Je me souviens des sacs de sport Adidas jaune et du beige du 902 Chemin St-Louis à Sillery quand j'étais tout petit, tout petit.
Du corridor juste avant le salon, où avant Noël, on commençait à entendre les crooners chanter sur le système de son, et dont les aiguilles de vrais sapins sentaient si bon.
Je me souviens d'avoir lu les pochettes de gruau à mes confrères et consoeurs de classe en maternelle car j'étais le seul qui savait lire. Les pochettes avaient des dessins d'animaux dessus aux côtés d'une définition de l'animal en question. Je me souviens d'Hélène D. qui se disait ma première blonde, statut avec lequel je n'étais absolument pas d'accord.
Je me souviens d'un test de Q.I. qui avait séparé 4 d'entre nous pour leur faire faire du travail plus avancé. Geneviève, Elena, Sophie et moi. J'étais gêné d'être le seul gars.
Je me souviens des rires en camping.
Je me souviens de services de garde gratuits à l'école. Le même type de service, souvent meilleur et plus généreux, qu'aujourd'hui. De nos repas dans des thermos parce que le micro-ondes faisant parti du futur imaginaire.
Je me souviens avoir vu mes parents pleurer pour la première fois. Je ne comprenais pas pourquoi on pouvait pleurer en regardant la télé.
Je me souviens de cette chatte qui, blottie derrière l'aspirateur sur le tapis dans le bureau de mon père, accouchait de 6 petits chatons. J'étais seul, mes parents étaient en panne avec la voiture quelques part et ma mère avait appelé l'ainé de la famille (moi) pour lui dire de ne pas s'alarmer de leur absence soudainement prolongée. Lui apprenant la nouvelle au téléphone de ce qui semblait être de nouveaux bébés elle me guidait
dans une cabine téléphonique, parce que les cellulaires c'était du domaine du futur imaginé, afin d'être le meilleur infirmier possible. Je réussissais à appuyer notre chatte (Honeymoon) n'éventrant qu'un seul de ses 7 chatons, le dernier, en voulant le sortir trop vite. Je devais avoir 10 ans.
Je me souviens vaguement ma grand-mère maternelle, cette année-là, peut-être la suivante, que l'on retrouvait morte chez elle. J'avais été incapable de verser une larme et ça m'avait un peu ébranlé. Étais-je incapable de sentir de la peine à l'égard des autres? Et pourtant de la peine j'en avais (en aurais aussi) beaucoup. De voir mes parents si effondrés entre autres. Je devais me dire qu'il fallait qu'un d'entre nous soit fort. Je ne sais pas. Je me souviens mes soeurs qui m'en voulaient de ne pas avoir pleuré. Nous n'avions connu qu'un seul grand-parent, celle-ci, les trois autres ayant trépassé quand nous étions bébés. Je me souviens avoir souhaité souvent une relation avec une autre génération, qui chez nous n'a jamais totalement existé. Cette grand maman aurait très certainement été fière de moi car nous avons sensiblement les mêmes destins de gens de lettres.
(J'ai été dans le journal moi aussi pour ma plume Bella, cette dernière tout à fait au centre sur la photo)
Je me souviens de notre meilleure gardienne, la bibliothèque St-Sacrement, merci des milliards de fois à mes parents de nous y avoir logé aussi souvent que le gardiennage l'obligeait. Nous en sommes riches aujourd'hui grâce à cet éclair de génie.
Je me souviens avoir stupéfait mes parents en leur faisant part que je souhaitais quitter le collège qui avait vu passer René Lévesque (Je côtoyais alors Pierre-François Legendre et Raymond Fillion). Quand mes parents ont refusé, je me suis organisé pour m'en faire renvoyer.
Je me souviens de Tom Bailey et de sa femme Allannah Currie, deux nains, qui m'avaient regardé patiner et lancer des rondelles dans le but, seul sur la glace un matin vers 7h00, alors qu'eux allaient faire un spectacle en soirée à l'anneau de glace derrière l'aréna avec leur band.
Je me souviens de la belle vie de secondaire 3 à secondaire 5. De Marie-Claude Savard dans l'autobus 16, petit bout de femme dont j'aimais le visage, la bouche et les yeux. Je ne lui ai jamais parlé, je l'ai toujours désirée en secret du fond de l'autobus. Je me souviens des tous les gens que j'ai cotoyé dans cette école incluant la dizaine qu'on voit à la télévision maintenant. Ces gens sont encore mes grands amis aujourd'hui.
Je me souviens de la cigarette après l'amour à 15 ans.
Je me souviens de Patrick Poulin, mon ailier gauche qui a brièvement joué dans la LNH, dont un peu avec les canadiens.
Je me souviens de la dernière année où j'ai joué au hockey, où j'avais préparé toute l'année d'avant ma retraite et surtout la manière que je l'annoncerais à mon père qui prenait tout ça à coeur beaucoup plus que moi. Il n'avait pas réagit mais je savais qu'il pleurait par en dedans. Ce qui l'a vraiment étonné c'est que je ne foule pas la patinoire pendant les 15 années suivantes sans regrets.
Je me souviens du silence qui a suivi l'annonce que je faisais à mes parents et à mes soeurs que j'appliquais à trois universités à l'extérieur du 418.
Je me souviens Sherbrooke, Sherby Brooke, et les vingt livres d'alcool et de mauvaise nutrition que j'ai aussitôt pris et jamais vraiment perdues.
Je me souviens Montréal et la belle de Québec aux beaux yeux verts aux milliards de cils que j'ai entrainé dans la grand' ville jusqu'à ce jour.
Je me souviens de Expos et de la mort des Nordiques. Je me souviens de la mort du baseball à Montréal en 1994 et de la mort du hockey l'an dernier.
Je ne me souviens plus rien des années 90 où les illusions se sont brisées lourdement, une à une.
Je me souviens le 10 juillet 1999, Monkee. L'un des plus beaux jours de ma vie.
Je me souviens du prix de l'essence ce jour-là qui était (est pire maintenant) totalement indécent: 69 cents.
Je me souviens le 2 juin 2003, Punkee, un autre moment magique. Intense comme on l'est tous les deux.
Je me souviens un voyage à Cuba en famille avec un mercredi parfait où nous avions tous les 4 nagé* avec les dauphins et avions presque pleuré de bonheur sous le soleil dans la catamaran en se croyant au paradis.
Je me souviens la vie mais la mort aussi.
Celle innatendue de Daddy il y a deux ans.
De ce réflexe aussi de paraitre fort. De l'avoir été.
D'un long brouillard d'au moins 10 mois.
Je me souviens de Walt Disney et de croisière en gang.
Je me souviendrai du 11/11/11 où je n'aurai jamais eu la barbe aussi longue de ma vie.
Une barbe poivre et sel, hihihi...
On se souvient bien de ce que l'on veut le jour du souvenir.
*Punkee revenant plus vite que les autres à la berge, terrorisée par les braves bêtes.
1 commentaire:
Merci pour ce texte, touchant, juste ce qu'il faut de nostalgie pour dénouer les vieux cordons, c'est beau, beau, beau et j'aime assez ta version du jour du souvenir.
Publier un commentaire