mardi 29 novembre 2011

Henry Kenneth Alfred Russell (1927-2011)

Ken Russell est né à Southampton en Angleterre.

Ayant un père violent, sa mère et lui fuyaient la colérique maisonnée pour aller voir des films.

Après un passage scolaire sans histoires et un service militaire dans la Royal Air Force et la marine marchande, il se décroche facilement un emploi comme photographe documentaire pour différents journaux. Le jeune Russell à un oeil très artistique et ce sera payant pour lui. Il a aussi une bonne oreille et un inconditionnel fan de musique, classique principalement. De la photo, il passe naturellement à la caméra vidéo et tourne de petits documentaires. Il fait beaucoup de photo et de petits films documentaire jusqu'au début des années 60, il a alors 33 ans. Engagé par la BBC afin de réaliser des documentaires sur l'art, il se spécialisera dans la biographie (rêvée inspirée du réèl) de grands compositeurs de musique classique. Il tournera les vies et l'oeuvre, selon ses yeux et ses oreilles, d'Edward Elgar, Claude DeBussy, Fréderick Delius, Eric Fenby, Richard Strauss et celle de la grande danseuse Isadora Duncan.
Très tôt extrèmement controversé, il collectionnera les ennemis avec le temps. Fasciné par le triumvirat, sexe, violence, église il jonglera avec ses trois thèmes en le trempant toujours dans la musique, qu'il adore aussi. La famille de Richard Strauss force un banissement de son film Dance of the Seven Veils car il associe Strauss aux nazis et à la torture des juifs. La famille finalement accepte une rare diffusion à condition d'une mise en garde avant le générique d'ouverture.  

On penche alors les yeux sur le réalisateur, qui aura son premier passeport pour le cinéma. Parmi ses admirateurs au début des années 60, Stanley Kubrick. Ce dernier lui empruntera d'ailleurs ses décors pour son film Barry Lyndon. Russell devient un leader dans la réalisation artistique des films de la BBC et le reste même si son premier film, un remake de ...Et Dieu Créa La Femme de Roger Vadim fait patate en salle en 1963.

C'est en 1969 qu'il obtient une reconnaissance internationale avec Women In Love. Le film, une adaptation d'une nouvelle de D.H.Lawrence, raconte l'histoire de deux soeurs en Angleterre tout juste après la Première Grande Guerre Mondiale. Il fait entre autre sensation en brisant un tabou montrant une scène rare dans le cinéma de l'époque. Le film met en vedette Glenda Jackson, Jennie Linden, Oliver Reed et Alan Bates. Il sera nominé 4 fois aux oscars et Jackson gagnera la statuette de la meilleure actrice. Le film gagnera aussi le Golden Globe du meilleur film étranger. Shirley Ann, sa femme, avec laquelle il collaborera au cours des années 70, rafle aussi des prix pour les costumes. La carrière de Russell est lancée partout dans le monde.
Il fait alors un sujet plus personnel sur Gustav Mahler qui est un gros succès public.Puis, frondeur et quittant la BBC, il sème la panique avec The Devils dès 1971. Les producteurs des États-Unis, jusqu'à ce jour refuse toujours de mettre sur le marché le film retouché au montage et les critiques condamnent l'obscénité du contenu jusqu'à en venir aux coups avec le réalisateur. The Boyfriend met en vedette la mannequin Twiggy la même année et est un gros succès en Angleterre mais un bide pour l'Amérique. Il finance lui-même le film suivant puis obtient un autre rare succès de Box-office encore grâce à Malher (et Robert Powell).

En 1975, il atteint le sommet de sa popularité avec l'adaptation de l'opéra-rock de la formation The Who: Tommy. La même année il lance aussi un autre film musical mettant en vedette Roger Daltrey, la vie du compositeur Franz Listz et la musique de Rick Wakeman. Le film est aussi un giagntesque hit en Europe. Les deux films sont importants alors qu'on introduit le son Dolby dans les salles de cinéma du monde entier. Le matériel des deux films en est un test (réussi) important pour le spectateur.

Valentino, lancé en 1977, est un hit en Europe, pas en Amérique. Russell choisit donc d'aller tourner son prochain film aux États-Unis. Le film est un succès mitigé et il en vient aux coups sur le plateau avec l'auteur Paddy Chayefsky. Ceci le mettera sur la liste noire d'Hollywood. Il tourne quand même aux États-Unis quatre ans plus tard mais son film est un désastre public et critique.
Il choisit alors de diriger des opéras, de tourner un film plus underground encore*, de refaire de la télévision, de tourner une vignette dans le collectif Aria et de verser dans l'horreur.

On n'attend plus de succès de la part de Russell mais il est une valeur sûre pour la télévision dans lequel il trempe toujours. Son nom refait surface en 1991, puisque partagé avec sa star principale, mais aussi parce que son film Whore est coté pour 17 ans et plus et on refuse d'en prononcer son titre aux États-Unis. Ceci rend Russell furieux car il voit Pretty Woman coté "pour tous" alors que ce film glorifie la prostitution et que lui prétend montrer la prostitution sous un tel mauvais angle que les jeunes femmes n'en serait pas tentées par la pratique.
Indépendant de fortune, il finance désormais la plupart de ses projets, des projets artistiques, à son goût, quelques fois pour la BBC.

En plus de réaliser, de produire, d'écrire des films, il expose ses photos, publie 6 nouvelles, dont 4 sur la vie sexuelle des grands compositeurs;  Il apparait brièvement dans le reality show Celebrity Big Brother et a une tribune dans le Times britannique dans la section Times 2 des films.

Il s'est éteint, plus calmement qu'il aura vécu, à l'âge de 84 ans, dimanche dernier.    

*Film mettant en vedette la néo-Brunswickoise élevée à Montréal Myriam Cyr et dont la soeur est bien connue chez nous.

3 commentaires:

Cybèle a dit...

Ken Russell, mon cinéaste fétiche des années 70. Vous avez oublié de mentionner son film le plus important à mes yeux : La Symphonie pathétique (Music Lovers). Ce film m'a littéralement jeté par terre.

Néanmoins cela n'empêche pas que j'ai aimé votre billet. Je n'avais jamais entendu parler de Savage Messiah et de NESSUN DORMA.

Jones a dit...

The Music Lovers est le premier hyperlien sous le nom de Gustav Mahler:)

Cybèle a dit...

Houps! Je suis tout gêné, veuillez m'excuser.
Alors, en fin de compte, votre billet est parfait! :)