mardi 13 juillet 2010

Le Dieu du Reggae


Il est né deux jours après le jour de mon anniversaire.

Il est mort le même jour où je mourrai (à peu près, selon mes calculs scientifiques de longeivité).

Bob Marley est né d'une mère noire jamaïcaine âgée de 18 ans, et d'un père blanc d'origine anglaise, superviseur à cheval des travaux des champs et âgé d'une cinquantaine d'années qu'il n'a que très peu connu. les courses. Sa mère reprend la garde de son enfant.

À l'adolescence, Bob Marley quitte la misère de la campagne pour une autre, celle du ghetto de Trenchtown à Kingston. Il y fait des rencontres déterminantes. Neville Livingston dit Bunny Wailer et Winston Hubert McIntosh dit Peter Tosh, avec qui il chante des cantiques et des succès de soul américaine qu'ils entendent sur les radios de Miami.

En 1963, il forme avec Junior Braithwaite, Peter Tosh et Bunny Wailer le groupe vocal The Wailers (les gémisseurs). Ils obtiennent un contrat avec Studio One en 1964 et leurs premiers morceaux de ska, gospel, rhythm and blues et soul sont produits par le grand producteur local Clement « Sir Coxsone » Dodd, qui a pour assistant en studio Lee « Scratch » Perry (Scratch assure aussi la promotion). Lee « Scratch » Perry, autre rencontre capitale.

Après son mariage avec Rita Anderson début 1966, Bob Marley part rejoindre sa mère, remariée avec un Jamaïcain nommé Booker au Delaware aux É.-U. Bob travaille à l'hôtel Dupont, mais continue à écrire des chansons. À son retour après l'été 1966, il s'intéresse de plus en plus au mouvement rastafari, qui a émergé dans les années 1930 en Jamaïque, et fonde avec Peter Tosh et Bunny Livingston le label indépendant Wail'n Soul'm. Ils autoproduisent leur premier titre dans le nouveau style rocksteady.

À Kingston, c'est Mortimer Planno, un rasta jamaïcain d'origine cubaine qui a voyagé en Éthiopie qui lui transmet une partie de sa culture rasta. Sans le soutien d'un distributeur professionnel, ses disques se vendent très mal, et Bob Marley est trop pauvre pour vivre en ville avec sa femme Rita et ses deux enfants Cedella (du nom de sa mère) et Ziggy.

Il retourne dans son village natal en 1967 pour un ressourcement spirituel, mais continue à enregistrer et à publier nombre de 45 tours obscurs pour sa petite étiquette Wail'n Soul'm qui sortent sous le nom de Bob Marley & the Wailers.

Rita, Bob Marley et Peter Tosh rencontrent en janvier 1968 le chanteur américain Johnny Nash, qui est décidé à lancer le style rocksteady aux États-Unis, et son manager Danny Sims, avec qui ils signent un contrat international exclusif pour les disques et éditions JAD. Bob Marley leur fournit quantité de compositions inédites. Bob Marley écrit parallèlement son premier morceau rasta. Quelques producteurs locaux se succèdent, mais le trio vocal n'a plus aucun succès depuis la création de sa propre étiquette. JAD les laisse tomber.

Sans ressources, Bob Marley repart aux États-Unis rejoindre sa mère en 1969. Il travaille plusieurs mois de nuit dans une usine automobile Chrysler. Sa femme et ses jeunes enfants les rejoignent. Il fonde les disques Tuff Gong. Mais les disques indépendants Tuff Gong n'ont toujours aucun succès. Marley va voir son vieil ami Lee « Scratch » Perry qui, fin 1969, est allé chanter en Angleterre accompagné de collaborateurs de Marley sous le nom des Upsetters. Perry a obtenu un succès anglais et accepte de produire le trio vocal Bob Marley & the Wailers. Ils collaboreront jusqu'en 1978. Perry donne une nouvelle couleur au groupe, qui enregistre plusieurs chefs-d'œuvre avec lui. Il réunira certains de ces 45 tours sur l'album Soul Rebels sorti en Angleterre en 1973.

Toujours sans succès, Bob Marley & the Wailers gravent une dizaine de chansons avec l'équipe de musiciens de Leslie Kong, un producteur jamaïcain. Kong avait déjà produit les deux premiers 45 tours solo de Bob Marley en 1962. Kong a du succès en Angleterre grâce à un son professionnel capable de percer sur le marché britannique.

Bunny Wailer, superstitieux, pense que leur « meilleur » est encore à venir et lui lance une malédiction. Leslie Kong décède peu après d'une crise cardiaque, et le trio ne touche plus aucun argent.

Malgré la qualité de leur travail prolifique, ils n'ont aucun succès local. Marley va travailler pour le chanteur Johnny Nash en Angleterre et en Suède. Il travaille comme un forcené. Il a déjà contribué à au moins 350 morceaux enregistrés en studio (dont une trentaine environ en tant que choriste), dont une grande partie ne seront révélés au public international que très tardivement, bien après sa mort.

En 1973, après une tournée anglaise Bunny Wailer quitte le groupe, puis c'est Peter Tosh qui s'en va, laissant Bob à sa carrière solo. Bob Marley rencontre Eric Clapton en Jamaïque et celui-ci reprend l'une de ses chansons l'année suivante qui sera gage de succès et contribuera à la vague du reggae en Occident.

Son premier album dans lequel il incorpore une influence blues avec le guitariste américain Al Anderson fait tourner les têtes et les oreilles. Un autre guitariste soliste américain, Junior Marvin, est ensuite engagé. Suivront le « Live! » enregistré l'été 1975 à Londres, qui contient son premier succès international dans lequel il console une femme affectée par la violence des ghettos, puis l'album Rastaman Vibration en 1976 qui sera le disque de Bob Marley le plus vendu de son vivant, et son premier succès Étatsunien.

Le 3 décembre 1976 à Kingston, peu avant le grand concert en plein air Smile Jamaica, Bob Marley échappe à une fusillade déclenchée à son domicile par six hommes armés. Il reçoit une balle dans le bras, une dans la poitrine et cinq dans la cuisse tandis qu'une autre touche Rita à la tête mais sans la tuer (elle s'en sort miraculeusement). Don Taylor, leur manager des États-Unis, en sort très gravement blessé de six balles. Parmi les agresseurs, des membres des Wailers reconnaissent Jim Brown, un tueur proche du parti de droite pro-américain, le JLP. Deux jours après l'attentat, Bob Marley participe comme prévu mais courageusement au concert Smile Jamaica à Kingston.

Bob montre ses bandages à la foule. Il ne se sent plus en sécurité en Jamaïque et part en exil en janvier 1977. Il fait escale à Nassau, puis se réfugie à Londres. Il y enregistre les albums à succès Exodus et Kaya ainsi que le single Punky Reggae Party avec Lee Scratch Perry, qui scelle un pacte rebelle avec le mouvement punk anglais en plein essor. Sa relation avec la Jamaïquaine Cindy Breakspeare, Miss Monde 1976, contribue à le projeter à la une des médias.

En mai 1977, une blessure au gros orteil faite en jouant au football s'ouvre lors d'un match amical à l'hôtel Hilton de Paris. Le médecin lui suggère des analyses. Le diagnostic est réalisé à Londres : Bob Marley souffre d'un mélanome malin (maladie de la peau qui ne représente que 4% des cancers mais qui de tous, est la plus dangereuses), sans doute dû à une trop longue exposition au soleil. On lui prescrit une amputation urgente de l'orteil, mais un mélange de superstition de son entourage (la religion Rastafari interdit toute amputation) et de pression en pleine tournée européenne où il rencontre enfin son public contribuent à retarder l'opération.

En avril 1978, Bob Marley & the Wailers font un retour triomphal en Jamaïque. Lors du One Love Peace Concert, Bob parvient à réunir sur scène les deux ennemis politiques qui se disputent le pouvoir, Edward Seaga (JLP) et le Premier Ministre Michael Manley (PNP). C'est le sommet de sa carrière. Les succès se multiplient. Ils vont jouer jusqu'en Nouvelle-Zélande, où ils sont accueillis chaleureusement par les Māori.

En 1980, après une perte de connaissance lors d'un jogging à Central Park à New York, Bob Marley passe un examen aux rayons X où l'on découvre cinq tumeurs, trois au cerveau, une aux poumons et une à l'estomac. Il ne dit rien à son entourage et continue ses tournées. Il joue un dernier concert enregistré à Pittsburgh, le 23 septembre. Bob Marley part ensuite pour une clinique de Bavière où il suit un traitement original avec un médecin allemand, qui prolonge sa vie au prix de dures souffrances. Le cancer se généralise.

À la fin de sa vie, Bob Marley se convertit à l'Église orthodoxe éthiopienne, dont la plus haute autorité était feu l'empereur d'Éthiopie Hailé Sélassié Ier (Jah Live), considéré par les rastas comme étant la réincarnation de Jésus annoncée dans l'Apocalypse (« le roi des rois, seigneur des seigneurs »). Il souhaitait finir ses jours en Jamaïque mais décède à Miami le 11 mai 1981, trop faible pour faire le voyage en avion jusqu'à Kingston.

Bob Marley a rencontré de son vivant un succès mondial, et reste à ce jour le musicien le plus connu et le plus vénéré du reggae, tout en étant considéré comme celui qui a permis à la musique jamaïcaine et au mouvement rastafari de connaître une audience planétaire. Bob Marley a vendu plus de 200 millions de disques à travers le monde (il est le plus gros vendeur de disques reggae de l'histoire).

Miroir de l'esprit rebelle des peuples opprimés, héros, exemple et modèle à la fois, Bob Marley est considéré par plusieurs générations déjà comme le porte-parole défunt mais privilégié des défavorisés.

Encore aujourd'hui on le vénère.

Dans le ridicule comme dans ce qui se fait de mieux.

Bob était le roi-soleil.

1 commentaire:

Unknown a dit...

Bob marley le plus grand fumeur de weed du monde entier consommateur compulsif ! xd