mardi 16 septembre 2014

Barista & Autres Indispositions Caféinées

Mayonnaise.
Cocasse.
Fripouille.
Onomatopée.
Virgule.
Casanier.
Perplexité.

Voilà quelques mots tirés de la langue française qui sonnent admirablement bien à mes oreilles. Ces mots sont autant de musique agréable que le mot bru en est laid.

Barista est ce nouveau terme qui me rend fou.
Et pourtant je le hurle 5 nuits par semaine.

Laissez-moi vous parler de ce qui a mené à l'escalade.

Mon corps ne supporte pas le café. En mai 1984, j'avais 12 ans. Un ami, Binette pour ne pas le nommer, m'avait offert un café chez lui. Comme son père et lui-même en prenait déjà un, j'ai suivi le troupeau et j'ai accepté. Je l'ai bu. Trouvant ça infect, mais par politesse, je l'ai fini.

J'ai été pris d'étourdissement et de vertiges pour le reste de la journée. Je me rappelle encore Elton John jouant sur la petite télévision de la cuisine et moi qui demandait au téléphone à mes parents de venir me chercher, car je ne filais pas.

En effet, j'allais vomir tout ce que j'avais dans le corps dans la voiture familiale, une plymouth Reliant K rouge vin ( de dehors) et de toute sorte de couleurs en dedans maintenant en raison de mon vomi. Une horreur.

"Booooon! t'as essayé l'alcool?" m'avait dit mon père.
"Non! le Café!"

Et pendant trois jours, j'allais être malade.

Pour le reste de ma vie, effet psychosomatique oblige, chaque fois que je goûterais ce petit quelque chose issu du café, je vomirais sur le champs.

À mon anniversaire, l'amoureuse, connaissant mes problèmes avec le café, avait bien pris soin de ne pas prendre de gâteau au café. Elle avait sous-estimée le petit morceau qui contenait le "Bonne Fête Hunter!" dessus et quand je l'ai avalé, j'ai dû prendre une course jusque dans l'évier où j'ai dégobillé comme un ado en pleine cuite.

En voyage avec l'amoureuse, nous discutons avec des amis en passant de l'Hôtel à un bus qui allait nous mener en croisière. Deux minutes avant, j'avais dans les mains un contenant avec du thé glacé. Je l'avais fini et je l'avais oublié. L'amoureuse me donne son café pour que je le tienne quelques instants. Elle oublie que je l'ai dans les mains, trop investie dans sa conversation avec une amie. J'oublie moi aussi que j,ai son café et ne prend une grande lapée, mon cerveau encore branché sur le thé glacé. Heureusement, nous sommes en mouvement et nous passons à quelques centimètres d'une poubelle, j'ai le réflexe de me tourner vivement vers la poubelle et d'à la fois cracher et vomir un peu ce que j'avalais. Bizarrement ça a passé complètement inaperçu et nous étions plutôt nombreux à faire le parcours entre l'hôtel et le bus. J'ai eu l'air d'un gars qui s'était étouffé et qui avait recraché une gomme.

"Embrasse-moi, Atikabeaumecw d'amour!" me demandait l'amoureuse dans l'excitation du voyage.
Le mal que je me suis donné pour lui faire comprendre devant les autres que l'intérieur de ma bouche n'était pas 100% viable...

Donc le café est inexistant dans ma vie. Et comme j'ai développé une véritable aversion pour les publicités complaisante de Tim Horton, spécialistes du café, je suis aussi plutôt sensible (dans le mauvais sens du terme) à ce qui entoure le café.

La phrase "laisse-moi finir mon café" développe pour moi une certaine intolérance.

Mais une intolérance, tolérable, Si je suis en agréable compagnie, les cafés peuvent bien s'étirer.
Là où on intolérance en rejoint une autre c'est à la radio depuis quelques temps.

Je n'aime pas la création de nouveaux mots pour en cacher d'autres.

Assistante pour vouloir dire secrétaire, réceptioniste ou coordonatrice/coordonateur.
Associés pour vouloir dire commis sous-payé travaillant trop, pour trop peu, dans une compagnie multimilliardaire.
Agent de communication pour parler d'un solliciteur téléphonique.
 et ainsi de suite.

Je comprends qu'on essai d'enlever le côté péjoratif d'un mot mais ça reste du maquillage.
C'est toujours un peu comme une compagnie qui aurait fait faillite et qui repartirais sous un autre nom avec la même gang.

Same old rats on a different ship disent les chinois.

Quand on emprunte des mots à une autre langue, il faut un maudit bon argumentaire en ce qui me concerne pour que le nouveau terme soit valide.

N'oubliez pas je suis aussi traducteur, donc c'est tout de même dans mes gênes de fouillez la chose.

JAMAIS je ne dirai "baskets" en parlant d'espadrilles (un autre beau son papillonnant) et JAMAIS je ne parlerai de "sponsor" ou de choses "sponsorisées". Ça, c,est du simple viol de la langue.

En revanche je n'ai rien contre l'utilisation d'anyway dans la langue française, de so ou de fuck.

C'est d'ailleurs What the fuck? que j'ai dit en travaillant la première fois que j'ai entendue Josiane à la radio se présenter comme Barista chez StarFuck.

Barista: terme d'origine italienne qui désigne une personne derrière un comptoir servant à la fois des expressos et des boissons alcoolisées.

Vous croyez que ces serveurs "spécialistes" sont plus payés, sous le titre barista?
Noooooooooooooooooooooooooooooooooooon!

Je hais ce mot et le hurle comme un toréador hurlerait OLÉ! au passage d'un taureau chaque fois que j'entends Josianne me parler avec un sourire franchement trop prononcé la nuit dans l'entrepôt.

BARISTA!

Comme un italien crierait BASTA! à un indésirable,
Le problème c'est que le toréador a besoin du taureau pour faire son show.
Moi je n'ai pas besoin du mot barista pour faire le mien.

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