"Si vous ne quittez pas le parc, des chefs de grandes entreprises vous offriront des emplois, je répète, ils-vous-offriront-des-emplois!"
C'est Pierre Brassard qui criait cette phrase hilarante dans un porte-voix, caricature diffusée sur les ondes radios le week-end dernier. Dans le cynisme, il y avait l'idée que les gens qui campaient au centre-ville étaient tous des gens sans-emplois. Peut-être était-ce le cas pour certains. Si la grande majorité passait ses journées sur place, c'est qu'il n'y avait pas d'employeur qui les attendait ailleurs.
Tel que je l'avais suggéré à Mauvaise Moumoute Labeaume, le temps (lire la météo) aura raison d'eux. Il a fait des froids sybériens cette semaine. Des froids endurables pour celui qui abrite une maison, mais pour celui qui vit, respire et couche dedans, c'est un froid digne de la Russie de Limonov. Ce froid entre dans les os et il pique sans arrêt la moëlle. Paralyse les gens. Il force les gens à vivre fermés sur eux-même. Les bras croisés qui tentent de réchauffer le upper-body.
(...)
"...fermés sur eux-même..."
Dans toute micro-société, il y a danger que les regards ne s'arrêttent pas plus loin que celui du troupeau. Ça avait commencé dans le bonheur le mouvement des indignés. On avait vraiment des gens de tous les milieux, de toutes les générations, de toutes les classes sociales. Mais ça n'a pas duré longtemps. Ça ne pouvait pas durer longtemps. Aucune organisation ne fonctionne sans structure, aussi noble soit-elle. Et la structure se bâtissait comme un oiseau fait son nid, brindille par brindille, à la dure, en groupe. Les leaders se sont imposés, d'autres ont choisit de quitter, jugeant que les leaders faisaient fausse route. D'autres se sont rajoutés, trouvant qu'au contraire les idées des leaders leur étaient sympathiques. Ça commençait à ressembler à une petite démocracie. Pour les ittinérants c'était même devenu la paradis. Un paradis tronqué car, ils sont considérés comme "indésirables" et certains ne se prévalent plus des soins psychiatriques et aux médicaments auquels ils avaient droit. On veut chasser les gens mentalement fragiles....mais qui portent les diagnostics?...Il y a des infirmiers et des travailleurs sociaux qui font du beau travail sur place. Mais de toute évidence, y a de la grenade dégoupillée sur le champs de bataille. Et n'est-ce pas un peu ironique de voir des gens se disent "discriminés", discriminer eux-mêmes?... C'est quoi le % des ses pauvres indésirables dans le 99%?
Ça ressemble à Lost. Dans la série télé, de parfaits inconnus survivent à un accident d'avion et doivent se composer des méthodes de survie sur une île. Bien souvent c'est la foire entre les individus où chacun tire sur ce qu'il considère sa part de la couverture. Y a du tiraillement, des morts, de l'anarchie.
Les indignés ont eu tout ça. L'île pour les indignés était idéologique. Il fallait parler du même sable afin de pouvoir le mettre dans l'engrenage du dit 1%. Mais voilà, cette semaine, on a senti la chute, vu les indices de ratés.
Un leader qui scande un phrase comme "Nous ne consommerons pas de drogues!" et le troupeau qui répète la phrase me fait plus penser à un groupe d'intoxiqués qui tentent de s'en sortir plutôt qu'à un groupe sérieusement en guerre contre le capitalisme. Excédés par les problèmes d'itinérance et de toxicomanie, des occupants de la première heure ont annoncé qu'ils partaient, de plein gré, estimant perdre leur temps à gérer des crises quotidiennes. J'ai l'impression que le confort de leur chez-soi sera tout aussi apprécié parce que ces froids matins récemment, nous on les endure une minute, une minute et demie à la fois, le temps de se rendre à la voiture mais eux...ils trempent dedans en tout temps.
L'indignation aura eu une date de préremption. Mais que voulaient ces gens précisément? Ça n'aura jamais été clair. Une jeune fille disait jeudi matin "venez nous soutenir pour tout ce que l'on a fait depuis 6 semaines..." Qu'avez vous fait au juste?
En Russie, dans le Parti National-Bolchévique, le PNB, on qualifie les opportunistes sans idéologie claire "la peste orange brune". Étais-ce que nous avions sous les yeux? Une sauce à poutine?
Si vous demandez aux différents maires aux prises avec ses campeurs improvisés, la réponse elle, est claire.
Oui, il s'agit d'une peste.
Si ça peut les consoler, la peste aujourd'hui, se soigne.
Maintenant quoi?
Où?
Comment?
"nous sommes le 99%?"
Qui sommes nous?
La marmite bouille ou est-elle rangée sous le comptoir?
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