pas aller chercher le prix elle-même. qu'elle préfèrerait voir entre les mains de Peter Handke, et se sent tout à fait inadéquate comme "fleur à la boutonnière de l'Autriche". Elle remercie par vidéo et se refuse à toute publicité. Knut Ahlund, démissionne de l'Académie pour protester contre le choix d'une femme, qui semblait être la trame directrice du choix en substitution au réel talent.

Les positions politiques tranchées d'Harold Pinter, Orhan Parnuk et Doris Lessing, gagnants en 2005. 2006 et 2007, ont laissé croire que l'on ne récompenserait maintenant plus que des auteurs politiquement très engagés. Jean-Michel Gustave Le Clézio gagne en 2008 en tant qu'écrivain de nouveaux départs, le sien sera très près de l'islamisme soufiste.

On qualifie les Nobels de Littérature souvent comme trop euro-centristes. La majorité des lauréats sont en effet d'Europe. Laissant des talents remarquables comme Phillip Roth ou Haruki Murakami sur le tapis.

Mais ce ne sont que des prix!
Graham Greene ou Irvine Welsh resteront toujours de grands auteurs fort intéressants.
Nobel ou pas.

Bob Dylan est immense.
Quand il mourra, on le pleurera comme Ali ou Mandela pendant longtemps.

Mais il est d'une industrie qui récompense par centaines ses artistes. Drake a été nommé dans 13 catégories (la même semaine) pour les Grammy Awards, gala récompensant les gens du monde de la musique.

13 fois...

Non seulement je lui trouve le talent discret, mais je n'arrive même pas à trouver plus de 5 catégories récompensables en musique!
Meilleure chanson
Meilleur chanteur
Meilleur chanteuse
Meilleur album
Meilleur groupe

Je ne peux aller plus loin,  meilleur vidéo, c'est plus ou moins de la musique.
C'est de la mise en marché visuelle. Presque du cinéma.

Je déborde...

...comme les Nobels ont fait avec Zimmerman.

J'adule Dylan.
Géant et inoubliable.
Mais pas Nobelisable en ce qui me concerne.

La littérature est le terrain de jeu de d'autres types de dialogues à mon avis.

Quand on peut se distinguer par des morceaux instrumentaux au quotidien, quand nos armes de scène sont fameux comme Sexton, Campbell, Garnier & Kemper, poète ou non, tu ne devrais pas être reconnu pour d'autres phrasés que des phrasés musicaux.

"Is this a joke? This gotta be a joke" a assurément dit Bob Dylan apprenant la nouvelle.


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