lundi 12 juillet 2010
Rose de Tokyo
La belle avait succombé à la fatigue occasionnée par la soirée de la veille.
Supertramp avec les mousses sur les plaines c'étais déjà beaucoup, aujourd'hui elle passait son tour et marinait toute la journée dans la spa paternel avec Punkee & Monkee. De toute façon Arcade Fire ce n'étais pas sa tasse de thé.
Je faisais donc cavalier seul sur les Plaines d'Abraham.
En totale errance sur les plaines par une journée mi-figue beaucoup-de-raisins je me balladais Ipod en l'oreille. Scrutant les belles du moments. Il y a tant de baby boomers et de retraités à Québec que lorsque l'on croise une jeune fille on en reste toujours étonné. Et à Québec elles sont particulièrement jolies. Guidé par le rythme de dedans mes oreilles, je m'approchais sans trop le remarquer de la scène qui allait accueillir la gang des frères Butler en soirée. Ça m'a fait réaliser qu'il existait un autre duo de frères Butler que j'aimais tout particulièrement.
Les plaines d'Abraham semblent commander l'exposition du mollet. Chez l'homme comme chez la femme. Mes yeux se perdaient donc occasionnellement sur les jambes dénudées à gauche et à droite. Celles des femmes car celles de hommes me laissent totalement indifférent. Je crois que la libido de l'auteur que je lis actuellement m'atteins tout à coup.
Mon attention a soudainement été portée sur des jambes rosées de collants. Je ne sais trop comment je me suis retrouvé là mais à vagabonder comme je le faisais je me suis retrouvé derrière la scène. Peut-être avais-je l'air d'un technicien, peut-être avais-je l'air du membre d'un groupe de musique mais bref, personne ne m'a arrêté et je me suis retrouvé face-à-face avec Régine Chassagne que je surprenais justement à se débarrasser de ses collants.
La pudeur m'a commandé de détourner mon regard instinctivement mais ma nature humaine a aussi regardé cette splendide demoiselle qui se croyait cachée derrière la scène.
"T'es venu te rincer l'oeil?" M'a-t-elle dit gentiment.
"Hein?" ai-je feins en laissant croire que mon Ipod avait enterré ses propos. De toute façon avec mes verres fumés, elle ne pouvait pas savoir où mes yeux s'étaient posés.
Elle prit son accordéon comme un bouclier et me demanda:
"Qu'es-ce que t'écoutes?"
"Vous" Ai-je menti.
"Tu viens pas nous voir ce soir?"
"Oui, je me mets dans le mood".
Faux en la regardant dans sa belle robe ponctuée de fleurs d'Asie je me mettais in the mood for luuuuuuuuuuuuuv
Elle joua quelques notes de son accordéon, j'ai cru reconnaître les mesures d'orgues d'Intervention. Mais peut-être pas non plus.
On est resté comme ça tout les deux, à se regarder longuement. Elle plongée dans ce que ses mesures lui inspirait, moi, plongé dans des idées perverses et sans classe. Je crois alors avoir rougi mais j'ai tant bronzé cet été que ça n'a pas dû paraitre. J'en avais oublié que j'étais devenu blond. Ce qui fait que quand un gars du staff a dit "Who's the blond guy?" je n'ai pas tout de suite compris que c'étais de moi qu'il parlait. Régine a réagi.
"No, it's okay, he's a friend"
J'ai souri, surement rougi aussi, mais au fond de moi-même les mots "a friend" fondaient sur mon coeur comme du sucre mou dans le plafond de la bouche. Avec le même confort.
Elle joua encore quelques mesures qui m'étaient finalement 100% inconnues. Elle chante comme une casserole mais c'est une bonne multi-instrumentiste. Son statut d'artiste oblige de la séduction en permanence. Si elle me cruisait, j'étais 100% sous le charme.
Mais ça se jouait dans ma tête tout ça.
Après un long moment où je ne faisais qu'être en extase devant une fille qui me rendait tout chose. Je finis par me trouver ridicule, qu'est-ce que j'attendais à la regarder comme ça, la perversité caché derrière des lunettes fumées? Elle me décocha le plus agréable des sourires avant de remonter sur scène pour le test de son.
Je suis resté derrière la scène. Peut-être à la fois pour digérer le moment, à la fois pour légitimiser ma présence sur place. Personne ne m'avait dit de quitter les lieux.
J'ai finalement retraité vers un pub tenu par un ami Irlandais. J'ai trinqué dans le silence en ne confiant rien à personne.
Je lisais Haïti, je croisais l'Haïtienne, rafraichissante comme une rose de Tokyo, je buvais l'Irlande.
Du soleil dans l'oeil. Un soleil de nuit que je retrouverais plus tard.
Mon Ipod avait eu le culot de me jouer Beta Band dans les oreilles sur le chemin de la scène au Pub.
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