jeudi 15 juillet 2010

De la Grâce Sous Pression

C'était en 1986.

Nous avions 15 ans. Marillion venait dans la capitale. En première partie de la formation Rush mais, Fish, Steve Rothery et les autres allaient être chez nous, dans le colisée des Nordiques, un soir de mars. Le 3. Un lundi.

Nous étions 5, deux couples et une amie. Pas certain que nous étions complètement à jeun. Ça m'étonnerait beaucoup même.

Fish s'est pointé sur la scène avec sa jupe écossaise. Les filles ont trouvé ça sexy et ont tenté de voir si il portait la culotte en dessous toute la soirée. Nous on trouvait ça gai.

Peu importe leur musique passait sous nos pieds, nous soulevait et nous transportais au-dessus de la foule. Toujours relativement dispersée sur le plancher du Colisée. Chaque artiste qui passait par chez nous avait toujours l'air de se faire chier. Ils regardaient la faible présence dans la foule et finissaient par livrer une performance bancale. Rod Stewart avait dit qu'il n'avait jamais eu l'intention d'être sur scène que c'étais son gérant qui lui avait tordu un bras. Billy Idol avait fait un doigt d'honneur à la foule. The Cult avait choisi de passer sa frustration en démolissant de toute pièce leur batterie.

Mais Marillion avait livré la marchandise devant nos yeux et nos oreilles émerveillés. La théâtralité, le rhytme, l'émotion, deux des trois filles en pleurait. Nous étions trops machos pour se laisser aller nous-même mais les larmes n'étaient pas loin. Et c'était si bon de les tenir dans nos bras pour les consoler.

La petite heure de musique était si parfaite que quand Rush est entré en scène par la suite, on est même pas resté. Dès la troisième chanson, on est parti.Chez l'amie qui ne faisait pas de couple avec personne. Nos billets nous avaient coûtés un gros 16,95$ mais on en avait eu suffisament pour voyager mentalement encore longtemps. Et Rush nous amenait ailleurs. Là où...bof...là où ne calibrait pas beaucoup.


Dans le sous-sol de la rousse Baillargeon les couples avaient fait des concours de french pendant que Baillargeon s'éternisait volontairement sur du punch en haut avec l'alcool de ses parents avant de devenir DJ officielle de la soirée pour tromper l'ennui en mettant des morceaux de Marillion par dessus le bruit de nos baisers.

Neil Pearth, Geddy Lee & Alex Lifeson ont été laissé sur le driveway un peu injustement. Sacrifiés à l'autel de la jeunesse effrontée.

Ce soir les trois musiciens de Willowdale en Ontario, dont l'amitié a survécu aux époques (contrairement à Marillion ou à Baillargeon et mes trois autres potes de toute façon) se donneront en performance au Festival d'été de Québec.

Nous y serons.

Moi et ma culpabilité d'antan.
Afin de rendre justice à ses géants Canadiens.

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